Baba Diedhiou

Le jeune Baba Diedhiou expose régulièrement depuis un an dans différents lieux à Dakar. Malgré ces nombreuses invitations , que je n’ai jamais pu honorer, je suis de près le travail de ce jeune photographe originaire de Casamance…

Ainsi bien décidé à rencontrer hors des réseaux sociaux l’artiste , je lui proposais de me rejoindre à la Boite à Idée. Invitation qu’il honora et c’est ainsi que durant deux bonnes heures Baba me parla de ces différents projets entre photographie et cinématographie.

Le Niaka

Le Niaka c’est le nom d’une exposition qu’il présentait en Avril dernier Chez Lulu ( sur la corniche à Dakar ) . Le Niaka est une série de photographies prise par Baba qui à travers elle rend un hommage aux femmes de Casamance et au rite de passage du bois sacré.

« Ce rite qui existait avant l’ère coloniale, considérait que cet enseignement prépare la femme à prendre sa place dans la société. Après cela elle doit être en mesure de s’occuper de son foyer, mais aussi à le défendre. Le Niaka est avant tout un moment de communion d’échanges et de partages. »

Baba m’expliquait que le dernier Niaka date des années quatre-vingt et que ce n’est pas un événement auquel on peut assister aisément. Il peut s’écouler une vingtaine où trentaine d’années entre deux cérémonies. Organisé par les Anciens, le Niaka permet à une nouvelle génération d’accéder à l’indépendance politique, économique et religieuse. Après ce passage , les jeunes filles peuvent se marier , recevoir des terres. Avec la modernité et les exigences liées aux préparatifs d’une telle cérémonie , cette tradition et les valeurs qu’elle porte tendent à disparaître.

« L’événement s’accompagne de danses masquées, de luttes et de diverses démonstrations de bravoure. Finalement les visages des futures initiées sont couverts, elles ne portent plus de chaussures, ne serrent la main qu’ aux initiateurs de la cérémonie. Les épreuves initiatiques proprement dites se déroulent dans le bois sacré à l’abri des regards. Autrefois les jeunes filles et femmes y séjournaient plusieurs mois, mais cette durée a été raccourcie de manière significative. Afin que celles qui poursuivent des études puissent y passer quelques jours. »

Comme souvent dans la démarche artistique de Baba , les photographies sont accompagnées par un film documentaire d’une vingtaine de minutes , qui renseigne sur le sujet abordé. Niaka a été présenté à Bamako au Festival International du Cinéma Numérique de Cotonou en décembre 2018.

L’aventure Incertaine

L’aventure incertaine c’est ainsi que se nomme cette série photographique de quinze clichés et ce film produit par Baba. Ce projet multimédia s’intéresse aux problématiques liées à l’immigration clandestine. En effet ce phénomène touche des familles issues de secteurs en crise. La pêche est l’un d’entres eux. Les jeunes veulent émigrer mais n’ont souvent pas de papiers où les moyens de justifier le but leur voyage.

Baba s’empare de ce sujet il veut dissuader. A travers ces photos, il choisit des images froides et sombres pour montrer l’incertitude et les conséquences graves liées à ce type de voyage. Il met en scène de jeunes migrants africains qui se perdent dans les abysses de l’océan ou ces embarcations inadaptées à ce genre voyage. Noyade , Esclavage, Mort. Dans le film il décide de mettre en exergue un personnage qui lui fait le choix de rester.

L’objectif de Baba est de faire de la sensibilisation via ses créations artistiques. Il aimerait sauver cette jeunesse ! La décourager pour qu’ elle ne se lance pas dans cette aventure incertaine.

Vous l’aurez compris , Baba Diedhiou a divers sujets qui lui tiennent à cœur concernant : L’agriculture et l’environnement. Il produit le film Lucie…

Lucie

Synopsis du film :

« Lucie la wwoofeuse est une fille âgée de 21 ans , venue travailler bénévolement dans une ferme agroalimentaire située en Casamance dans la région de Ziguinchor. La ferme  » Burok » qui signifie travail en Diola accueille Lucie , lui donne le gite et le couvert en contre partie de quoi, durant plusieurs semaines elle partage conditions de vie et conditions de travail difficile avec des familles de Silinkine.

Durant le film , la jeune wwoofeuse partage son expérience été invite d’autres jeunes à venir dans la région pour faire de même. »

Goorgorlu

Courant Juin 2019 , pendant la période du Festa2H et de la semaine Hip-hop organisé par Chez Lulu , Baba exposait Goorgorlu sa nouvelle série de photographies dédiées cette fois à tous ceux de nos sociétés africaines , qui au quotidien se battent pour s’en sortir. Le photographe immortalise ces sujets entre différentes régions du Sénégal et celles du Bénin.

On retrouve dans cette série les trieuses d’ordures , le vendeur
ambulant de draps, d’orange , de tableaux , l’enfants en charge du bétails et autres travailleurs de l’ombre. Baba voulait mettre en lumière ces profils qui font l’économie parallèle de nos états.

Typic graphic avec Kheraba Traoré

Cette technique née de la rencontre et la complicité de l’artiste plasticien Kheraba Traoré . Kheraba étant un artiste qui travaille sur les enfants. Il rencontre Baba lors d’une exposition en 2018 qui lui aussi travaille sur le même thème. C’est le début leur collaboration !!

La typic graphic est une production à quatre mains pour composer une oeuvre entre photographie et art plastique. Kheraba intervient sur une photo avec des matériaux comme de la craie grâce (pastel), coupure de presse, fusain et des crayons de couleurs pour donner plus de graphisme à la photo de Baba.

La première fois qu’ils présentent leurs créations , c’est à Bamako avec le collectif Sunu Wa Keur.

Mais qui est Baba Diedhiou ?

Après un terrible accident dans une rue de son quartier de Grand-Dakar ou il a grandi, au moment-même où il attendait une réponse pour un test de foot, qu’il était parti faire en Italie , Baba se convertit dans la photographie.

Un retour salvateur à l’une de ces premières passions, après plusieurs mois dans uns lit d’hôpital , il découvre, apprend et commence à s’exprimer à l’aide d’un appareil photo.

Au début, difficile de tourner le dos au foot, pour lui qui avait un destin déjà tracé dans ce sport, lui que tout le monde adulait , lui la star dont on pouvait voir le nom inscrit sur les murs de son quartier. Ne pas réussir dans le football était inadmissible pour lui et pour toutes les personnes qui le connaissaient !

Mais le « car rapide », en a décidé autrement !

Pendant longtemps, ce rêve brisé de footballeur le hantera, et cela se voit dans ses premiers clichés où il photographie ses amis, et d’autres footballeurs, avant de varier ses prises et ses thèmes.

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