Misa & le Sixième Continent

J’ai rencontré Maria Isabel Alves, Misa de son nom d’artiste, il y‘a quelques semaines de çà. L’artiste d’origine cap-verdienne, citoyenne du monde, philosophe et humaniste c’était arrêté à la Boite à Idée et m’avait accordé un peu de son temps pour m’expliquer son incroyable projet, le sixième continent !

Misa

« Je suis une femme, un homme et l’enfant que vous entendez mais que vous ne voyez pas ! Ca c’est moi. Tout est caché et je partage ce que j’ai découvert en moi-même à force d’exploration, de quête et de curiosité. Je suis mielleuse, j’aime le silence et j’aime observer. Je suis une admiratrice… Nous sommes nés de curiosité, d’impact, de son et de vibration. La vie pour moi est une mélodie et j’essaye d’en découvrir ces mystères.

Je m’occupe de l’édification humaine à travers l’art. J’ai reçu des dons et je mets à profit ces aptitudes pour le développement. Le développement de soi, à travers une quête spirituelle et artistique. J’essaye de réhabiliter une partie de nos vies et de reconstruire ce qui a été détruit pendant les temps des colonies. Je veux valoriser un langage spirituel, ancestral, maternel et communier de nouveau avec un paysage de diversité culturelle.

C’est un grand compromis dans lequel je vis depuis toute petite. J’ai grandit dans le silence et vers sept, huit ans j’ai découvert les couleurs entre les Hommes. A ce moment là, ma grand-mère m’a dit, qu’il fallait choisir une couleur… Alors que je rêvais d’avoir des enfants de toutes les couleurs avec un homme de chaque continent. Elle m’a rapidement rappelé à l’ordre et m’a expliqué que ce n’était pas possible. C’était la première fois qu’on me disait non !  J’ai grandit dans le milieu rurale et tous les soirs j’écoutais les étoiles chantaient. Ma grand-mère m’a de nouveau ramené sur terre et m’a fait comprendre que ce n’était pas les étoiles mais les grillons qui chantaient. J’ai décidé de trouver un compromis et je me suis dit que c’était les étoiles qui chantaient à travers le grillon. Tous les matins, quand je voyais les nuages venir au loin, je courrais très vite en direction des montagnes pour arriver en haut afin de les attraper. Ca m’a toujours comblé d’imaginer que je pouvais percer le ciel et qu’un jour je pourrais traverser et sortir de ce corps où j’étais enfermé. Finalement en grandissant,  je suis sortie de mon rêve. J’ai compris qu’il y’avait un colon et un colonisé…

J’ai du aller en Suisse, pour retrouver ma mère et j’ai du apprendre à vivre dans un environnement où tout ce qui n’est pas interdit est obligatoire, où il y’avait des frontières, des dominants, des dominés, le conditionnement. J’étais obligé d’aller à l’école et de respecter les règles mais une partie de moi à toujours garder en tête que ca finirait à un moment ou l’autre et qu’à ce moment là je serais libre de faire ma propre école, dans laquelle on pourrait faire l’inverse, nourrir le rêve pour ensuite nourrir la terre d’amour. A travers mon expérience c’est tout un cheminement que j’ai réalisé pour nourrir l’autre être. Pour ne pas être séparé de soi. On ne peut pas être, un humain, un être de lumière et séparer cette harmonie qu’on admire dans le ciel.  Mon challenge si je puis dire à été de tout faire pour que chacun puisse se nourrir du ciel , pour que la terre puisse être nourris d’amour, pour qu’on est plus à séparer ce qui se trouve sur terre car je reste convaincu que ciel et terre sont les reflets de toutes ces choses qui nous habitent, ce que nous avons en nous. Soyons unis pour briller dans l’amour.

A travers ma peinture, ma thérapie du bien être, de l’écoute de soi, j’essaye de nourrir mon âme.  J’invite chaque personne à reconnaître ce lien de bien être et à chercher à le mettre en place. Il faut travailler le détachement. C’est difficile de se détacher dans une société où on est asservie par le bien matériel. Dire à quelqu’un donne de ton amour, soi en quête de toi-même, détache toi de ce qui pourrait t’asservir pour pouvoir te libérer. Apprendre aux gens à s’aimer. On ne peut pas trouver l’amour si on ne s’aime pas. On ne peut pas contribuer à la source de ton amour si on ne donne pas. J’essaye d’éveiller l’essence humaine et les sens. C’est tout un travail avec soi même. Nous sommes à une époque ou l’être humain doit s’adonner à lui-même. Les plantes ont leur langage, la nature à son langage mais nous sommes tous relier. Cette sphère au niveau métaphysique c’est que qu’il faut accaparer. On retrouve cela dans tous les Écris du monde… il faudrait se donner à la diversité. L’être humain est sacré comme les Livres.

Le Sixième continent

C’est cette beauté là que j’essaye d’enseigner et cette passion qui m’a poussé pendant vingt-six ans au Cap-Vert, sur l’île de Santiago à partager avec femmes, hommes et enfants une vision, des valeurs dans deux espaces, les villages de Porto Madeira à 30 minutes de la Capitale et Rabelados à 1h30 de la Capitale. Le chemin était très dur. Parce que quand je m’occupais du cœur pendant que tous s’occuper de leur ventre. J’étais à contre courant. C’était beau parce que tous ont participé mais c’était dur parce que j’étais seul dans ce rêve mais j’ai montré qu’on peut faire du développement à travers l’art. Tout être est créatif et porte en lui la créativité. Aujourd’hui les villages existent et ont accueillis un grand nombre d’anthropologues, de journalistes et vidéastes qui ont voulus comprendre comment nous avons fait pour créer cette autre manière de vivre ensemble. Les agences amènent les touristes chez nous. Pour développer ce projet il y’a eu plusieurs collaborations avec des coopérations ,Espagnole , Américaine , Autrichienne mais aussi l’OMS , le Ministère de l’agriculture du Capvert.

Les Rabelados ont été pourchassés pendant des années. Quand j’y suis arrivée en 1997, j’ai appris avec eux et j’ai vécu à leur cotés durant un an. Ensuite nous avons racheté les terres et nous avons reconstruit en partant de la culture ancestral, en mettant l’art, la spiritualité et l’amour de soi au centre du processus de reconstruction. C’est un village de transmission où l’oralité est une langue vivante. C’est un espace créatif, matriarcale, un palliatif magnifique pour tout ce qui sont laissé de cotés. Les femmes et les artistes guident la communauté et transmettent les valeurs. Nous avons réussi à installer l’eau  le téléphone, l’électricité, et proposer des formations, à installer une économie créative, une communication, des liens interactifs entres les femmes, les hommes et les enfants. La femme qui donne la vie au niveau visible, porte le monde et elle a le droit de dire comment elle veut vivre et comment elle veut gérer son espace. L’artiste est l’accompagnateur, qui prend, transforme, éduque… Ces villages sont un gardien de la sagesse et montre aux autres qu’il est possible de ce nourrir de peu de chose.

Un troisième espace «  le sixième continent » qui nous a été donné par les autorités, qui ont finalement compris ce combat. Le gouvernement accompagne ce projet. Dans la continuité du développement de ces villages, le Sixième continent a pour ambition de créer une plateforme d’art, où chaque continent aurait son espace d’expression. Cette plateforme lierait également chaque continent à une île, pour y réaliser d’autres villages artistiques et y recevoir des artistes en résidence.

Le Sénégal

Ma présence à Dakar est une continuité de ce travail. Tout est une spirale une itinérance. Ça fait cinq, six ans que je suis invitée au Brésil pour présenter ce challenge et conscientiser les gens. Les brésiliens et toute l’Amérique latine ont envie de venir en Afrique, de renouer avec leurs cultures ancestrales.  C’est à nous sur le continent de préparer ces espaces pour pouvoir accueillir toutes ces personnes qui veulent découvrir nos cultures. Les accueillir oui, mais dans un cadre traditionnel, dans une esthétique qui nous ressemble, où transmission et partage sont possibles.

Tous ces gens pourraient venir et apporter un savoir dans un espace où il y’a un acquis. Les femmes au Sénégal sont de vraies souveraines.  Les gens devraient pouvoir apprendre à connaitre l’esthétique de la femme africaine. Comprendre comment on éduque ?  Quel est la place du conte ? Comprendre tout le comportement ! Comment on mange ? Comment on joue ? Quel est l’abécédaire de l’oralité, de la spiritualité, de tout ce qui est mis en pratique ici ? Comment devenir l’héroïne de sa vie ? Déjà ca ce serait un enrichissement pour toute personne qui vient découvrir le continent…  Je n’ai jamais vu de femmes guides alors qu’elles sont capables de montrer et de faire découvrir ces différents aspects… C’est tout ce langage là que j’ai envie de mettre en plusieurs langues a travers des petits films, pour montrer aux gens, les sensibiliser.

L’idée serait de proposer des résidences sur le sixième continent au Cap Vert mais de passer le Sénégal en amont. C’est pourquoi nous avons jumeler les villes de Thiès et de Santa Cruz. J’aimerais que le Sénégal soit une porte vers ce sixième continent et que les gens passent par là avant de séjourner chez les Rabelados . Le Maire de Thiès est venu, il a résidé quelques jours dans nos villages, il a pu rencontrer nos autorités. Donc progressivement les choses se mettent en place grâce à l’appuie de partenaires locaux Zig-Zag , poète, conteur, Mr l’ambassadeur du Cap-vert , le Ministre de la sous région cap-verdienne de la CDEAO, MR Julio Eberz , l’association des écrivains sénégalais qui eux aussi m’accompagnent … Bravo à ceux qui ont cru et qui accompagnent le projet.  Recréer des espaces collaboratifs pour le développement à travers l’art c’est une de ces choses que le continent a et qu’on doit valoriser.

Nous avons le soleil, le bambou, la terre, nous avons tout pour construire des habitats en harmonie avec la nature. Nous devons apprendre à vivre mieux et à faire les choses le plus naturellement possible en communions avec la nature. Aujourd’hui plus que jamais c’est une question essentielle. 

Retrouvez Misa sur son site www.misacaboverde.com

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