Hot! Cécile – Rencontre du Regards sur Cours 2017

Cécile – Rencontre du Regards sur Cours 2017

 

J’ai rencontré Cécile durant l’exposition Regards sur Cours. L’artiste exposait dans l’une des maisons de l’ile. Quelques jours plus tard, Cécile me retrouve à la Boite à Idée pour une interview Wakh’Art.

 

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Comment tu te sens après ces 3 journées d’exposition ?

«  Je me sens peu fatiguée, d’un point de vue concret, aller sur Gorée transporter les bagages, passer la journée à installer, accueillir et dialoguer avec les gens, ca prend une énergie folle. D’un autre coté je me sens bien et j’ai envie de continuer le travail, prendre les choses en main. Ce que j’ai proposé n’est pas terminé. Il va y avoir une suite. Cette expérience m’a donné envie de creuser la matière autant dans sa forme que dans son fond. 

J’ai présenté une installation et quelques dessins. Mais principalement cette installation qui était liée à la thématique proposée par Regards sur cours, l’eau et l’ailleurs. A travers l’histoire de la migration, j’avais envie de soulever certains propos, certaines réflexions plus personnelles. Alors maintenant, j’ai juste une chose à faire, continuer à bosser, travailler et dessiner. Après je dois aussi réfléchir sur l’avenir de l’installation, comment faire voyager l’œuvre. Je me demande aussi si je ne vais pas me lancer dans un autre projet. Il faut jongler, et ne pas faire toujours la même chose, sinon ca épuise. »

 

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Tu es donc venu au Sénégal dans le cadre du Festival Regards sur Cours ?

« Oui, dans un premier temps.  Ca fait un an et demi que je fais des allers-retours entre Bruxelles et Dakar… Et effectivement ce voyage ci, la première étape c’était Regards sur Cours.

J’étais là en Décembre 2016 pour un projet à Ndayane. Je collaborais avec  Patricia Gomis , qui a un centre culturel DjaramArt. Cette femme a une forte énergie et un engagement aussi, c’est une  femme de caractère et j’avoue que  j’aime bien çà.  J’avais envie d’expérimenter des choses et elle m’a permis de le faire. C’était bien. Après j’ai rencontré Moussa Sakho, un artiste du Village des Arts. Il m’a vu travaillé durant des semaines auparavant et il m’a encouragé à postuler et à présenter mon travail au Regards sur Cours. »

Qu’est ce que tu as présenté, qu’est ce que ca représenté pour toi ?

« J’ai l’habitude dans mon travail, je suis scénographe, qu’on m’offre une histoire et ensuite de  développer un univers visuel autour de cette histoire. Je lis un texte et je réagis. Quand on m’a présenté l’eau et l’ailleurs  j’ai pondu quelque chose en lien avec un état actuel, dans mes sensations, des réactions du moment par rapport à cette thématique et par rapport à mes affinités plastiques de l’instant.

 

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J’ai donc présenté une sorte de vague, mais une vague qui s’apparente aussi à un cimetière. Un cimetière qui est composé d’âmes, qui pour moi sont toutes les âmes, des hommes qui ont disparus en Mer,  dans des circonstances dramatiques, des circonstances qu’on connait, des circonstances parfois qu’on oublie, où qu’on banalise, qu’on installe dans l’actualité, qui sont pourtant terriblement tragiques. J’avais envie de souligner cette histoire contemporaine, de faire réagir les gens, par rapport à tout ca…  A travers la matière la plus simple possible, soulever une question plus complexe. 

J’ai travaillé avec des bois flottés. Tous les matins, pendant un mois, je suis allée à la pèche au bois sur la plage de Toubab Dialaw. Ces morceaux de bois sont des incarnations fortes des corps et des âmes perdues en mer. Ils ont été attaqués par le sel, ils ont fait de nombreux kilomètres, ils ont des entailles, des brisures, certains ont des clous enfoncés, défragmentés. Je n’ai fait que rajouter quelques traits de peinture pour les humaniser un peu.

Le lieu d’exposition faisait que ce mouvement de la vague s’arrêtait à un mur, rajoutant une signification particulière, peux être un cul de sac. Dans l’installation, que j’avais disposé sur du sable, il y’avait aussi des béances. J’avais envie que le spectateur circule a travers ces espaces vides. Le vide c’est aussi tous ceux qu’on ne voit pas. L’eau et l’ailleurs. Finalement l’eau a disparue de l’installation, il reste le sable et les blessures que l’eau peut faire.»

 

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Pourquoi le bois ?

« Je travaille beaucoup le fusain. Au départ dans mes pérégrinations au Sénégal, j’étais venue pour bruler du bois, comme une catharsis. Revenir à l’état originel. Naturellement le bois, le charbon sont des matières que j’affectionne. Ce qui me plait aussi dans cette transformation du bois, c’est son histoire, je trouve que ca fait écho terriblement à la situation migratoire. Ce déracinement, c’est terriblement dur. »

Quel avenir pour cette installation ?

« Je ne veux pas la vendre, mais j’aimerais la faire voyager. J’ai décidé de continuer l’installation et de doubler le nombre de bois. Quand je l’ai installée la première fois, j’ai eu une pique d’insatisfaction parce que ce n’était pas aussi grand que je l’imaginais au départ. Dans ma tête c’était plus grand. L’impact sensoriel que je voulais je ne l’ai pas ressenti donc je veux continuer. J’aimerais continuer à ramasser du bois sur les cotes et faire grossir l’œuvre petit à petit. Symboliquement aussi, que les bois viennent de différents ports.

Ensuite contacter des associations qui sont concernées par la problématique migratoire, qui pourraient être intéressés par l’œuvre.  J’aimerais la présenter dans des lieux choisis en Afrique et en Europe. Tout ca va me demander beaucoup de travail mais j’y crois, je sens que cette œuvre peut voyager, se retrouver dans des lieux symboliques du parcours migratoire ou accompagner des festivals, des symposiums de réflexions… Et certainement la ramener en Belgique. Mais là je ne sais pas encore comment faire. »

 

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Quel est ton background ?

«  J’ai une formation de scénographe. Ca fait dix ans que je travail comme scénographe à Bruxelles. Je conçois et je réalise des espaces ou des univers principalement dans le secteur théâtral. Je travaille avec des metteurs en scène qui me propose une pièce et je travaille sur le décor. J’ai travaillé pour différents metteurs en scène, pour des théâtres et au fur et à mesures dans le socioculturel. Petit à petit, mon travail plastique c’est affiné, et j’ai développé ma propre dramaturgie… Je suis également co fondateur d’un collectif de scénographe à Bruxelles l’atelier Adhoc . On a monté un atelier, on a une costumerie, un poste à souder, on partage les bureaux, la cuisine … c’est mon Eglise!  »

 

Retrouver Cécile sur : www.cecilographe.be

ou sur instagram : cbalate

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