Hot! François Piquet

François Piquet

J’ai rencontré François Piquet à la Résidence Vives Voix, à quelques jours des Partcours ; un évènement annuel dakarois où différents espaces ciblés présentent les travaux de différents artistes durant la première semaine de Décembre. François Piquet est un artiste basé aux Caraïbes, plus précisément en Guadeloupe. Venu au Sénégal dans le cadre du projet «  Headmade Factory », François Piquet présente au côté de Florence Poirier, une série d’œuvre autour du concept «  Remix & me ». 

 

FPiquet

François Piquet

« Je suis né en région parisienne. Je viens de Guadeloupe. Ma pratique artiste est assez récente. J’ai fait plein de chose avant. J’ai été musicien, j’ai fait partie d’un groupe appelé Argh, une référence au Monty python. Mon parcourt professionnel a suivi différentes voix.

Il y’a quinze ans, je suis arrivé en Guadeloupe, par amour en fait. Ma pratique artistique en art visuel a commencé là-bas, il y’a 8 ans. J’ai débuté en faisant de la sculpture. Avant cela, j’avais un collectif de collage. On récupérait des affiches de publicité à l’imprimerie, qu’on transformait et on allait placarder nos créations dans les rues. Je travaillais aussi avec des Architectes. Un jour, j’ai été invité à participer à un évènement organisé par la Maison de l’Architecture de Guadeloupe, sur le site de l’ancienne usine sucrière Darboussier de Pointe à Pitre. J’ai commencé à faire des installations dans la friche industrielle, en utilisant les matériaux qu’il y’avait là-bas. (http://francoispiquet.com/installations-Darboussier2007-piquet.htm)

 

nou

 

J’ai fait ma première sculpture en tressant des lames de fer. Elles étaient utilisées pour faire des tonneaux de rhum, donc elles étaient très symboliques de l’histoire de la Guadeloupe, liée à la traite. Ma première œuvre était une carcasse de taureau de trois mètres de long. J’ai continué à sculpter parce que j’adorais çà. J’ai par la suite vendu ma première sculpture et là, je me suis dit que cette activité ne m’empêchait pas forcément de subvenir aux besoins de ma famille. Donc j’ai beaucoup produit durant huit ans.

J’ai ensuite appris à tailler de la pierre, du corail ; j’ai aussi travaillé avec le papier. En 2009, on a ouvert un squat artistique à Point à Pitre suite aux 44 jours de grève. Tous les artistes qui n’avaient rien à perdre, se sont mis en association pour peser sur les politiques culturelles de Guadeloupe. Ce parcours aidant, j’ai travaillé sur plein de matières différentes.

J’ai pas mal de compétences professionnelles, notamment en multimédia, postproduction vidéo et infographie, que j’utilise selon le type de création qui m’intéresse. Je fais de la sculpture qui parfois dérive en installation, de la vidéo (https://vimeo.com/francoispiquet971 ), et je fais aussi un peu de peinture suite à une grande passion pour la BD. Donc tout ça se réunit dans ce que je fais. C’est une production très éclectique mais qui est né en Guadeloupe et qui est donc très lié au contexte particulier de la société guadeloupéenne. Une société très complexe, très riche et à la fois très violente… »

 

FERPO-catalog-PIQUET-18

 

REMIX & ME

« Mon rapport à l’art est récent, donc en étant autodidacte, j’ai dû beaucoup apprendre et avancer, sans connaitre le milieu de l’art. Au fur et à mesure de mes découvertes, de la compréhension de ce qui m’intéressait, et de ce que j’avais envie de faire, l’une des dimensions qui m’a plue, c’est le rôle de l’art et l’utopie artistique. Ceux sont des choses qui m’intéressent énormément. Je n’envisage pas l’art sans sa dimension politique. C’est là où je peux faire quelque chose pour offrir un monde meilleur à mes enfants. Donc je fais aussi de l’art dans la rue. Ce qui me plait c’est que l’art remplisse ces fonctions utopiques et crée socialement des choses intéressantes. A Saint Martin, la structure Headmade Factory  m‘a invité à participer à un évènement. Je suis allé mettre des œuvres dans la rue. Il y’a toute une démarche de rencontre.  Mon travail consiste à créer en art les conditions de la rencontre. Quand tu crées quelque chose de puissant, les gens qui ne se connaissent pas se rencontrent à travers l’œuvre. On arrive à sortir de l’habitude. Donc on envisage d’autres questions et d’autres rapports au monde.

Avec Florence on a continué à se fréquenter et on a créé le projet « Remix and Me », qui est une confrontation de nos deux univers. On n’a pas le même parcourt de vie, ni le même rapport à l’autre. »

 

wifiterie_1090994

 

Dakar

On est donc à Dakar pour faire cette résidence artistique. J’avoue que c’est très riche. On change complétement de paradigme et de stéréotypes par rapport à la société Guadeloupéenne. Ici, c’est très différent. J’ai pu voir un autre rapport à la diversité,  beaucoup plus riche. Ça fait du , c’est très enrichissant. Par rapport au projet, du fait qu’on a une grande liberté, on a pu rencontrer pas mal de gens. J’ai hâte de revenir. J’espère pouvoir apporter un regard différent, une manière de faire différente.

Concernant Remix and me, j’ai essayé de travailler de façon différente, de briser mes habitudes pour constamment requestionner la manière de faire de l’art. Le fait de travailler, à coté de mon activité artistique, de ne pas faire que ça, c’est un choix qui ne permet de faire l’art que je veux faire et pas seulement l’art que je pense pouvoir vendre.

J’ai apporté des impressions grand –format (à échelle humaine) de Guadeloupe pour coller une partie de la série «  les Archipels du moi » (http://francoispiquet.com/ArchipelsDuMoi-Piquet.htm) , des personnages que je mets dans la rue, qui parlent d’être multiples, être composites.  Apporter aussi la manière caribéenne pour voir comment les gens réagissent. J’ai commencé à Thiès puis je suis venu à Dakar. Dakar est une très grande ville et il fallait que mes personnages puissent se répondre. Je suis donc allé à l’Université Cheikh Anta Diop, pour limiter l’espace investi.

 

11223793_1063175700371111_2049863371447316730_n

 

On a aussi dessiné dans le « couloir de la mort », au charbon et à la craie, en plus des collages, avec une artiste belge que j’ai rencontrée au Village des Arts, Cécile Balate. Le charbon ne coute pas cher et tous peuvent utiliser ce medium. Il y’a des étudiants qui sont passé, qui nous ont aidé. Ca a provoqué des discussions. C’était très sympa.

J’ai aussi fait des dessins sur de la WAX, au fusain et à la peinture blanche, sur le mélange, le pluriel, le remix culturel lié à notre époque. J’ai fait les portraits des masques qui étaient dans la résidence sur lesquels j’ai ajouté des prises usb, des antennes, des écouteurs. A Dakar j’ai été frappé par le fait que tout le monde a un smartphone,  des écouteurs, etc. J’ai aussi été frappé par tout ce qui dépasse du paysage : les minarets, les grues, les antennes téléphoniques. Donc j’ai dessiné tout ça, un mélange de passé et présent.  (https://www.facebook.com/media/set/?set=a.1061986400490041.1073741845.100000360747103&type=3 )

Avec Florence on a aussi essayé de travailler sur le rapport sur l’intime. Comme on est dans une résidence, qu’on a vécu et travaillé dans cette maison, on avait envie de faire une exposition qui intègre la maison, et ainsi exposer notre rapport au monde. L’idée est d’avoir un espace de rencontre. Un lieu qui facilite la rencontre, ça fait partie de ce qu’on a envie de faire en tant qu’artiste.

 

12235076_1063571950331486_781212556368392678_n

 

J’y présente des photos « annotées »  de Dakar (sur lesquelles j’ai tracé des petits dessins numériques), et des vidéos, dont une qui présente différentes couches de mes projections et/ou de mes écrans sur Dakar : un tour de zapping filmé sur la TV de la résidence, le lendemain des attentats de Paris, mixé à des images du bord des routes sénégalaises, prises depuis une voiture (derrière « l’écran de la vitre »), le tout projeté sur le discours de Dakar de Sarkosy de 2007, que j’ai préalablement corrigé à l’encre rouge.

Ses influences

« Oui j’ai des influences, après, il y’a celles qu’on va chercher, celles qu’on subit. J’ai travaillé dans la publicité et j’ai appris qu’il faut avoir une conscience face à l’image, avoir un discours critique sur ce qu’on voit et s’interroger sur pourquoi on fait de l’art ? Je lis énormément, je regarde énormément d’images, je lis pas mal d’ouvrages critiques. Il y’a des références que j’utilise en négatif et des références dont je m’inspire, et je m’appuie aussi sur les souvenirs de fortes émotions esthétiques ( j’essaye de stocker en mémoire ces moments magiques, quand tu es frappé par ce que tu vois, quand cela génère un état émotionnel particulier, et je l’utilise ensuite). Je viens d’un monde dit « périphérique »,  mes influences peuvent l’être aussi. J’apprécie l’art qui n’essaye pas de développer une marque. »

 

video_1100509

 

Un mot de la fin

«  Un grand merci. Je suis très heureux d’être venu à Dakar. C’est ma première fois en Afrique. Ça a été très ouvert tous le temps. Je suis venu avec mes préjugés, que je suis content d’avoir pu faire disparaitre. Merci à tous les gens qu’on a croisé pour leur accueil. J’ai eu l’impression de ne pas être catalogué. C’était un séjour très enrichissant. Je vais tout faire pour pouvoir revenir à Dakar. »

Retrouver l’artiste :

François Piquet
Contemporary Art – Guadeloupe

contact@francoispiquet.com

Site Internet : www.francoispiquet.com

 

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *