Hot! Kemit le Géant Bantou

Kemit le Géant Bantou
 J’ai rencontré Kemit il y’a quelques temps de çà sur les plateaux de la TFM. En effet l’artiste avait alors été invité aux cotés de différents slameurs pour rendre hommage à Nelson Mandela. Depuis j’ai eu l’occasion de recroiser le grand Kemit à différent évènement culturel dans la capitale … Aujourd’hui, c’est à la Boite à Idée, petite maison nichée au cœur de la gueule tapée, que nous nous retrouvons pour cette fois, faire une interview pour la plateforme culturelle Wakh’art. Kemit le Géant Bantou…
 Franck :
« Je suis un être humain. J’ai surement un nom et un prénom pour respecter les normes préétablis. Je me définis comme un rêveur indépendant, qui rêve de voir une Afrique plus belle et plus digne. Une Afrique qui se porte mieux que ce que l’on peut voir à la télévision. D’après la télévision tout va mal. Donc j’essaye de rêverdifféremment… Je porte le nom de mon Grand Père, c’était un chef. Mon Grand Père était un homme très charismatique et strict ; son nom ( notre nom ) signifie en Punu ( ma langue maternelle ) Arc-en-ciel. Je trouve que ça correspond à ce que je suis. Comme l’arc-en-ciel peut avoir plusieurs couleurs, moi  j’ai plusieurs flèches à mon arc. Je ne pense pas que ce soit une coïncidence. A l’âge de 5 ans, en vacance chez ma grand mère, un jour je l’ai accompagné dans sa plantation  et elle m’a donné une petite hache et m’a demandé d’abattre un arbuste. Je me dis souvent si à 5 ans ma Grand-Mère m’a demandé d’abattre un arbuste, qu’est-ce que je suis censé faire aujourd’hui.»
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Kemit :
« Je suis aussi  » Kemit, le Guerrier Bantu ». Kemit c’est un être qui se reconnaît comme étant un descendant des guides de l’humanité, c’est quelqu’un qui essaye du mieux qu’il peut de se réapproprier son patrimoine historique et culturel. C’est quelqu’un qui a un moment donné à plongé dans livres pour découvrir qui il était réellement. Kemit ne sort pas en boite, ne prend pas d’alcool. C’est quelqu’un qui croit à la réussite au bout de l’effort, qui croit en Dieu et l’appel  » Tâta Nzambé  » C’est quelqu’un qui a chaque fois qu’il se lève, essaye de mener une action positive, c’est un acteur pas un spectateur dans ce monde. Kemit c’est aussi un slameur du Vendredi Slam  ; c’est un militant panafricain qui a créé avec Mariama Touré (Journaliste, slameuse, conférencière, Présidente et gérante du centre de dans The Dance Hall) un projet de conférences dans les Universités qui porte le nom de : « Connais-tu ton histoire ? » Mariama et moi on s’est toujours compris. J’ai beaucoup d’admiration pour ce qu’elle fait, ce qu’elle est,  sa plume et son engagement panafricaniste. On projette d’ailleurs de mettre en place une exposition pour rendre hommage à nos leaders africains.
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Depuis l’enfance j’écris de la poésie. Au lycée, j’écrivais des petits bouts de phrases dans les marges de mes cahiers. J’aimais lire ces phrases mais je ne les lisais que pour moi, J’étais timide. Ce n’était pas du slam comme je le fais maintenant. C’était de la Poésie tout court, parce que depuis l’enfance je déteste la poésie classique de Baudelaire et ses amis, Je trouvais que cette façon d’écrire ne me ressemblait pas. »
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Yitou :
« Il y’a une autre projection de Kemit qui porte le nom de Yitou.
En classe de 5 ieme. J’avais demandé à un de mes parents de m’acheter un teeshirt Unkut. J’étais trop fan de Booba et de sa marque de vêtements. Quand ils ont vu le prix du teeshirt, ils m’ont dit « On préfère t’acheter des chaussures, des pantalons et des teeshirts pour ce prix ». Donc à la place j’ai eu quelques affaires dont un teeshirt blanc. J’ai pris ce teeshirt et une veste en cuir noire qui était trop petite pour moi. J’ai découpé dans le cuire de la veste, le logo Unkut puis je suis allé voir un couturier. Il a cousu le cuire sur le teeshirt. C’était du grand n’importe quoi, mais j’avais enfin mon teeshirt Unkut, J’étais content. Je pense que Yitou a commencé comme ça. Des années plus tard, dans une autre ville et dans un contexte différent,  j’ai recommencé à me créer des vêtements. Je mélangeais du pagne (de Cote d’Ivoire) et du jeans (du Burkina Faso). Mes amis, les gens que je rencontrais me complimentaient régulièrement sur mes tenues. Un jour quelque uns d’entre eux m’ont demandé où ils pouvaient se procurer ces vêtements.  J’ai donc décidé d’en faire pour eux. Au début je ne voulais pas commercialiser ces créations. Mais Mariama m’a conseillé de les vendre pour justement continuer à en produire. J’ai demandé à ma mère ce qu’elle pensait, elle m’a encouragé à me lancer. J’ai donc suivis son conseil et j’ai créé cette marque de vêtement.
Durant plusieurs semaines, J’ai cherché le nom que je devais donner à la marque, puis un soir, je pensais à ma petite sœur et ça m’a paru tellement évidant, je cherchais autours, ce qui se trouvait au centre. Ma petite sœur s’appelle Yitou, mais le Maire, dans l’acte de naissance, a francisé son nom et a écrit « Itou ». Donner ce nom à ma marque, c’était aussi pour moi, une façon de lui rendre hommage, de redonner à « Itou » son identité bantu. En Punu, ma langue maternelle, Yitou signifie « Espoir ». Ma mère l’a ainsi nommé parce qu’elle l’a porté durant 10 mois. Ma pauvre mère ! Donc comme pour dire que durant tous ces mois de labeur, elle a gardé espoir. En donnant ce nom à ma marque de vêtement, c’était une manière pour moi de partager avec le monde entier, un mot ou un nom  dans ma langue, une manière de parler au monde entier de quelqu’un que j’aime énormément, mais aussi de rectifier l’erreur du Maire. Je suis donc obligé de prendre Yitou au sérieux, de l’aider à grandir dignement, parce que quelque part, Yitou c’est ma petite sœur et la famille pour moi c’est sacrée.
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Yitou c’est aussi une forme de militantisme vestimentaire. CommeThomas Sankara le disait lors de l’un de ces discours : « il faut que le marché africain soit le marché des Africains. Produire en Afrique, transformer en Afrique et consommer en Afrique; La seul manière de vivre libre, et de vivre digne, c’est de vire africain » C’est un peu ce que je vise via Yitou. Les tissus et la main d’œuvre viennent d’Afrique. Pour moi c’était important de revendiquer ça. Je fais des vêtements modernes avec des matières qui viennent de chez nous… Sur le logo de Yitou, il y’a   » Made in Africa « . Aujourd’hui, des européens, des américains achètent et portent Yitou, un produit d’Afrique qui n’a rien à envier aux produits occidentaux. C’est pour moi une grande fierté, une façon de donner une autre image de l’Afrique et prôner l’entreprenariat. Dans un de mes textes j’ai écris « l’avenir appartient à ceux qui osent et n’attendent pas la tombée de la nuit pour rêver ». On a tous la possibilité de donner une autre image de notre société, loin des clivages de tous genre et des préjugés dévalorisant qui nous définissent depuis trop de temps. L’Afrique c’est pas le tiers monde mais c’est le berceau de l’humanité, l’avenir du monde entier se trouve sous nous pieds… »
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La nouvelle collection de Yitou :
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Retrouver la marque sur :
Son mot de la fin
« Je suis heureux ! Je fais partie des personnes les plus heureuses de mon entourage… »      …

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