Hot! Thais Diarra, une voix Afro-Soul

Thaïs Diarra

 

J’ai rencontré Thaïs Diarra un matin de la dernière semaine de janvier. L’artiste suisse de passage au Sénégal, pour une série de représentations à Dakar, avait gentiment accepté de faire un arrêt à la Boite à Idée.  Très honorée par sa visite, je profitais de l’occasion pour lui poser quelques questions sur son parcours, ses deux derniers albums et la raison de sa présence à Dakar.

 

 

Thais Diarra, une voix Afro-Soul

« Je m’appelle Thaïs Diarra, je suis suisse avec des origines maliennes et sénégalaises. Je fais de la musique afro-soul. J’intègre des instruments traditionnels africains du type balafon, kora, djembé, percussions, etc. Je les mélange à de la Soul noire américaine. C’est un genre musical que j’ai écouté à la maison pendant toute mon enfance. C’est un mélange des univers que j’ai côtoyé. J’ai découvert l’Afrique plus tard. A ce moment-là, je suis tombée amoureuse de ces sonorités qu’on n’entend pas en occident.

Je suis une artiste métissée qui mélange un peu différents styles. Les instruments qui sont présents dans mes deux albums viennent principalement de l’Afrique de l’Ouest. Après j’ai d’autres projets sur lesquels je travail qui sonne plus afro-beat. J’ai voyagé pas mal, notamment en Afrique du sud et il y a aussi des sonorités différentes, que j’aime intégrer dans ma musique. J’essaye d’intégrer tous ces différents univers. Des sources d’inspirations oui j’en ai quelques-unes Lauryn Hill, Erykah Badu, Fatoumatou Diawara, j’aime aussi Gasandji, Rokia Traoré, Nneka. »

 

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Les débuts.

«  A 15 ans, je faisais des chœurs, j’avais des projets en Suisse, plutôt Hiphop, Soul, RnB. A 20 ans, je suis allée en Afrique, après le décès de mon père, je suis allée au Mali puis je suis venue au Sénégal. Tout est allé très vite, j’ai rencontré plein de gens dont Didier Awadi. Awadi je l’avais rencontré quelques mois auparavant en Suisse. C’est le joueur de kora, Noumoucounda Cissoko qui me l’avait présenté.  

Trois semaines après mon arrivée, j’étais déjà sur scène aux cotés des PBS. Je ne parlais pas wolof, j’ai directement chanté des mélodies. (Rire) C’était sur le tas. C’était en 2005. De là, j’ai fait d’autres rencontres, des tournées en Afrique et en Europe. Là que j’ai rencontré Fred Hirschy, mon producteur, qui lui aussi est suisse. J’ai travaillé avec lui sur mon projet solo Métisse. J’ai utilisé tous les liens que j’avais avec ces artistes pour produire un album plutôt acoustique. »

Métisse

«  J’ai écrit mes textes et j’ai composé en partie l’instrumental. Après c’est Fred qui a travaillé la musique. J’ai invité pas mal de monde, Xuman, Noumoucounda, Awadi, Fredy Massamba, Roots Phéno. Chacun a amené sa touche.  Ça s’est fait très spontanément. Ça s’est fait en famille. C’était très sympa. On a enregistré une partie des voix à Genève, les instruments à Dakar. Ca a pris quatre ans. J’avais envie que cet album me ressemble. J’avais envie d’aborder des thèmes en profondeur : tolérance, racisme, parler de mes racines et que ce soit compris par le maximum de gens. Je chante beaucoup en anglais aussi. On a fait des dates en Suisse, après je suis revenue ici et très vite je suis retourné en studio. En 2015, j’avais déjà le deuxième album qui était prêt. Je savais où je voulais aller. »

Danaya

« Danaya, ça veut dire la confiance. C’est le titre du nouvel opus. Il est sorti il y a un an et je tourne avec depuis un an, je l’ai présenté au public européen, en Afrique de l’Est (Kenya, Rwanda, Tanzanie). C’est ce projet que j’aimerais présenter à Dakar. On joue le 09 Février au Just 4 U, le 11 au Blue Saxo, le 17 au Goethe Institut.

Pour la date du Goethe, je présenterai le projet avec mes sœurs artistes. L’album Danaya est dédié aux femmes, aux femmes de la diaspora, aux femmes africaines. La femme a une place incroyable dans la société mais elle n’est pas reconnue. J’avais envie de dédier cette date aux artistes sénégalaises et de les inviter à m’accompagner sur cette scène. »

 

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Mama Mwana

« Parallèlement j’ai mis en place, un réseau de femmes artistes, qui se réunissent pour mettre en valeur leurs projets. L’unité fait la force et je pense qu’ensemble, si on partage nos combats, on peut créer de plus grands projets. L’idée c’est de soutenir par exemple une jeune styliste qui voudrait ouvrir un atelier de couture, ou de soutenir une artiste qui voudrait enregistrer un album. Mama Mwana c’est 30 marraines, qui vivent entre l’Angleterre, l’Ouganda, la Suisse etc.  Parfois il manque juste un contact, ou un lien, pour qu’une chose se développe. En Afrique du Sud, j’ai vu des femmes qui entreprennent et sont tellement motivées. Je me suis dit : « waw, c’est génial ! Il faut que je les mette en contact avec d’autres. »

Retrouver le Mama Mwana : Facebook Group 

Etre une femme artiste, est-ce une aventure épique ?

«  Je dois toujours défendre mes identités multiples. Il y a beaucoup de questions, de clichés et d’ignorance, des deux côtés, en Suisse ou en Afrique. C’est un combat de tous les jours. Au niveau musical aussi. Ici, dans le hiphop les gens sont parfois très américains, ils oublient parfois le potentiel qu’il y a dans la musique africaine.  Et en Europe c’est pareil, ils imaginent une Afrique plus sauvage. Après les choses changent avec internet, on découvre des choses de part et d’autres. C’est aussi une histoire de confiance en soi. On a entendu pendant des années des choses qui étaient fausses. Les gens qui voyagent doivent donner les bons messages et dire la vérité. Les choses s’améliorent… En Afrique, on est en avance sur certaines choses même. »

 

 

Un conseil à donner ?

« Vraiment savoir ce qu’on a envie de faire et savoir pourquoi on le fait.

Prendre confiance en soi. Ne pas écouter l’extérieur et savoir d’où l’on vient. On est tous unique donc il faut trouver ce qu’on a en soi et ne pas avoir peur de se lancer. Des fois ça ne marche pas, mais il ne faut pas avoir peur d’expérimenter. Faut se relever et travailler, chercher, se remettre en question… 

On n’est pas toujours entouré des bonnes personnes, mais déjà, si on se connait, et on reste vrai, c’est comme ça que ça démarre… je me suis trompée parfois, mais l’expérience et le travail m’ont permis de faire ce que j’aime aujourd’hui. »

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Le label Karantaba Records : Facebook

 

 

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