Hot! Jay One, Parrain du Festigraff 2014

Jay One

J’ai rencontré Jay One durant le Festival annuel du graffiti à Dakar.  L’artiste était l’un des invités phare du Festigraff. Depuis la BDM (Biscuiterie de Médina) un après midi d’Avril, je décidais d’interviewer « le parrain » de l’édition 2014. Pausé à quelques mètres du cœur du village du Festigraff, Jay One accepta gentiment de répondre à mes questions.

 

 

Ces débuts…

« J’étais jeune et j’avais du temps à perdre… (Rire).  J’ai découvert le Graffiti via la télévision. J’aimais le dessin et j’ai eu envie d’essayer. » Il touche son premier mur en 1983, nous sommes dans le 19ieme Arrondissement à Paris. Jay One graff entre Jaures et Belleville. C’est aussi en 1983, qu’il fonde à Paris le célèbre BBC (Bad Boy Crew). Il devient alors une véritable star de ce genre alors peu connu dans les années 1980. Il participe à de nombreuses expositions depuis lors  et continue aujourd’hui  la peinture. Il fait aussi parti du groupe 156| ELM | TNB.

A ces débuts, le graffiti n’était pas illégal, car peu connu. «C’était illégal d’écrire sur les murs mais nous on écrivait pas. On peignait.» Jay One et son groupe peignaient des vieux murs et prenaient possession des terrains vagues. «On touchait des endroit qui méritait d’être rénové. Au début les gens étaient surpris. Parce qu’on ne met pas de la couleur dans la ville, et encore moins dans les banlieues parisiennes. » Le graffiti est devenu illégale quand le gouvernement français a vu l’ampleur que prenait ce phénomène nouveau. « Ils ont essayé d’enrayer le graffiti, en vain. Il y’en a plus en plus. Je ne me suis jamais mis en position de penser que c’était illégal. J’ai toujours été dans un esprit d’expression artistique naturelle. Je n’ai jamais cherché à offenser qui que se soit ni à faire du vandalisme. J’avais envie de crier comme tout adolescent. » A cette époque Jay One prend conscience de son environnement, de la joie et de la tristesse des familles qui vivaient dans ces banlieue. « Ces gens étaient peu mis en avant voir mis de coté. J’avais envie de partager ce mal être et cette vie «  de l’ombre. » »

 


Le graffiti a-t-il sa place dans un musée ?

En ce qui le concerne, Jay One ne peint pas sur des toiles. « J’ai du mal à retrouver le dynamisme, la liberté de mouvement que j’ai  quand je peints dehors. Mais  je ne pense pas qu’il doit rester dans la rue.  Je pense par contre qu’il y’a une façon de l’intégrer. Il faudrait qu’il y ait plus de graff dans les musées ou galeries. » Bien vrai que les graffs sont éphémères, pour Jay One ce n’est que leur seconde nature. L’art par essence est éphémère et reste éphémère, s’il n’est pas dans un musée. Sinon il se délabre.  Pour l’artiste les graffeurs rénovent l’architecture urbaine en redonnant vie à des édifices mourants.

Le graffiti concentre beaucoup de formes artistiques différentes. Des graffeurs sont devenus photographes, dessinateurs ou graphistes.  « Le graff peut révéler des talents. Il y’a toute une histoire derrière. Le problème aujourd’hui, c’est qu’on pense le graff, on ne pense pas au individu. On fait des choses différentes les uns des autres…»

Jay One ajoute que dans ce mouvement, il retrouve beaucoup de parallèles avec l’art dans sa définition la plus traditionnelle… « Le Graffiti c’est le dernier mouvement artistique. Il mérite beaucoup plus que l’attention qu’on lui porte aujourd’hui… »

 

 


Concernant le Sénégal, Jay One avait quelques appréhensions. « Les pays qui commencent très tard ont souvent du retard mais c’est pas le cas au Sénégal. Les graffeurs locaux ont le même niveau qu’on peut retrouver  à Paris ou d’en d’autres villes de France. » La seule variante pour Jay, c’est le matériel. Après dans le Graffiti Sénégalais, les artistes représentent beaucoup plus la culture locale et s’adressent aux populations. « Ils écrivent des phrases qui s’adressent à leur environnement. Mais Y’a du talent…beaucoup  de talents. Sans oublier le dessin. On n’a pas cette vision de l’Afrique de l’extérieur. S’il y’avait les mêmes moyens techniques et pratiquent, l’Afrique serait certainement numéro un de l’art contemporain. J’aime la spontanéité et l’essence qu’il peut y avoir ici. »

Jay One a fait bon nombres de voyage grâce à son art. New York, le Bronx, le Japon, Berlin maintenant au Sénégal pour cette première africaine. «J’ai vécu deux ans à Londres et une dizaine d’année à Berlin. L’art me fait voyager mais c’est aussi l’art qui me fait partir. J’aimerais aller au Benin. Pour l’histoire, les relations humaines, les sculpteurs de bronze… la culture du vodou. J’aimerais en savoir un peu plus. Togo peu être. Nigéria pourquoi pas et Gambie. »

N.B : Le style de Jay rentre dans la catégorie dite Semi While Style. C’est une écriture assee illisible. ca garde une certaine dynamique, une mécanique.  Les formes sont plus géométriques. « Je fais un peu de tous mais les gens me connaissent pour le semi while style. » La phrase clé de Jay : « God is Good. »

 

 

Son mots de la fin : « Je n’ai pas de conseil à donner, les gens sont vaccinés, ils savent ceux qu’ils ont à faire. Si j’ai quelques choses à dire, c’est juste bon courage, continuer et aller de l’avant…»

RETROUVER Jay One sur :

Exposition dans le cadre du FESTIGRAFF 2014 : https://www.facebook.com/Festigraff05

Exposition dans la cadre de la Biennale : AFRIKAADA (http://www.afrikadaa.com/)

 

 

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