Hot! Idrissa Diallo

Idrissa Diallo

J’ai rencontré Idrissa Diallo, il y’a maintenant un an et demi de ça. Galeriste du Village des Arts de Dakar, nous avions échangés à maintes reprises, sur l’art et la culture au Sénégal. Aujourd’hui, en cette belle après midi de Février, de passage au Village des arts, je décide de l’interviewer. Curieuse de connaitre l’histoire de cet homme, qui depuis plus de dix ans, accompagne les artistes du Village…

« Je m’appelle Idrissa Diallo, je suis ici au village des arts. C’est moi qui m’occupe de la Galerie du Village et de pas mal d’autres choses aussi… »

Idrissa est modeste. Au-delà, du faite, qu’il continue à orchestrer la vie de la Galerie, année après année ; c’est aussi lui qui accompagne les artistes dans leurs quotidiens. Il vit avec eux. Et croyez moi, ce n’est pas chose aisé. Idrissa travaillait dans un cabinet de contrôle et d’engineering, il découvre la peinture grâce à Mamadou Dia, artiste. Bientôt, il quitte son emploi pour rejoindre la famille, du V des Arts. Il a appris à apprécier et respecter l’univers de chacun d’entres eux.

Quand le galeriste a besoin d’un artiste et qu’arrive à la porte de son atelier, il le voit entrain de peindre ; Idrissa repart doucement pour ne pas déranger l’esthète. « Je retourne sans pour autant qu’il sache, que j’étais venu le voir. Parce qu’à ce moment là, il avait le bras tendu vers la toile, pinceau en main. En faisant irruption, vous interrompez quelque chose, qu’il ne pourra plus jamais refaire. Il faut juste comprendre la chose comme ça. »

Dans un environnement, ou un espace comme le village où il y’a plus de 50 artistes, il y’a un comportement, une attitude à avoir. Malheureusement, selon Idrissa aujourd’hui, les gens ne maîtrisent pas ce concept. « Un artiste n’est pas un boulanger. L’artiste, c’est autre chose. » L’artiste peut rester longtemps sans produire. Il a besoin de s’imprégner de son environnement, pour ensuite construire sa réflexion. Le processus de création viendra ensuite.  « Parce qu’un artiste fonctionne comme çà ! Mais on est dans un pays ou tous ce disent artistes.» Pour Idrissa, nous sommes entrain de décrédibiliser ce statut. « Entre artistes, ils savent qui l’est et qui ne l’est pas. »

Un artiste pour Idrissa Diallo, c’est un homme avec des préoccupations, et un comportement. Un artiste se lève le matin, il vient dans son atelier et travail. Le travail qu’il est entrain de faire, personne ne lui a commandé. Il éprouve un besoin d’expression. Son plaisir c’est ca ! Sortir ce qu’il a au fond de lui et qu’il le partager avec les gens. « J’ai souvent dis… que je n’ai pas la prétention de vendre une œuvre d’art. Parce qu’une œuvre se vend toute seule. Je n’ai aucune prétention de vendre quoique se soit ! » Quand tu vois une œuvre interpelle, c’est une historie de sentiments et de sensations.  L’artiste sort quelque chose qu’il a au fond de lui. Souvent on ne peut pas dire pourquoi celle là, nous plait. C’est comme quand on tombe amoureux. Il n’y a rien de rationnel, finit-il par ajouter. C’est ca !  Une histoire d’amour, qui peut faire mal, déranger, où rendre inconfortable, ou au contraire, rendre euphorique, heureux etc…

Le galeriste revient maintenant, sur un des freins au développement des artistes et plus globalement du milieu de la culture au Sénégal. Son constat est le suivant ; la culture, est à l’image du Sénégal, désorganisée.  «On ne peut plus vivre comme çà! Si les artistes veulent qu’on les prenne au sérieux, il faut qu’ils s’organisent. On est plus au 19siècle! On est dans le monde de la communication. Il y’a une certaine organisation qui est là, pour qu’on puisse avancer. » Chaque matin, Idrissa, commence par chauffer de l’eau pour son café, puis il s’installe devant son bureau et allume son ordinateur. L’objectif du galeriste est de faire connaitre le « V des Arts » de Dakar à travers le monde. Pour cela, il faut continuer de travailler, de produire. Mais il faut aussi, se mettre à jour, sur les moyens de communication. Idrissa attend d’ailleurs une batterie d’ordinateurs pour la future salle informatique du Village des Arts.

Dans le village des Arts, les artistes nationaux ou internationaux peuvent obtenir une résidence d’un à deux mois. Pour déposer votre candidature, contactez directement le Village ou Idrissa Diallo à la Galerie Léopold Sédar Senghor, Galerie du Village des Arts. En ce moment, une artiste mauritanienne, du nom d’Ami Sow, est en résidence dans l’espace culturel.  Un mois auparavant, une américaine y avait déposé ses pinceaux. «Le village n’est pas fermé, il est ouvert, aux Hommes d’Arts, aux collectionneurs, aux amateurs, aux politiques, aux diplomates, aux sénégalais lambdas. » C’est un espace où, à l’ombre des arbres, les gens partagent… C’est un, des rares espaces à Dakar, où les gens peuvent prendre le temps d’échanger. L’état a intérêt à ce que le Village existe. C’est un pole culturel, mais c’est aussi un endroit de paix. Aujourd’hui, dans la capitale, on ne peut plus marcher, sans se faire bousculer ou envahir. Idrissa aime être dans cet espace, loin des bruits de la ville… Aujourd’hui, pourtant le village est très animé. Abdou Guitté  Seck est venu tourner son dernier clip, au cœur de la Galerie. Apparemment, ils ne dérangent personne. L’espace est tellement grand, que le bruit des percussions se perd et s’envole dans les couloirs colorés des Ateliers.

L’environnement est un problème au Sénégal. Il faut mener selon Idrissa, une lutte pour ce nouveau combat. L’artiste doit lutter et parler des problèmes sociaux au Sénégal. Ça fait partie des devoirs qui lui incombent. L’art et le sociale sont complètements liés. « Il faut que l’artiste se lève et montre le chemin. »  Un pays doit être réglementé. Les gens doivent arrêter de penser que tous leur appartient. L’espace public reste public. Idrissa salut d’ailleurs l’initiative de  Mr le Maire, qui a lancé un grand plan de nettoyage et d’embellissement de la ville de Dakar.  Selon le galeriste,  le problème de base est l’éducation. « Les parents ont l’obligation d’éduquer leurs enfants. Souvent ici, on parle de l’état. Mais les parents d’abords. Si nos valeurs sont mises  de coté, on ne s’en sortira pas ! Il faut juste éduquer les gens. Si Vous n’avez pas d’éducations, vous êtes perdus. Vous n’avez plus d’identité… »

Pour finir cet entretient, Idrissa conclut : «l’art c’est que nous aimons et c’est ca qui nous pousse à faire ce que nous aimons. C’est notre passion, c’est notre identité. » Il me remercie. Et m’encourage à continuer.

Contacts :

levillagedesarts@gmail.com

http://www.levillagedesarts.com

tél :33.835.71.60

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