Hot! Xavier présente le Festival Sahel Ouvert

Xavier présente le Festival Sahel Ouvert

 

J’ai rencontré Xavier, le Directeur du Festival Sahel Ouvert, un matin d’octobre à la boite à idée. Xavier était venu me présenter son festival triennal installé au cœur du Fouta, plus précisément dans le village de Mboumba, dont la prochaine édition est prévue pour Février 2016.

 

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Xavier

« Je m’appelle Xavier Simonin, je suis français. J‘habite en France et je suis comédien de théâtre depuis 25 ans. Ce métier m‘a emmené vers la mise en scène, la production mais aussi à côtoyer et à m’impliquer dans certain secteurs comme celui des festivals. J’ai beaucoup travaillé autour des problématiques des festivals, je me suis intéressé à des problématiques tels que le droit des interprètes et les droits d’auteurs.

Par ailleurs, j’ai passé mon enfance en Côte d’Ivoire. Je n’ai pas pu y retourner au moment où je le voulais, donc je suis venu au Sénégal. Je suis tombé sur des Hal-pulaars qui m’ont embarqué au nord du Sénégal dans la région du fleuve et jusqu’en Mauritanie. Durant les vingt-cinq dernières années, j’ai passé beaucoup de temps dans cette région rurale et très peu en ville. Je connais très mal Dakar.

Avec le temps et les phénomènes migratoires mes amis du Fouta sont venus en Europe. Ils ont vu ce que je faisais là-bas et m’ont demandé de faire quelque chose avec eux en Afrique. Les choses sont déjà difficiles en Europe, en Afrique et en ville aussi mais en ruralité, il faut s’armer de courage avant de démarrer une initiative quel qu’elle soit. Finalement en 2010, nous avons lancé depuis le Village de Mboumba dans le Fouta la première édition du Festival. L’idée était de trouver à travers la culture un modèle qui puisse permettre de développer le Village. »

 

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Le Festival

« C’est par affinité à la base que j’ai choisi le Village de Mboumba. Il y’a toute une partie de mon réseau relationnel ici qui vient de ce village. Finalement j’ai fini par m’y rendre et j’ai découvert un endroit magnifique. Le village se situe au bout de l’ile à morphil, au bord de l’eau. Le Festival se déroule en Février quand le Fleuve est en décru. Le podium est installé dans le lit du fleuve, pendant que les bords du fleuve accueillent les milliers de personnes comme dans des tribunes. Ce que j’ai découvert après, au-delà de la beauté du lieu, c’est que Mboumba est un village qui possède une tradition culturelle extrêmement forte. C’est Baaba Maal qui m’a révélé ça lors de la première édition du Festival.  Depuis je me suis intéressé à çà et j’ai découvert que ce village a compté plusieurs générations d’Almamys et donc un entourage d’artistes s’est créé autour de ces dignitaires musulmans. Ces gens avaient des compagnonnages artistiques de longue durée. La Région a donc très vite vu l’émergence de nouveaux talents. On retrouve au niveau du Sénégal, chez les élites culturelles beaucoup de personnalités originaires de ce lieu.»

 

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Abordez-vous ces aspects historiques dans le cadre du Festival ?

« On commence les journées du Festival par le Thiossane. On revendique très fortement cette tradition et on essaye de la préserver, afin que l’héritage culturel ne disparaisse pas. Les anciens meurent, les jeunes vont vers les villes où vers d’autres continents. Donc que devient l’héritage culturel ? Il disparait… La réappropriation par l’art est une des approches identitaires du Festival A Sahel Ouvert. C’est en sachant d’où l’on vient qu’on peut parler au monde d’aujourd’hui… Il y’a donc cinq ou six heures de spectacles traditionnels, après nous redécouvrons ces traditions durant les ateliers pédagogiques avec les enfants et les jeunes. Ces ateliers sont basés sur la réinterprétation culturelle de la tradition à travers la musique, le théâtre, la danse et cette année l’image. »

 

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Comment financez-vous ce Festival ?

« Ca dépend des éditions. Pour la première tous les soutiens venaient de l’Europe. Disons qu’ici les gens étaient fatalistes. Au début, ils n’y croyaient pas. Le fait de réussir cette première édition, au côté de Baaba Maal qui a été un parrain formidable, ça nous a aidé à trouver de nouveaux sponsors. J’ai pu rencontrer Youssou Ndour à l’époque où il était encore Ministre. Il a été séduit par le projet et il a participé. Il y’avait aussi Ismaël Lo. Avoir à nos côtés, ces artistes internationaux, nous a aidés à avoir de nouveaux sponsors. Donc la deuxième édition a été financée pour 1/3 par le Sénégal. C’est encore insuffisant mais encourageant. Ce sont des partenaires nationaux qui devraient se mobiliser pour soutenir leur propre héritage culturel et l’avenir de la création artistique au Sénégal. Pour cette troisième édition, nous rencontrons encore des partenaires, nous espérons qu’ils suivront ce festival d’accès à la culture, 100 % gratuit, qui n’existent nulle part ailleurs en Afrique. On a à chaque édition, des dizaines de milliers de personnes qui viennent du Mali, de la Mauritanie, de Dakar, et maintenant il y’a aussi une demande du public européen. »

 

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Comment vous arrivez à consacrer du temps à votre art ?

« Je n’en ai plus. (Rire)

Une économie culturelle se crée chaque année autour du Festival. En trois jours, les commerçants locaux gagnent plus d’argent qu’en un mois. Autour du Festival, on met aussi en place des protocoles de santé, grâce à des partenariat noués avec des médecins universitaires, des ONGs et le ministère de tutelle. Ils font des consultations gratuites, des dépistages. On mène aussi des actions similaires pour l’environnement… Je savais qu’il y’aurait beaucoup de retombées positives pour la population, mais je ne pensais pas que cela irait aussi vite. Comme c’est le cas, j’essaye de travailler avec ceux qui ont du potentiel et petit à petit, j’essaye de monter une équipe, un organigramme qui puisse accompagner la croissance. L’idée est de créer une équipe de coordination qui défende les valeurs du Festival ; une équipe dans laquelle chacun possède une spécialité sur laquelle se reposer. Toutes les potentialités existent au Sénégal. Il y’a encore trop de clichés dans l’appréciation des gens que ce soit dans le regard qu’a le Nord sur le Sud où l’inverse. Avec cette équipe, j’espère que le Festival aura une belle croissance. Au niveau de la population, ils sont fiers de recevoir ce Festival et heureux des retombées multiples que  le Festival A Sahel Ouvert apporte à la commune et à la région.

 

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D’un point de vue artistique, la démarche me passionne. En tant qu’artiste j’essaye d’alterner mes tournées. Je suis 200 fois par an sur scène en Europe. Je recherche donc du temps pour pouvoir organiser ce festival, d’où l’aspect triennal. Tous sont bénévoles, moi le premier. Quand l’équipe sera créée, j’aimerais m’occuper uniquement de la direction artistique. C’est  toujours beaucoup de plaisir de travailler avec des artistes du monde.  Avec le Festival Sahel Ouvert, j’espère qu’on arrivera à produire des biens culturels africains exportables, diffusables depuis Mboumba et puis petit à petit à d’autres endroits. Le but c’est aussi de créer des réseaux, ramifiés du local à l’international depuis la même maison : le festival de Mboumba. Le Festival se différencie des autres car il est dirigé par des artistes, fabriqué par des artistes. Les ateliers sont menés par des artistes et les enfants sont des graines d’artistes en devenir… Donc oui, c’est une pépinière de créativité. »

Avez-vous un conseil à donner ?

« La preuve par l’action.

Au début, personne n’y croyait mais on a agi. On n’a pas attendu. Je pense que l’erreur quand on est artiste c’est de passer des heures à faire des dossiers. Il vaut mieux faire de la photo au lieu de faire des dossiers, vaut mieux écrire des chansons que faire des dossiers. Il faut se concentrer sur ce qu’on a en soi, sur son originalité propre. Il faut se concentrer sur la ligne artistique. Il faut essayer d’être unique. Cultivez son originalité. Se méfier des cotés laborieux des institutions, des guichets. Après il y’en a beaucoup qui travaillent durs, alors il faudrait voir au cas par cas. Il y a plein de facteurs qui jouent dans le rapport des uns aux autres. Il faut nécessairement être correct, honnête, à l’heure et rigoureux. C’est ce que nos parents nous inculquent… Il faut saisir la chance de pouvoir se connecter au monde en allant se brancher sur la toile, rencontrer du monde, sortir. Il faut 10 ans pour être chirurgien il faut dix ans pour tous les métiers. Si on travaille dur tous les jours pendant dix ans il n’y’a pas de raisons que ça ne marche pas.

Xavier vous recommande : TrueAfrica, une plateforme internationale de diffusion artistique des talents d’Afrique. OmenaLab, un incubateur et accélérateur d’initiatives culturelles africaines. »

 

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Retrouver le Festival

http://www.sahelouvert.com/

Le Festival Sahel Ouvert ouvre sa 3ème édition du 26 au 28 Février 2016 à Mboumba.

Page FB: https://www.facebook.com/FestivalASahelOuvert?fref=ts

sur Youtube: https://www.youtube.com/watch?v=wv6ahQc-D4w

 

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