Hot! Renaud Barret – Festival Voyage sur le Fleuve Sn

Renaud Barret

J’ai rencontré l’incroyable, Renaud Barret, durant le Festival Voyage sur le fleuve Sénégal, qui se déroulait à Saint-Louis du 10 au 12 Décembre dernier. Renaud Barret est le réalisateur du film, projeté Benda Bilili.

 

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Alors Renaud, comment te définis-tu ?

« Je ne me définis pas comme un réalisateur, parce que je suis aussi photographe et que je produis aussi de la musique. J’essaye de faire des choses qui me plaisent. C’est un cap que j’essaye de garder dans tous ce que je fais où dans ce que j’essaye d’entreprendre. Il faut que je m’éclate !

Je suis devenu réalisateur à Kinshasa en 2004, c’est cette ville qui a déclencher mon envie de cinéma, mon envie de faire des films, de raconter des histoires. Des choses qui me démangeaient mais je n’avais jamais eu de déclencheur. A l’époque, j’avais 33 ans, l’âge du Christ, j’ai eu une renaissance, une résurrection. Avant je faisais du design, du graphisme et un peu de photo. Je m’ennuyais assez profondément, sans vouloir me l’avouer. La rencontre avec Kinshasa a été un coup de pied au derrière, une façon d’ouvrir les yeux, sur le temps qui restait. Je ne sais pas si l’on peut résumer qui l’on est, vu qu’on change en permanence mais voilà… »

 

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Comment tu t’es retrouvé sur Voyage sur le Fleuve Sn ?

« Le film Benda Bilili se prêtait pas mal à la thématique du Festival de cette année, la musique dans le Cinéma. J’ai donc été invité au mois d’octobre. C’est un honneur qui ne se refuse pas. C’est un beau cadeau de pouvoir venir ici, surtout avec tous ce qui se passe à Paris, cette morosité, cette tension intercommunautaire. Etre là, ça remet les pendules à l’heure sur ce que pourrais être une société. C’est important d’être là.

J’ai une histoire de cœur avec Saint-Louis. J’ai découvert la ville en 2005, à l’époque j’avais fait un premier vol plané, j’avais les yeux qui sortaient de la tête. Revenir ici, c’est une hallucination renouvelée, c’est très inspirant comme ville. Lorsque je me baladais, j’avais des flashes visuels à répétitions. Il y’a des tableaux urbains cachés, des géométries un peu mystique qui sont dans les paysages et dans les lumières etc. Saint-Louis est une ville de Cinéma, un cadre très spirituelle, très mystique. Ça donne envie de faire des choses…

D’ailleurs, lors de la projection de Benda Bilili, j’ai rencontré un Monsieur, professeur d’anglais, qui s’occupe des talibés ici. Ancien talibé, il se bat pour scolariser les enfants de la rue et leur apprendre l’anglais. Ce monsieur m’a interpellé et m’a demandé de faire quelque chose avec eux. C’est vrai que d’imaginer une histoire d’enfant talibé,  de la situer avec des yeux d’enfants et de tourner ce film ici à  Saint-Louis, ça serait super géniale. C’est aussi le privilège de se retrouver dans ce festival, c’est un moment propice aux rencontres et à la création de nouveaux projets.

 

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Benda Bilili, c’est 5 ans de production. Est-ce que c’est une norme ?

«  Je pense que c’est spécifique à ce film-là, qui a été produit par nous-même. On pouvait s’assoir que dans la longue durée sur un film comme celui-là. Personne ne nous a suivis finalement. On ne pouvait pas prévoir. Peu de gens s’engagent en production sans être sûr que ça marche.  Il y’a que nous qui pouvions le faire, je pense. Rester dans la rue pendant 6 ans, tourner le film et produire le groupe, essayé de trouver des partenaires financiers en Europe où on se faisait claqué la porte au nez par tout le monde. Le moment charnière, c’est quand un Monsieur a sélectionné le film pour le Festival de Cannes.

A partir de ce moment-là, on a eu beaucoup d’allier ; donc les gens nous ont suivis après que le film soit finit. Je ne conseille pas à qui que ce soit de s’engager dans un truc pareil. On n’en revient toujours pas de ce qui s’est passé autour de ce film. Ça veut dire aussi que dans des films comme ça, le documentaire qui touche à l’Afrique, il y’a très peu de place pour beaucoup de gens aux portillons. Les chaines de télévision aiment produire les choses dès le départ. Mais il y’a aussi une école de gens indépendant qui essayent de produire des trucs. En France le réseau CNC aide les jeunes auteurs à être connu, mais il défend du cinéma de fiction et pas le documentaire de création.  Faire ce genre de film, c’est un combat. Ce n’est jamais acquis. On a réussis à faire d’autres films, mais ce n’est jamais acquis. Les producteurs ne se mouillent pas sur ce genre-là.

 

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Est-ce que c’est un genre dans lequel tu as envies de rester ?

«  Je vais faire encore deux documentaires à Kinshasa, mais après, j’ai envie de passer à la fiction. J’ai envie d’adapter un scénario d’un polar congolais. C’est un vrai film noir, j’en dis pas plus… »

Est-ce qu’il y’a des gens qui sont pour toi des modèles ?

«  Dans le cinéma, j’aime beaucoup John Cassavetes. Mon film préféré c’est Meurtre d’un bookmaker chinois. Il y’a aussi toute une école russe que je trouve passionnante. Je pense aussi à un américain, Wassmann. J’essaye de voir beaucoup de documentaire. Il y’a aussi plein de jeunes réalisateurs pleins de promesses, notamment un jeune congolais, Dieudo Hamadi. »

Si tu étais un film, tu serais lequel ?

«  Soy Cuba, pour l’aspect politique, la colère, pour la justice, le besoin d’humanité, l’avenir et  la révolte, C’est un documentaire réalisé par un jeune russe envoyé par l’union soviétique à Cuba pour faire un film à la gloire du parti communiste et il en a fait un poème filmé sur la liberté. Quand il est rentré, il a été censuré. C’est un des plus beaux moments de cinéma. C’est un documentaire en Noir et Blanc, complétement stylisé fait avec une vieille caméra de l’armée soviétique. »

 

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As-tu un conseil à donner ?

«  On a pas la même réalité économique ici et là-bas, donc c’est un peu difficile de donner des conseils. Je ne connais pas le processus au Sénégal. Mais je pense qu’il faut s’unir, anticipé, être indépendant, aller taper aux portes, resautés et crée son propre média. Je pense qu’il n’y a plus de recette, les choses changent toujours… je pense qu’il faut anticiper et que l’Afrique est le bon lieu pour anticiper. Tout est à faire! »

Retrouver Renaud Barret sur :

https://www.facebook.com/renaud.barret

 

 

 

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