Hot! Sahad & Nataal Patchwork

Sahad & Nataal Patchwork

 

Aujourd’hui, c’est au tour de Sahad de se raconter. C’est drôle, parce que j’ai rencontré Sahad il y a bien longtemps de ça et depuis toutes ces années, j’ai vu cet artiste de talent se produire à maintes et une reprises sur les différentes scènes de la capitale, mais également dans les salles mythiques de Saint-Louis. Ce n’est pourtant qu’aujourd’hui et pour la première fois, que Sahad, assis sur le canapé du salon de la boite à Idée, m’explique son parcourt, ses rêves.  L’artiste me présente également son premier projet l’EP Nataal, qui sera présenter lors de leur concert le samedi 2 mai à l’Institut Français de Dakar à 21h.D’ailleurs, je vous invite fortement à aller les écouter et les découvrir (prévente à 3.000 FCFA – Entrée à 5.000 FCFA).

 

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Sahad, qui es-tu ?

« Sahad c’est un portrait de toute une culture, un portrait de tout un système social, d’une éducation, de valeurs sérères. Sahad, c’est le portrait d’une éducation spirituelle, c’est le fruit de toute une influence, celle de la famille, des amis, de l’environnement, mais aussi des rencontres que je fais. Sahad veut dire la moisson en sérère.  A ma naissance, mes parents m’ont appelé Sahad, Sahad signifie moisson en sérère, je me présente comme  la récolte d’une éducation, d’un système et d’une culture. »

Qu’est ce qui s’est passé, comment es-tu devenu musicien ?

« Je suis d’une famille d’artistes, de musiciens, les parents, frères et sœurs. J’ai commencé à jouer à la guitare à l’âge de 11 ans. Je faisais des reprises de Bob. Au lycée, j’étais dans une association qui faisait de la musique, du cinéma et du théâtre, ce qui m’a permis de toucher à ces deux autres types d’art. A un moment donné, j’ai été attiré très fortement par la musique. J’ai fait mon premier concert au lycée de Lamine Gueye de Dakar, j’avais 16 ans. Par la suite, j’ai monté en 2007, mon premier groupe. C’était Sahad et the Nataal Soul, une formation acoustique. On jouait dans les foyers des écoles, avec guitares et percussions. On était alors 4 musiciens… ils sont tous partis. Après ça, j’ai rencontré Ibrahim, le soliste. C’était entre 2009 et 2010. A cette période, j’étais  l’université à Eticca. Avec Ibrahim, on s’est dit qu’on allait faire un groupe Sahad et the Nataal Patchwork. On a joué notre premier concert au Théâtre Daniel Sorano. On s’est dit wawe, pour une première scène c’est pas mal du tout. Au fil des années, on répétait, souvent chez moi sur la terrasse, puis on jouait un peu partout. On aimait ça. On faisait une musique de recherche qui était un mélange subtil de toutes les musiques qu’on écoutait et des rencontres qu’on faisait. Et aujourd’hui ça fait cinq ans, que Sahad et le Nataal Patchwork existe. »

 

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L’EP, c’est construit ?

« A la base, on ne voulait pas faire un EP, on voulait faire un album. Mais je suis perfectionniste, je ne voulais pas me précipiter. Pour moi, un album, c’est une vie que tu racontes, des sentiments que tu partages, ce ne sont pas seulement des messages que tu transmets au monde. Notre album doit être le fruit de ressentis à partager avec le public. Nataal Patchwork, c’est le reflet du monde.  Il faut de tout pour faire un monde. De bonnes, comme de mauvaises choses. La vie c’est un melting-pot, il faut accepter ce mélange, ce patchwork. Donc, pour commencer nous avons voulu construire un EP de 5 titres, Nataal. Nataal veut dire portrait en wolof. L’identité de l’être humain ne relève pas d’un nom ou d’un physique, c’est une énergie. On veut juste renvoyer les êtres humains vers leurs essences originelles. A ce niveau, il n’y a pas de corps, de couleur. Il faut apprendre à être dans différentes positions, observer toutes les perspectives, regarder à travers tous les angles afin de connaître son identité. »

C’est très philosophique et spirituel, est-ce que c’est aussi comme ça que ta musique est ?

«  Oui un peu. Que ce soit chez les musulmans, les juifs, les chrétiens, les animistes ou dans une autre confession, il y a tout le temps une musique qui fait monter en extase. La musique pour moi a le même effet que le zikroulahi (l’invocation) chez les soufis, c’est une communion. Je n’aime pas jouer et être interrompu, parce que je perds cette connexion. C’est la raison pour laquelle la musique n’est pas simplement un jeu ou un outil pour gagner de l’argent. Si  des personnes n’aiment pas notre musique,  car peut-être qu’il y a une sensibilité dans laquelle elles ne se retrouvent pas, il faut l’accepter et avancer.  On écoute les critique, mais on ne se désoriente pas de notre identité.  Dans tous les cas, on essaie de faire une musique où tout le monde peut se retrouver, sans pour autant faire ce qu’il plaît à la masse, sinon il n’y a pas de sens à faire une recherche musicale. »

Quel genre de musique faites-vous ?

« On fait une musique afro-cosmopolite. L’Afrique est la base mais on s’ouvre aux autres influences, aux autres couleurs. La musique ce n’est pas fermé. Pour que les gens ne se perdent pas, on leur dit qu’on fait de l’Afro-jazz. L’Afro est l’origine  de beaucoup de musiques et le jazz est l’aboutissement de cette musique métissée et peaufinée . Et c’est vrai que notre musique est très jazzy, c’est le rendez-vous du donner et du recevoir, comme le disait notre ancien président et poète, Léopold Sedar Senghor.

 

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Nataal.

«  C’est un Ep de 5 titres, juste une mini-présentation du monde actuel. Avec le groupe, on a beaucoup discuté pour choisir les titres qui devaient le composer. On est tous attachés à certaines chansons, donc c’était difficile de se prononcer. On a opté pour ces cinq chansons parce qu’elles présentent différents styles, donc une certaine diversité. Cinq parce que le chiffre est important pour nous. C’est 5 continents, 5 doigts d’une main, 5 membres, le 5 c’est l’universalité, le monde entier. Le rassemblement de tous…

Le premier titre Ndiaxas, c’est le melting-pot,la tolérance. Le deuxième Nobel, c’est pour marquer la différenciation entre l’amour, le désir et l’attachement. Il faut faire la part des choses, même si tout ça se retrouve dans l’amour. Ndiaye Gaindé, c’est le lion rouge qui a faim. Dans ce morceau on parle des paysans, des agriculteurs, qui vivent une vie très difficile. Le Lion a quitté les régions pour venir dans les villes afin de se nourrir. Le Troisième titre c’est Débarquement, comme le débarquement de Normandie mais cette fois-ci, c’est le débarquement des africains en Europe. Si tout le monde part, comment va-t-on construire notre pays ? La chanson parle des gens qui partent et oublient de revenir. Si on part dans un autre pays et que les gens nous enlèvent notre dignité autant rentrer et construire chez soi. Il faut avoir quelque chose à proposer au monde entier. Le cinquième morceau s’appelle Darou, c’est la maison céleste .Ce titre est un petit focus sur l’éducation spirituelle qu’on a reçu chez les soufis du Saloum. »

Comment as-tu réussi à te détacher de ta famille ? Felwin , Alibéta, Rhapsod, Majnun, Tie, tes frères et sœur qui sont eux aussi des artistes de renom. Comment as-tu réussi à te créer ta propre identité ?

« C’est une question intéressante, on ne me l’a encore jamais posée. On a tous reçu les influences de nos parents. Ils nous ont beaucoup appris. Je suis aussi un résultat de l’influence de mes frères et sœurs. Chacun a reçu une influence des autres mais chacun a réussi à tracer son propre chemin par rapport à son expérience personnelle. Si tu écoutes vraiment nos différents projets, tu peux quand même ressentir une certaine empreinte de nos valeurs familiales.  Je suis ravi qu’on ait tous réussi à construire notre propre identité.

 

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Est-ce qu’il y a d’autres gens, des noms de la musique qui ont eu une certaine empreinte sur ce que tu es aujourd’hui ?

« J’ai été beaucoup inspiré par Richard Bona, Fela Kuti, Cheikh Lo, Keziah Jones, Youssou Ndour, Yandé Codou Sène, Lionel Loueke, Salif Keita, Cesaria Evora, James Brown, Marley. Et il y en a beaucoup d’autres… Le Nataal Patchwork m’a beaucoup influencé. Ils ont des origines, une culture et une approche différentes et ils m’ont nourri. »

As-tu d’autres projets après la scène de l’Institut Français ?

« On a joué au Festival du Sahel, il y a quelques semaines, c’était très bien. On était heureux d’avoir participé à cet événement. On a reçu beaucoup de compliments et d’encouragements. Là, on prépare l’Institut Français. Après, on va faire la promo de l’EP, puis on part au Festival de Jazz à Saint Louis. Après ça, on se concentre sur l’album. On souhaiterait inviter des grands noms de la scène internationale comme Fatoumata Diawara, Wasis Diop. Ça demande des moyens, du matériel, donc on va prendre le temps de le faire. A part ça, on aimerait se présenter au Prix RFI et on aimerait le remporter… Nous sommes dans des démarches de tournée africaine et européenne pour présenter l’EP et préparer la sortie de l’album en janvier 2016. »

Dernière question vidéo:

L’EP  est en vente sur les plate-forme digitales Bandcamp, Adziik, Soundiata Music et à la librairie Athéna, l’Institut Français de Dakar et à l’Espace Maam Samba. N’hésitez pas à l’acheter !

EP PHYSIQUE

Librairie Athéna – 33, Rue Jules Ferry – Dakar BP 488 (+221.33.823.89. 80)

Institut Français – 83, rue Joseph Gomis – Dakar (+221.33.823 .03.20)

Espace Maam Samba – 633, Ngor Almadies Extension  – Dakar (+221.77.191.50.12 / +221.77.191.50.17)

 

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EP DIGITAL

Bandcamp : https://sahadpatchwork.bandcamp.com/releases

Adziik : https://www.adziik.com/Artiste/Index/42

Soundiata : http://soundiatamusic.com/album-detail.php?album_id=35

 

CONCERT SAMEDI 2 MAI

Institut Français – 83, rue Joseph Gomis – Dakar (+221.33.823 .03.20)

Prévente 3.000 FCFA – Entrée 5.000 FCFA

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Site internet : www.sahadpatchwork.com

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CONTACTS

Stéphanie Nikolaïdis +221 77 191 97 22

Elodie Dupuis +221 77 478 37 26

sahadmusique@gmail.com

 

1 Comment

  1. Bravo pour cet article. Un plaisir de re-découvrir Sahad avec ses mots. Merci pour cette belle musique qui mérite de traverser les frontières. Hâte d’écouter cet EP!

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