Hot! La bossa nova, un itinéraire en triangle.

La bossa nova, un itinéraire en triangle.

Style musical né au Brésil à la fin des années 50, la Bossa Nova est popularisée dans le film de Marcel Camus « Orfeu Negro »  en 1959. Considérée comme une branche de la Samba, simplifiée et sophistiquée, cette musique, bâtie à partir de textes sentimentaux, est un mélange  de musique classique et de jazz. Inventée initialement par trois principaux artistes, Antonio  Carlos Jobim (Tom), Joao Gilberto et Vinicuis de Moraes  auxquels on doit le titre The girl from Ipanema (A garota de ipanema)  –  la chanson la plus reprise dans l’histoire de la musique après Yesterday des Beatles – la bossa nova est un vocable aux origines ambiguës. Antonio Carlos Jobim  donne une explication en ces termes : « En portugais, bossa veut dire une bosse, une protubérance. Et le cerveau humain à ces protubérances, ces bosses dans la tête. Ces convexités correspondent aux concavités de matière grise dans le cerveau. Ainsi, si un type a quelque chose, c’est littéralement une bosse au cerveau, une aptitude pour quelque chose. Dire qu’il a une bossa pour la guitare signifierait qu’il est très doué pour la guitare. Ainsi on a fini par dire de l’habilité, un don pour quelque chose, un talent naturel, et la Bossa Nova était un nouveau talent ».

La bossa nova a soulevé des questions d’identité nationale et a été dénaturée au contact de l’industrie musicale américaine tout au long de son itinéraire culturel. Elle effectue un circuit triangulaire de l’Amérique latine où elle fut inventée, en France, en passant par les USA ; c’est au Brésil, dans les années 40, que les artistes américains découvrent la bossa nova  grâce aux tournées de grands noms du jazz tels que Dizzy Gillespie et Nat King Cole ; Ils décident alors de collaborer et d’en réinterpréter les plus grands titres avec l’aide d’artistes locaux. Cette américanisation du style brésilien et l’assimilation de la Bossa Nova au Jazz créent un malaise chez les artistes brésiliens qui y voient la perte de l’identité brésilienne. Les mauvaises interprétations et fausses traductions des textes déforment le sens qu’avaient les ballades et sont l’objet de critiques. En effet, la reprise anglaise d’Astrud gilberto de The girl from Ipanema aux dépens de la version portugaise de Joao Gilberto fera naître l’incompréhension dans les studios d’enregistrement au Brésil. En raison de ces malentendus, Tom Jobim apprit l’anglais pour pouvoir traduire les paroles lui-même ; c’est dire la frustration de l’artiste. En dépit des polémiques, l’auditoire de la bossa nova en Amérique grandit grâce aux interprétations des artistes américains.

Le trajet expansionniste de la « Nouvelle Bosse » se poursuit en France, le troisième sommet du triangle. Les français avaient été conquis par cette musique fascinés qu’ils sont par l’Amérique et tout ce qui en vient. C’est avec l’aide d’artistes français comme Gorges Moustaki ou encore Sacha Distel, qui reprennent les grands titres réinterprétés auparavant par les jazzmen américains que se développe l’audience française.

Tout compte fait, la Bossa Nova aura contribué à la fortune du Jazz américain grâce à son rythme doux mais aussi aux remontrances et incompréhensions qu’elle affronte. Aujourd’hui dans l’Hexagone la bossa perd sa place, même si dans les années 70, ces rythmes brésiliens sont le contrecoup d’une mode nord-américaine que les français ont su adopter. En effet, ce genre musical est à présent de moins en moins écouté, seuls les classiques sont repris.

 

« ma playlist » :
-le duo Elis Regina & Tom :Chovendo Na Roseira
-Ella Fitzgerald : Mas que nada
-João Gilberto :Manhã de carnaval
-João Gilberto :Insensatez
-Jobim with Salena Jones :Agua de beber
-Joao et Astrud Gilberto: Agua de Beber
-Ana Carolina e Jorge sue – Ao Vivo : Vestido Estampado
-Ana Carolina e Jorge Sue – Ao Vivo: Mais que isso
-André Rieu :Manhã de Carnaval

Mon morceau préféré c’est Manhã de carnaval la version de João Gilberto. Magnifique mais trop courte malheureusement!

 

Par Hawo Kane

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