Hot! Pierre Sauvalle – Enjeux film d’Animations – VSFS – Clap 4

Pierre Sauvalle – Enjeux film d’Animations – VSFS – Clap 4

J’ai rencontré Pierre Sauvalle, artiste et fondateur des Studios Pictoon, lors de la quatrième édition du Festival Voyage sur le Fleuve Sénégal. Un festival dont la thématique cette année était « Entre Rêve et Réalité ». Installé dans la salle de cinéma de l’Institut Français de Saint-Louis, le publique déplacé pour l’occasion assistait à la projection d’une animation de Pierre Sauvalle et de ces élèves. Après la projection du film, le réalisateur revenait sur le contexte de création de l’œuvre présenté quelques minutes auparavant.

 

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Pierre Sauvalle : « Ce film d’animation s’inscrit dans une série de treize épisodes, qui ont été réalisé entre 1998 et 2004 au sein des Studios Pictoon, installé alors à Dakar. Cette série est le produit de deux ans de formations et quatre ans de travail collaboratif aux cotés de 100 jeunes africains, qui étaient venus se former au studio. Pictoon était alors le premier studio africain, spécialisé dans la production de film d’animation africain.

A cette époque, le secteur de l’animation n’était pas développé en Afrique, ni à Dakar. Les jeunes qui ont été formé chez Pictoon, ont du évoluer de leurs propres ailes. Certains sont devenus réalisateurs, ou infographes. Ils ont cherché des emplois dans l’industrie culturelle, ou l’industrie de l’image. »

 

Studios Pictoon

Pierre Sauvalle : « L’envie de créer les studios Pictoon me vient de ma passion pour le dessin. Depuis l’enfance j’avais envie de mettre en scène des histoires africaines. Après avoir travaillé pendant dix ans à Paris, pour de studios d’animations français et américains, je me suis dit qu’il était temps de rentrer en Afrique et de monter un studio là-bas. D’autant plus que les contes et légendes africaines sont vraiment appropriés pour ce type de médium, animations 2D, 3D, où films en effet spéciaux. C’est ce qui m’a donc  amené au Sénégal.

J’ai rencontré mon associé Aida Ndiaye, qui a cru en l’aventure. Elle vivait au Sénégal donc il était plus simple de venir s’installer à Dakar. Ensemble, on a monté le studio et pendant douze ans on a fait fonctionner le studio. Au début ce n’était pas simple. Il fallait mettre en place une expertise, mettre en place tout le système de fabrication de films et dessins animés. Pour la petite anecdote, quand j’ai montré le premier épisode de la série, à Paris, les journalistes de Libération ne croyaient pas que c’était des africains qui avaient fait le film. Parce qu’il y’a avait de la neige dans l’animation et pour eux c’était impossible que des africains comprennent la physique de la neige.

L’Afrique est le continent du rythme et l’animation c’est du rythme ! Ce que j’ai pu constater avec les jeunes de Pictoon, c’est qu’iIs apprenaient à une vitesse incroyable. Au point, où des étudiants des Gobelins Paris sont venus faire des stages chez nous à Dakar. Aujourd’hui l’un des représentants de l’école Pictoon est Olivier Ndecky, venu avec moi sur ce Festival. Voici un extrait de son film… »

 

 

Pierre Sauvalle : «  Il a fallu le formé à l’endurance de l’animation. Pour être animateur, il faut en effet aimer le dessin mais il faut aimer souffrir en dessinant, parce que c’est beaucoup d’heures de travail. Olivier est aujourd’hui un auteur et un réalisateur de ces propres productions. »

 

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Olivier Ndecky : « Tout d’abord, je voudrais remercier Pierre. Ce n’était pas évidant pour nous, sénégalais, d’avoir quelqu’un qui quitte la France et vient à Dakar pour nous offrir ces formations. Je suis devenu un réalisateur qui enseigne le dessin animé à l’IAM et tout çà c’est grâce à Pierre. A Pictoon, j’ai commencé comme assistant après un an, je suis devenu animateur. Pierre et Aida nous ont beaucoup poussé. On a fait cinq ans d’apprentissage. En 2010, quand j’ai quitté Pictoon  pour démarrer un projet avec deux autres collègues. Nous avons dû aboutir le projet sur nos heures personnelles, les weekends etc. On devait travaillait à coté de çà pour gagner notre vie.  On a produit deux films de deux minutes. On pense faire treize épisodes pour chaque série. Ce qui nous a poussés à faire tout ça, c’est la valorisation de notre culture. »

 

 

Réouverture des studios Pictoon.

Pierre Sauvalle : « Nous avons dû arrêter l’aventure Pictoon car nous n’arrivions pas à maitriser la chaine de distribution des œuvres. Sept ans après, les choses ont évolué. Maintenant, il y’a internent et les studios Pictoon vont redémarrer sous de nouvelles auspices. Internet sera très présent dans le futur de Pictoon. On vit de toute façon dans une époque où il est difficile de fonctionner sans internet. Nous étions focalisés sur la formation et la mise en place de l’expertise. Maintenant, nous allons nous focaliser sur la production, la distribution et la diffusion de nos produits d’animations. Pictoon veut que ces auteurs vivent de leurs réalisations. »

Une culture africaine de l’animation.

Pierre Sauvalle : « On veut créer des références africaines, une culture qui nous ait propre. On voit beaucoup de jeunes africains se lancer dans la 3D, le graphisme, l’animation, la bande dessiné et le film. La culture de l’animation va s’installer et ces jeunes, comme Olivier Ndecky vont faire le futur de l’animation, de demain. C’est aux auteurs de choisir leurs pistes de création. La culture africaine est un trésor à fleur de peau, il suffit juste de dépoussiérer le coffre et de se servir. Le problème des africains aujourd’hui, c’est qu’ils ont laissé le coffre fermé et le danger c’est d’attendre que les étrangers viennent nous déposséder de notre culture. C’est dommage que cette culture qui peut être source d’économie et de créations d’emplois de soit pas prise au sérieux par nos autorités.»

Le règne de la médiocrité.

Pierre Sauvalle: «Il faut savoir que les autorités ne s’impliquent pas, qu’on soit au Sénégal ou au Cameroun. On est jusqu’à trois ans des enfants après on rentre directement dans le monde adulte. Il n’y a rien à la télévision comme émission qui soit dédié à la psychologie de l’enfance… On est dans un gap complet. On n’a rien sur lequel, on peut s’accrocher pour commencer un minimum de discussion. Quand nous avions démarré l’aventure Pictoon, nous étions seuls, aucune autorité ne s’était impliquée. Pour la télévision, c’est le même paradigme de pensée. Ils ne comprennent pas qu’ils ont en face d’eux des talents qui ont choisis de s’investir pour leur société. Ces artistes sont des acteurs et insufflent de l’énergie dans l’industrie de l’animation. Ils investissent dans le tissu économique africain. »

 

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Retrouver Pierre Sauvalle et Olivier Ndecky

 

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