Hot! Jean Fall présente CineWax

Qui êtes-vous? ( Jean Fall)

« Je suis un étudiant en droit, français d’origine sénégalaise (bientôt la double nationalité!). J’ai 22 ans, et je suis le fondateur du projet et de l’association CINEWAX. J’aime le cinéma! Je suis aussi d’autres choses mais on va se limiter là! »

 

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Comment et pourquoi avoir créé CineWax?

« Pour faire court, j’ai découvert mon deuxième pays, le Sénégal, à l’âge de 19 ans. Je n’y avais jamais été avant, et j’ai eu envie de tout découvrir! Je suis donc revenu d’année en année. C’est à travers ces différents voyages, que j’ai découvert mon pays et ses réalités. A chaque séjour, j’essayais d’apporter un petit quelque choses à mes proches, et mes amis. Puis à un moment donné, je me suis demandé si je ne pouvais pas faire plus, et laisser quelque chose de plus concret et durable que des mp3 ou des vêtements.

 

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L’idée de CINEWAX est donc venue à moi cet été, lorsque je suis reparti au Sénégal (1 mois et demi).  J’avais remarqué quelque chose de frappant: je n’avais pas vu de cinéma à Dakar ni dans les autres villes où j’étais allé, M’bour, Kaolack, Saint Louis, entre autre…!

C’est après ce constat que j’ai réalisé qu’il y avait un véritable problème dans l’offre culturelle et le cinéma au Sénégal. En fait, il y avait des cinémas, mais très peu, si bien qu’on ne les voyait pas.
En me renseignant, j’ai appris que la plupart des cinémas avait fermés, bien que déjà peu nombreux à l’échelle du pays, et que la situation de l’industrie culturelle cinématographique sénégalaise s’était dégradée depuis un certain nombre d’année, si bien que les marchands ambulants envahissaient aujourd’hui certains cinéma d’autrefois!
En outre, le cinéma sénégalais a connu son âge d’or dans les années 50 – 60, et fonctionnait très bien, avec des réalisateurs comme Ousmane Sembène, ou Djibril Diop Mambéty. Mais aujourd’hui, on ne connait presque aucun réalisateur sénégalais (nouveaux), même au Sénégal.

A côté de cela, je voyais que l’offre de cinéma était limitée par rapport à ce que je pouvais avoir en France. Rien qu’en regardant la télévision, je pouvais constater cet écart! On peut y trouver des séries et des films des années 80, et des télénovelas d’une qualité douteuses (ce n’est que mon avis!) !
Mais pourtant les sénégalais adorent le cinéma!

Le problème réside donc la difficulté d’accès à la culture cinématographique du fait du manque de salle et d’infrastructures de soutien au cinéma. A cela s’ajoute les conditions économiques difficiles du pays et le manque d’emploi, qui touche particulièrement les jeunes.

Pour ma part, en tant que passionné de cinéma, j’estime qu’il fait partie intégrante de ma vie. C’est un art qui permet de construire sa pensée, façonner sa vision du monde, et en cela, il est nécessaire à chaque individu.

A l’ère d’internet et de notre monde mondialisé, où tout est accessible rapidement et facilement, je ne vois pas pourquoi certains seraient coupés de cette source de culture, seulement pour des questions de géographie!

Ainsi, j’ai voulu créer quelque chose qui pourrait concilier les deux: mon envie de partager ma passion pour le cinéma, tout en créant de l’emploi et respectant les besoins réels des gens!

 

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CINEWAX, c’est donc l’idée d’un cinéclub qui permet à ses membres de visionner des films déjà sorties et distribués à un coût très abordable.
Notre projet est de mettre en valeur le cinéma sénégalais et africain, mais aussi permettre un accès au cinéma dans son ensemble pour assouvir cette soif de connaissance! Nos films seront d’origines internationales, et de qualité; aussi bien américain, que Nollywood, ou Bollywood, on accepte tout! Le mot d’ordre est « diversité ».

C’est aussi un espace de rencontre, dans lequel les gens peuvent échanger, discuter autour sur les films, tout ça dans la convivialité locale déjà bien développée!  Grâce à son activité, nous pourrons payer des salariés et favoriser l’emploi local! L’objectif est l’indépendance de ces salles (gérées en accord entre les futurs gérants et l’association) qui seront organisées par les habitants du quartiers!

Mais CINEWAX permettra aussi plein d’autres choses pour les quartiers dans lesquels ses salles s’incluront : invitations d’artistes locaux à présenter leurs œuvres, concerts, cours de langues,… on a beaucoup d’idées à mettre en œuvre!
Je dis « on » car aujourd’hui nous sommes une équipe de 17 personnes que j’ai réussi à convaincre pour m’aider à monter ce projet sur place et en France!

En effet l’idée est d’avoir des activités dans les deux pays, et de créer un véritable pont culturel à travers le cinéma! »

 

Pourquoi ce nom?

« Cinewax c’est à la fois pour le Wax, tissu coloré très répandu en Afrique, coloré, diversifié, vivant: il exprime pour moi l’esprit du projet, qui se veut culturellement ouvert et dynamique. C’est aussi « wax » ou « Wakh » (comme vous!) c’est-à-dire « parler, dire » en wolof (une des langues du Sénégal); et signifie que nos salles sont des lieux d’échanges et de rencontre! »

 

Quels sont les ambitions de la structure pour cette année 2015?

« Nous avons pour ambition cette année de créer notre première salle à Dakar dans le courant du mois de mars 2015!
On aimerait réaliser une grande soirée de lancement, mais cela dépendra de nos possibilités et du temps!

Une fois installés, nous voulons pouvoir créer des cinéclubs dans d’autres quartiers de la ville et pourquoi pas d’autres villes!

Nous voudrions ouvrir environ 5 salles jusqu’à la fin de l’année 2015. Mais si les moyens nous le permettre, on redéfinira cet objectif à la hausse!

On veut travailler à chaque instant avec les gens sur place, si bien que le mobilier de notre salle sera construit par des artisans sénégalais. Actuellement je suis en train de réfléchir avec des architectes qui sont venus me contactés, à des modèles de mobiliers innovants et au futur agencement de la salle (visuels à venir bientôt)!

Aussi, sur le terrain de l’innovation, on veut se placer comme un réel acteur, et utiliser les nouvelles technologies pour nous activités. On voudrait développer une application qui nous permettra de gérer nos membres et nos séances, pour qu’eux mêmes puissent accéder à nos services en temps réel, et réserver leur séance à distance!

Enfin, c’est un réseau solidaire que l’on veut créer, en s’entourant d’un maximum d’artistes pour nous soutenir! Je pense d’emblée à M. Youssou N’dour, mais je sais qu’il n’a pas beaucoup de temps!

 

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En France aussi, on veut créer des choses! Permettre un accès à la culture cinématographique africaine et sénégalaise, trop peu connue. Cela s’organisera sous forme d’événements, où nous réaliserons des projections de films, tout en mêlant débat, concert et autres activités culturelles! Nous comptons nous adresser à beaucoup de salles sur Paris pour qu’elles nous accueillent gentiment!

Le pont culturel s’exprimera à travers des événements croisés, et surtout un échange par le cinéma! On mettra notamment en place des ateliers (une de nos activités) pour que nos membres puissent avoir des cours sur l’histoire du cinéma, ou encore sur les techniques de réalisation, donnés à la fois par des étudiants et enseignants, ou des professionnels du métiers; dans les deux pays! »

Comment pensez vous que CineWax sera reçu au Sénégal?

« Je me suis beaucoup posé la question! Mais afin de trouver une réponse, on est allé à la rencontre des dakarois!

 

Ca s’annonce plutôt bien!

Pour en discuter un peu plus, comme je disais plus haut, je pense que les sénégalais manquent d’offres culturelles cinématographiques adaptées à leurs moyens et leurs envies. Mais nous ne sommes pas là pour créer des cinémas, mais bien des cinéclubs, car nous avons une certaines vision du cinéma que nous souhaitons affirmer, et être libre dans notre démarche.
Je pense que c’est ce que les gens ont envie de voir, quelque chose d’intéressant, et qui les concerne.

Au niveau de l’accueil des professionnels de la culture, on est déjà en contact avec un certain nombre d’artistes sur place, comme le rappeur Didier Awadi, du groupe Positive Black Soul, avec qui j’ai eu la chance d’échanger (mais on n’en dit pas plus!)

Il y a aussi des associations et d’autres acteurs qui ont accueillis l’idée avec enthousiasme, sans même m’avoir vu!  On a déjà commencé à recruter des gens sur Dakar, et je trouve ça formidable qu’internet permette ça aujourd’hui. Quand on regarde la page facebook par ailleurs, on voit qu’il y a beaucoup de sénégalais (merci pour votre soutien)! »

 

Que pensez vous de l’industrie culturelle sénégalaise?

« Je ne suis pas issu de ce milieu à la base, et je ne fais pas d’études dans le cinéma, donc mes connaissances sur « l’industrie culturelle » dans son ensemble sont limitées, encore plus pour le Sénégal. Et puis je n’aime pas trop ce mot, c’est assez agressif, et ça renvoie simplement à l’aspect économique de la culture. Mais cela n’empêche pas que je m’y intéresse activement. Ce que je peux dire pour le moment, c’est que la culture foisonne au Sénégal, qui a réussit à conserver ses traditions malgré tout. Des chanteurs, des danseurs, des griots, etc… il y en a énormément!

Maintenant, je ne sais pas si on peut réellement parler d’industrie vu la situation actuelle d’organisation du domaine de la culture. Il y a de réelles inégalités, et peu nombreux sont ceux qui réussissent. En plus de cela, on sait bien qu’il y a des zones d’influences importantes, et que finalement tout le monde ne peut pas être concerné et avoir accès à la culture. Il reste beaucoup de choses à faire pour démocratiser le travail de cette « industrie » culturelle au Sénégal. »
Vous vivez en fr, pourriez-vous faire un parallèle avec l’industrie culturelle fr ? ( proportion gardée)

 

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« C’est une question très large! Surtout que vous me parlez de culture avec un grand C (cinéma, mais aussi musique, littérature, théâtre, etc…). Je dirais que le problème en France est inverse. C’est tellement développé que les acteurs de la culture ne savent plus quoi faire pour intéresser les gens, et nous-mêmes ne savons pas où donner de la tête! Si je vous parle du théâtre, on dénombre pas moins de 300 spectacles par jour chaque soir à Paris! Je ne sais même pas combien il y en a à l’échelle du pays. Et c’est un secteur « en crise ».
Alors pour le cinéma, c’est encore plus gros! Je sais qu’il y a 541 distributeurs actifs de films en France (2013) pour 6600 films environ; 5500 salles actives (écran) et 2500 cinémas en 2014 (chiffres du CNC).
Vous imaginez le nombre de films que ça fait par an? Sans parler de la complexité du système de financement, (collectivités, acteurs privés, obligations de chacun de parties, système des droits d’auteurs, etc…). Bref, c’est gigantesque! Et puis on n’a pas forcément les moyens d’y aller! Mais quand même il y a des offres comme les forfaits mensuels illimités de UGC. Mais tout ça pour quoi finalement? Je n’ai pas la réponse! Je sais que c’est ce qui permets au cinéma de perdurer en France
En parlant des chiffres du CNC, on se rend compte qu’il y a aussi un problème de statistiques au Sénégal.
Je pense qu’il faut y voir une réelle volonté d’organisation, que doit savoir faire chaque Etat, et donc le Sénégal aussi.

Mais je ne suis pas là pour m’arrêter sur les problèmes, ni pour critiquer le cinéma sénégalais, qui n’est pas la même chose que « l’industrie culturelle » et je préfère me concentrer sur les solutions. Surtout qu’on parle de deux pays différents, et de la culture! Les solutions à trouver au Sénégal n’ont rien à voir! »

 

Quels sont vos ambitions? où vous voyez-vous d’ici les dix prochaines années?

« Encore une questions très large! Je n’ai jamais su répondre à cette question. Je me vois le plus loin possible! Mes ambitions c’est de pouvoir réaliser ce que je veux, et de ne pas être contraint à travailler pour quelque chose qui me donnerait l’impression de perdre du temps! »
Avez-vous un conseil pour la jeunesse sénégalaise?

« Bouger! Il faut aller de l’avant et agir plutôt que de constater les problèmes comme les adultes! On est là pour ça! Mais n’essayez pas de venir vivre en Europe ou aux Etats-Unis! Il y a des choses à faire en Afrique! Soutenez-vous et vous arriverez à faire de grandes choses ensemble!

Et aussi… soutenez-nous auss (faites passer le message!) i! Je vous invite à aller voir notre page facebook et Kiss Kiss Bank Bank (avant qu’elle ne soit clôturée) pour qu’on puisse réaliser ce projet dès cette année!

J’aimerais lancer un appel à tous les artistes sénégalais ‘et d’autres pays) qui se sentent concernés par le développement de la culture et du cinéma au Sénégal à nous contacter pour que nous réalisions des choses ensemble.

On a un mail, un facebook, un twitter, nos téléphones, sur lesquels ils peuvent nous contacter! »

 

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1 Comment

  1. Un enthousiasme magnifique, et son promoteur ne parle pas dans le vide. Avec une telle motivation cette idée a certainement un potentiel extraordinaire. Monsieur Jean Fall, si je peux me permettre, vous seriez sûrement bien avisé de vous mettre en rapport avec Frédéric Mitterand ; ça lui rappellera quelque chose.

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