Oumar Ly
Oumar Ly
L’Œil du Fouta, c’est éteint il y’a peu. Afin de lui rendre hommage, j’ai décidé de demander à différentes personnes qui l’ont connu, croisé ou côtoyé de répondre à ces quelques questions…
J’ai rencontré Oumar Ly?
« Il avait l’habitude de passer devant la maison Guillaume Foy en partant au Studio Thioffy, place du marché venant du quartier Thioffi où il résidait. C’était une douce survenue dans la cour de la maison avec toujours une demande sur la santé, sur la nuit passée, sur les projets de la journée si nous étions le matin où les commentaires sur un fait public de l’après-midi. Une personne douce et gentille tel était ce monsieur. » AJB
« J’ai rencontré pour la première fois Oumar Ly lors de ma venue à Podor en 2008. » B.V
« Je ne connaissais pas bien ce Monsieur. J’ai découvert son œuvre avant de l’avoir rencontré par le biais de mon amie Frédérique Chapuis de Télérama qui voulait diffuser son travail. Un livre a été édité. En 2014, je travaillais sur un sujet qui m’amena à Podor. » B.T.M
Son atelier.
« Un passage dans l’atelier Thioffi était une obligation matinale lors de la visite au marché. Façade jaune avec un couloir d’entrée où étaient accrochées toutes sortes de photos : personnelles, historiques, amicales, celles de reportages qu’il aimait faire dans les villages alentour de Podor. Dans différentes tailles et formats. Il y avait des historiques faites, lors de visites des Présidents Senghor, Diouf ou celle d’un Jean Collin. A l’angle sur la gauche ses amis l’entouraient informant de son absence quand c’était le cas. Derrière le mur, on venait prendre la pause devant un mur peint d’un avion qui servait de décor possible selon les envies du client. Petit, compact, le studio Thioffi était un lieu de rendez-vous aisé ouvert sur les abords du marché, Oumar saisissait son appareil pour immortaliser un passage étonnant. » AJB
« J’ai visité son studio plusieurs fois j’ai même des photos de lui dans son studio. J’ai mangé et dormis chez plusieurs fois. » B.V
« Je me baladais dans la ville pour y faire quelques instantanées ; je suis attiré par les couleurs vives d’une façade que j’ai voulue prendre en photo ; c’est un studio de photographe, celui d’Oumar Ly, placé au cœur du marché. Un homme à l’intérieur m’interpella du coup et me demanda de ne pas faire de photographie des lieux sans en avoir demandé la permission. Je reconnu l’homme et me dirigeais vers lui pour le saluer respectueusement. L’homme très courtois m’invita à m’asseoir et nous commencions à discuter. Quelques minutes ont suffi pour qu’il m’invite dans sa salle de prise de vues, qui fait antichambre à son petit laboratoire dont je ne saurais dire grand-chose faute de ne pas y être resté plus d’une minute. » B.T.M
Son œuvre.
« Oumar Ly est le témoignage étonnant des années passées, des années 60 où le disco était à la mode et les jeunes des Yéyé fervents. C’est le témoignage d’un homme chaleureux aimant tous les aspects d’une bonne vie et nous permettant d’en prendre conscience à travers ses reportages photos. » AJB
« Pour moi ces photos font vraiment parti du patrimoine du Sénégal il y’a 3 ans Jean-Claude Thoret avait fait une exposition à la Galerie du Manège à Dakar avec mon aide. Il y a dans ces archives une collection de personnalité du pays incroyable. » B.V
« Je n’ai pas la prétention ni la capacité d’évaluer le travail d’un grand maitre comme Omar Ly. Je sais simplement qu’il a décidé de photographier son terroir jusqu’à sa disparition. Les quelques clichés que j’ai pu voir montrent que l’œuvre est non seulement gigantesque mais de qualité irréprochable si nous la plaçons dans un contexte bien défini en tenant compte de l’environnement assez difficile où il fallait développer les pellicules, les faire sécher dans un endroit exempt de poussières et les conserver contre l’humidité et enfin les tirer sur du papier photographique. Il était très doué le grand Oumar. Il était le spécialiste du genre photographique adapté à son environnement. Le portrait- reportage devant permettre aux gens de son terroir dont la mobilité était réduite, de se faire tirer le portrait à domicile. » B.T.M
Quel impact pour sa région ?
« Il me semble que son travail est la preuve de la vitalité d’une région qui cache ses aspirations dans une réserve de bon ton mais qui aime la vie, les belles choses, la culture, le sport, l’amusement qui joue le jeu en réalité quand c’est nécessaire. Quelqu’un d’ouvert et de très généreux présent dans tous les moments forts de la ville comme de la maison Guillaume Foy comme un témoin de son temps qu’il était devenu. » AJB
«Il a fait connaitre à travers son œuvre le Fleuve Fouta et toute sa culture. » B.V
« Les photographies de nos prédécesseurs, d’artistes comme Oumar Ly, ont permis de montrer l’évolution des sociétés Africaines au fil du temps en ce qui concerne la manière de vivre des gens dans leur environnement (mode, rituels, parures, habitat social, etc.) De manière inconsciente, ils ont documenté la vie de leur société dans tous les aspects devenant ainsi les seuls témoins oculaires incontestés de toute l’évolution de leur peuple durant leur existence. » B.T.M
Témoignage d’Anne Jean Bart, Bruno Ventura et Boubacar Touré Mandémory
Son site : http://www.oumar-ly.com/
D’autres articles sur Oumar Ly :
Au Sénégal.Com :http://www.au-senegal.com/oumar-ly-photographe-a-podor,1617.html
RFI : http://www.rfi.fr/afrique/20160303-deces-photographe-senegalais-oumar-ly-podor