Hot! Fatima Zahra présente So’Fatoo

Fatima Zahra présente So’Fatoo 

 

Je découvrais le travail de la fashion designer Fatima Zahra , à la tête de la marque So’fatoo il y’a quelques mois lors de la sortie du volet “Boubou Revolution” de la collection “Laamu”. J’avais alors apprécié ces longues tenues impériales dans des gammes de rouges bordeaux.

 

 

Fatima Zahra Ba photo de Siaka Traoré

Fatima Zahra Ba photo de Siaka Traoré

 

Comment tu te définis ?

« Je m’appelle Fatima Zahra Ba , je suis une jeune sénégalaise, voilée, musulmane, Fondatrice de la marque So’fatoo, que j’ai crée il y’a six ans au Maroc, Haal pulaar , je tiens à le préciser parce que c’est une partie très forte de mon identité.  Je suis apprentie designer, autodidacte dans le domaine étant donné que ce n’est pas ma formation de base ; J’ai fait du Droit Public en Licence et Relations Internationales en Master. Je suis très engagée dans la lutte pour l’égalité de genre, je travaille d’ailleurs au Ministère de la Femme. Je suis aussi une femme entrepreneurE ! Il faut le dire et le redire, parce que rien que ça c’est un combat quotidien. »

Ce n’est pas moi qui vais te contredire… Mais pourquoi “apprenti designer “? Ta marque est quand même bien assise dans le paysage local…

« Apprentie parce que c’est un métier que je respecte énormément. Il est très facile pour chaque personne dotée d’un peu de goût et d’imagination de dire oui je suis styliste pour avoir conçu une tenue que quelqu’un d’autre a réalisée. Etre designer c’est bien plus que çà au fond. Jusqu’à ce jour j’ai encore énormément de choses á apprendre. Dans mes moments de conscience, je rechigne à me proclamer styliste au même titre que d’autres qui ont fait plus que moi et qui sont là dans ce même paysage. Ce n’est pas seulement une question d’études, même si je pense que c’est une source de légitimité. C’est aussi, je pense ,réellement maîtriser le processus, être capable de produire sa collection toute seule, ce que je suis incapable de faire à l’heure actuelle. Il me faut le concours de mes tailleurs. Je ne nie pas avoir fait des choses appréciables et que la marque alhamdoulillah a une belle visibilité mais je sais que je dois faire plus et in Shallah, je ferai plus. »

 

The Apogee - Laamu- Sofatoo

The Apogee – Laamu- Sofatoo

 

Comment tu jongles entre tes deux casquettes professionnelles ?

«  J’ai commencé à travailler au Ministère il y a dix mois. C’était très difficile au début. On avait des horaires impossibles. Je démarrais à 09h 30 et finissais souvent à 01h du matin. C’est un nouveau Ministère parce qu’il y’a eu une refonte, nous avons été amputés de l‘enfance et c’est désormais le Ministère de la Femme, de la famille et du genre.  C’était donc une nouvelle équipe, ce qui explique la période difficile d’accommodation. Pendant pratiquement 6 mois je ne pouvais m’occuper de So’Fatoo qu’en weekend. Des fois à l’heure de la pause je courais chez mes tailleurs qui heureusement ne sont pas loin du bureau. J’avoue que c’était très stressant. Mais grâce à dieu, depuis mars j’ai des horaires plus normaux. Je finis à 17h, puis j’enchaine chez les tailleurs et vers 23h je rentre à la maison. Ca me fait de longues  journées mais j’aime passer du temps à l’atelier et assister à la production du début à la fin. Je prends beaucoup de plaisir à m’asseoir et regarder le tissu que j’ai acheté ou fait faire devenir le vêtement que j’ai imaginé. Et j’avoue que je ne me passe plus de la compagnie des tailleurs, c’est un peu ma deuxième famille. »

So’Fatoo. Tu fêtais récemment l’anniversaire de la marque et présentais pour l’occasion ta dernière collection.

« Chaque année, on essaye de faire quelque chose.  La première année c’était à Casablanca, c’était une soirée dont je ne suis pas très fière. Les deux années suivantes c’était des campagnes en ligne, l’une impliquait la communauté So’fatoo, qui avait d’ailleurs bien joué le jeu, c’était très sympa. Ensuite il y a eu le Rendez vous de l’entreprenariat au Monument de la Renaissance, où j’ai organisé une vente privée ; L’année d’après c’était une fashion afterwork au showroom d’Hapsatou Sy. Et Cette année enfin un défilé au Pullman. Je voulais marquer l’évolution et bien faire les choses.J’ai sollicité le concours d’ Almamy LO qui est le producteur des défilés de la Dakar fashion Week á qui je rends d’ailleurs hommage dans la collection. Il m’a énormément aidée et grâce à Dieu et à nos nombreux sympathisants, ça a été un beau succès. Surtout que l’événement s’est autofinancé grâce à l’achat des tickets en prévente et j’en suis très reconnaissante à tout ce beau monde.

 

Fatima Z.Ba - IdeaboxDK

Fatima Z.Ba – IdeaboxDK

 

La collection que je présentais se nomme Apogée. La tenue que je porte en fait d’ailleurs partie. Apogée est le troisième volet de la trilogie  Laamu (qui signifie royauté en Pulaar.) qui rend hommage aux rois et reines d’Afrique. Je tenais à mettre en exergue ces parties de notre grandiose histoire qui pour moi  revêtent une importance capitale. C’est un moyen de redonner du sens à ce qu’on fait aujourd’hui, qu’on sache qu’on fait partie d’un grand continent qui l’a toujours été. Et oui J’avoue, je suis passionnée d’histoire !

Le premier volet intitulé Black Excellence se décline en noir et doré et présente plusieurs rois et reines de l’Antiquité. Il y’a beaucoup d’Egypte Antique, de Nubie mais aussi de clins d’oeil à l’Islam et au monothéisme avec un hommage rendu à la Reine de Saba et à Akhénaton.  Le second opus, s’appelle Boubou Revolution et comprend des tenues  Burgundy et doré. A l’esprit révolutionnaire des rois et reines qui ont vécu entre le 12e et le 19e siècle (Kankan moussa, Ngoné Latyr, Maba Diakhou etc) s’allie celui des coupes de ces boubous qui arborent des features très orientaux ou occidentaux (col mao, boubou smoking, boubou blazer etc).

The Apogee qui boucle ce cycle fait honneur á nos rois et reines contemporains, á ces personnalités de notre monde d’aujourd’hui qui pour moi sont des exemples pour notre société. Chaque personne qui y figure a été choisie pour son parcours, ses réalisations, ses combats ou encore les valeurs qu’il incarne. Des fois tout juste pour sa façon d’être. En gros, 30 tenues portant les noms de personnes inspirantes dont 12 présentées à la Dakar Fashion Week de cette année.

 

Black Excellence - Laamu - Sofatoo

Black Excellence – Laamu – Sofatoo

 

Quels sont les prochaines étapes cette année pour So’fatoo?

« Je travaille depuis un moment sur la prochaine collection. Je peux déjà vous dire qu’elle sera Orange et que ce sera plus une campagne de lutte contre les violences basées sur le genre. C’est une collection autour de laquelle j’aimerais fédérer des personnalités qui sont engagées pour cette cause ou qui en seraient de bons ambassadeurs.

C’est une question qui me tient à coeur.  Tu sais d’après l’étude du Laboratoire GESTES de l’UGB 60 % des femmes sénégalaises souffrent de violences. C’est juste énorme. Enorme et inadmissible. Les femmes représentent plus de la moitié de notre population et donc une part énorme de l’économie du pays. On ne peut développer le Sénégal sans que les femmes ne soient autonomes. Tant qu’elles n’auront pas la paix, tant que leur condition n’aura pas été améliorée, on stagnera !

Pour moi la mode est un moyen d’expression, de sensibilisation et de communication. Et j’aimerais vraiment que d’autres designers participent à cette campagne et que le plus d’acteurs influents possibles s’alignent á nos côtés. Des hommes surtout. Il est temps de respecter l’engagement de notre pays qui s’est  officiellement lancé dans la campagne #heforshe de Onu femmes le 8 mars dernier (#luipourelle) en wolof Goor Jappaleh Jigueen. »

 

Laamu - So Fatoo photo de RichardDeMedeiros,

Laamu – So Fatoo photo de RichardDeMedeiros,

 

Si tu étais un vétement, tu serais quoi ?

« Un boubou ! Ouvert au milieu avec une robe brodée en dessous. Un boubou rouge bordeaux forcément avec du pagne tissé bronze où noir. Pourquoi? Parce que ça permet de montrer beaucoup plus de moi même. »

Ou te vois-tu dans dix ans ?

«  Maman de trois enfants inshallah, mariée, heureuse dans mon foyer. ..A la tête d’un petit empire, j’espère. Actrice majeure du développement de mon pays, oeuvrant quotidiennement á faire le bonheur des miens et du plus grand monde possible. J’aimerais également ouvrir un centre de formation pour les artisans tailleurs qui leur permettrait d’être connectés au monde pour qu’ils puissent suivre l’évolution et qu’ils ne perdent pas leurs parts du marché. J’aimerais aussi implanter au Sénégal une usine textile, pour produire des tissus qui seront authentiquement faits par nous et pour nous. Enfin je rêve de créer une espèce de Galerie la Fayette à l’Africaine, présente dans les plus grandes capitales et qui réunirait les plus grands designers du continent. »

 

 

Retrouver So’Fatoo :

Website : www.sofatoo.com

Facebook: https://www.facebook.com/sofatoo/

Instagram: https://www.instagram.com/sofatoo/

Twitter : https://twitter.com/so_fatoo

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