Hot! Cheikh Ndiguel Lo

Cheikh Ndiguel Lo.

Après quelques échanges avec Nicolas Diop, l’attaché de presse de Cheikh Ndiguel Lo, on convenait d’un rendez-vous pour une interview Wakh’Art. Un après-midi de Septembre, Nicolas Diop, Cheikh Lo et le manager passaient à la Boite à Idée pour échanger autour des 40 années de carrière de l’artiste. Anniversaire ponctué par un nouvel album : BalbaLou.  Après un café Touba, Cheikh Lo accepte le sourire aux lèvres, de répondre à mes questions.

 

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Comment vous définissez vous ?

« Je me définis comme un simple Baye Fall, appelait Cheikh Ndiguel Lo. Un Baye Fall qui a trimbalé sa bosse un peu partout, avec sa petite guitare…Un genre de troubadour. Je suis un artiste ! »

C’est la musique qui vous a choisi ou l’inverse ?

« A bas âge j’étais attiré par la musique. Tout le monde savait dans la famille que tôt ou tard ce jeune-là serait un musicien. Je peux dire que la musique m’a accueilli à bras ouvert. Cette année je fête mes 40 ans de musique. On va les fêter en 2016, le 30 Avril. Ca coïncide d’ailleurs avec l’anniversaire de mon fils.

Le 12 Septembre pour la première fois, je fête mon anniversaire, mes 60 ans. Je les fêterais au Just 4 U et avec la sortie internationale du disque Balbalou, on compte offrir pour l’occasion quelques albums. »

Justement parlez-moi de Balbalou ?

« Cet album est pour moi, la consécration de 40 années de carrière écoulées. J’ai travaillé avec un nouveau label, qui a produit cet album. On a eu quelques idées. Ils m’ont proposé une collaboration avec Flavia Coelho, une artiste brésilienne et Fixi, l’accordéoniste pour le titre Degg Gui, Oumou Sangaré, sur le titre Doyal Naniou, et Ibrahim Maalouf, le jazzman qui a fait la trompette sur le titre éponyme Balbalou. On a fait l’enregistrement à Stockholm, chez un bassiste qui a participé à 3 des titres de l’album. Il a aussi fait toutes les prises de son et le mixe de l’album.

On a passé une semaine là-bas. Ce qui est assez étonnant, c’est qu’on a réalisé l’album en 5 jours, pas plus ni moins, les dix titres ! En générale on travail des mois sur un morceau. Mais là ; on a avait déjà fait la maquette à Dakar. Les musiciens connaissaient leurs partitions. On a enregistré en live et sans le clic du métronome. On partait avec un décompte comme sur scène.

Le disque fait son chemin. Il est sorti le 01 juin en France, le 08 en Angleterre et il y’a deux semaines au Brésil. Là, je rentre d’un concert du Japon, il y est également disponible. On a sorti Balbalou en format digitale, Cd et 33 Tour. En Juillet, le disque rentrait dans le top 10 et occupait la première place. En Aout, on nous a signalé que le Womex (World Music Expo) me nommer Meilleur Artiste de l’année 2015. Je dois d’ailleurs jouer le 25 Octobre à Budapest.

Donc en deux mois, il y’a eu toutes cette consécration. L’album Balbalou a rempli les attentes que j’avais. Maintenant on le laisse faire son chemin. On essaye de bien exposer tous ce qu’on a faits. Voilà le fruit de 40 années de travail. »

 

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Comment avez-vous choisis les titres, composé l’album?

« Souvent je ne calcule pas, c’est une histoire de feeling. Par exemple, il y’a un titre sur l’environnement. Dans ce titre je parle de l’utilité de l’arbre et des malheurs de la déforestation. Je pense que c’est à cause de cette chanson que j’ai été invité à l’Elysée à Paris. C’était le Sommet de la Conscience pour le Climat. Il y’a vingt ans de ça, je chantais l’utilité de l’arbre. Et aujourd’hui, ils m’invitent à un sommet sur le climat. C’est un hasard, je ne m’y attendais pas. Je n’attends jamais quoi que ce soit de ma musique. Je parle rek ! Après ceux sont des choses qui vous tombent dessus en plein parcours.

Pour moi, cette invitation me montre juste que j’ai grandi et que j’ai aujourd’hui une maturité artistique. J’étais parmi les dignitaires, les kilifeu. (Rire) Cela implique beaucoup de choses. Tous ce que j’ai fait dans la musique m’a finalement emmené là.

J’ai chanté sur l’eau aussi, cette source indispensable à la vie. Ndokh ! Il y’a aussi Set. A l’époque de cette chanson, les poubelles et l’insalubrité envahissaient Dakar. Ça sentait mauvais, on ne pouvait pas respirer. A cette période j’étais en studio, je me suis dit, il faut que j’en parle.

Concernant, l’écologie, on a participé. Mes chansons parlent de la vie, de la nature, de l’amour, de l’humilité et de la sagesse, de tous ce qu’on peut apporter. Je ne suis pas là pour donner des leçons de morale, nos enfants nous suffisent pour ça. » (Rire)

 

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Quel est ton regard sur le Cheikh Lo à 20 ans ?

«  J’en m’en souviens comme si c’était hier. J’ai toujours été le même. Je n’ai pas changé. J‘avais une ambition, réussir dans la musique et je me suis consacré à ça. J’étais tous le temps dans la musique. De tous temps, même si je n’avais pas mon instrument, j’avais mes paires de baguettes. La famille me prenait pour un fou, je faisais mes exercices sur les coussins du salon. En 1988, je suis revenu de France. Les gens disaient : «Ki ! Fo ko feké mou guénéleu ay baguettes. Est ke sakh moune joué batterie. Dey wakh rek ! … Mom dem ne France, gnibissi neu, indil ou dara loudoul ay ndiague, ak touti wayeum. »

Et regarde ce que la vie a fait, au temps du Xalam, Prosper le batteur du groupe et le chef d’orchestre. Prosper m’avait des choses à régler, des contrats à signer et il m’a demandé de faire répéter le groupe. Tous les morceaux de Souleymane Ndiaye, je les ai joués. Il y’avait tout le monde à cette époque, Grand Cheikh Tidiane Tall, Omar Sow au clavier, Nourou Adala à la basse, Tcho Mbaye percussion, moi) la batterie et Robert Laoud à la guitare. Souleymane devant nous entrain de chanter. Quand tu fermais les yeux, tu avais l’impression que c’était le Xalam qui était en train de jouer. On relevait tous à la virgule, professionnellement !  C’est comme ça qu’on a composé Makhou Lebou Bi et Pape Djili Ba. »

 

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Comment as-tu vu évoluer la musique durant 40 ans ?

« Il y’a eu une révolution par rapport aux années 70/80. A cette époque, il n’y avait pas assez claviste, de batteur. Ça commence à fleurir un peu. Il faudrait plus aller à la recherche de modes musicales et changer les sonorités. Si tout le monde se focalise sur une seule sonorité ça va être difficile. Heureusement il y’a quelques jeunes qui se focalisent sur l’acoustique. Je pense que l’acoustique c’est le futur et non l’électronique. L’électronique a fait son temps. L’acoustique revient… L’artiste et son instrument se suffisent à eux-mêmes.  Il faut avoir un contact avec les instruments. Et retourner à la recherche. »

Si tu étais un morceau de musique, quel titre serais tu ?

« Guiss Guiss. Parce que… la réponse est dans la chanson. C’est mon morceau fétiche. »

Un conseil à donner à cette jeunesse qui se cherche ?

«  Concernant la musique, il faut se consacrer du temps et ne pas être presser. Il y’a beaucoup qui présentent des choses prématurées. Il faut travailler la musique. Musique dou fène. Xol le ak Xam xam. On ne peut pas tricher avec la musique. Il faut parfaire chaque point ne laisser aucun détails. Je sors un album tous les cinq ans. C’est un choix, je ne veux pas bâcler ma musique de 1995 à aujourd’hui, j’ai sorti un album tous les cinq ans. Ces 5 années permettent les rencontres, les tournées, une vraie promotion de l’album.

 

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Quel est la scène qui t’as le plus marqué ?

«  Glastonbury, en Angleterre. L’un des plus grands festivals du monde. 100000 spectateurs présents durant 3 jours. Durant ces trois jours, il y’a eu un mariage, un décès et une naissance. Ça m’a beaucoup marqué. J’étais en tournée quand on m’a appelé. Fela Kuti devait jouer, mais il était malade, les organisateurs du festival m’ont contactés pour le remplacer. Ça a été une très belle scène. Je crois que c’était en 1995.

 

Discographie :

 

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Balbalou dans la presse :

http://www.rfi.fr/emission/20150602-actualite-musiques-afro-cheikh-lo/

http://www.bbc.com/afrique/nos_emissions/2015/06/150602_cheick_lo

http://www.lemonde.fr/musiques/article/2015/06/03/le-panafricanisme-creatif-de-cheick-lo_4646320_1654986.html

https://www.youtube.com/watch?v=3R09danMQIk

Retrouver l’artiste :

 

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Album Balbalou disponible :

iTunes : http://po.st/balbalouukitunes
Deezer : http://po.st/BalbalouDeezer
Spotify : http://po.st/BalbalouSpotify

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