Babakar Mbaye Ndaak
Babakar Mbaye Ndaak
J’ai rencontré Babakar Ndaak à Dakar, il faisait partie du convoi en partance pour le désert de Lompoul où devait se dérouler la 4ième Edition du Festival du Sahel. Nous avions alors échangé rapidement. Mr Ndaak avait réussi durant ces quelques minutes à piquer ma curiosité. Je lui demandais, un peu avant notre départ de Dakar, s’il acceptait de faire une interview pour la plateforme culturelle. C’est seulement dans la journée du Samedi, depuis la tente restaurant, niché au cœur des dunes de Lompoul, un peu avant de le déjeuner que je l’interviewais sur sa seconde participation au Festival du Sahel.
Mr Mbaye Ndaak est un artiste d’un certain âge, respecté de tous, pour son parcours dans l’enseignement mais également pour ses qualités de conteur et de formateur. En effet, l’homme est un artiste de la parole, comme il aime se définir. Au-delà de cela, Babakar est également le président de l’association des conteurs du Sénégal, ainsi qu’un formidable professeur d’histoire et géographie. Mr Ndaak a parcouru le monde pour parler de l’homme, de l’Afrique et de l’oralité. Il a également au fil des ans, formé des générations de comédiens et communicateurs.
Né dans une famille de traditionnistes, Babakar a poursuivi des études d’histoire et geographie . Aujourd’hui, l’esthète se considère comme un héritier de l’histoire. Son rôle est de valoriser diffuser et d’enseigner notre histoire à la jeunesse sénégalaise et africaine dans un cadre pédagogique et artistique. « Etant jeune, j’aimais déjà raconter mes lectures. » Tout commence à l’université où Babakar disait des poèmes accompagné d’une guitare. Plus tard, il se lance dans l’Enseignement et prend en charge les élèves de différents lycées, notamment ceux de Sedhiou, du Point E, de Nioro, de Colobane et ceux du Lycée Banque Islamique de Guediawaye aujourd’hui.
Le conte est un genre du récit. Dans la culture sénégalaise, le « Léeb » englobe tout. Le conte est dévolu aux grands parents. C’est un art populaire. Ce sont les grands-mères qui racontent, elles sont plus sensibles et souvent plus spirituelles. « Les grands-mères sont les gardiennes de nos valeurs traditionnelles » ajoute Babakar. Il y’a vingt ans, les gens voyaient dans le conte quelque chose de futile, et non pas l’aspect artistique. Avec le temps tout cela, s’est structuré. Maintenant les gens comprennent que cela fait partie de notre patrimoine. Le conte fait partie de l’artistique ou du littéraire. Il a une valeur éducative. Aujourd’hui le conte est plus valorisé en occident.
« Pour avoir un griot au sens vrai et traditionnel du mot , vous prenez un ministre de la culture, un homme de droit, un journaliste, un bibliothécaire, un archiviste, un instrumentaliste, un chanteur, vous mettez le tout dans un mixeur et vous l’avez »
Le griot n’est ni un conteur ni un bouffon ajoute Babakar Ndaak. Une société ne confie pas sa parole à l’homme qu’il ne respecte pas. Le GRIOT est l’Historien de la societe de l’oralité ! il appartient à une des trois noblesses. Il y’a celle de la parole, celle de la plume et celle du pouvoir. Le griot a toujours été associé à la royauté. « La colonisation a oté le pain de sa bouche ! ajoute l’esthète.
Et le festival dans tout ca ? Pour Babacar le Festival c’est un moment magique, un lieu de rencontre. Les Grands Textes fondateurs sont apparus dans le désert, ce lieu où la parole et la nature sont unies, autant que la tradition magique et mystique. Le cadre du Festival du Sahel inspire et isole des futilités de la vie. C’est un lieu d’échange avec le public. Il me renvoie à mes origines. « C’est du solide » Une occasion rare de découvrir des groupes. « Il faut préserver le festival. Et que les sénégalais viennent le découvrir »
D’ici dix ans, Babakar espère continuer de transmettre et il souhaite être là pour continuer à conter.
Babakar cite Amadou Hampathe Ba. « Si tu sais que tu ne sais pas, tu sauras. » Puis il cite son grand père Diarga Seck « Si tu ne sais pas qui tu es, tu ne saurais jamais ou tu vas. Si tu ne sais pas ou tu vas. Tu ne sauras jamais rien amener là-bas. Là bas ou tout le monde va. »
Disponible Trois Albums de récits
N1 : Soaroor
N2 : Boroom ndeer
N3 : Wax sa Wax