Hot! Mis Wude

Mis Wude

J’ai découvert la marque Mis Wude il y’a quelques années de çà à l’espace créateur Keur Marie Guinaar situé à Mermoz. A l’époque la marque proposait à la vente des chaussures en cuir et quelques sacs à main. Depuis Mis Wude a fait du chemin. On la retrouvait notamment dans le documentaire de la Résidence Artistique Dansez les Art diffusé il y’a quelque mois mais aussi sur les podiums de la Dakar Fashion Week ainsi qu’au Festival Nio Far  de cette année. Aujourd’hui de passage à la Gueule Tapée, Cécile me retrouve à la Boite à Idée et me présente la marque d’accessoires en cuir Made in Sénégal ; Mis Wude.  

 

Qui es-tu ?

« A la base, j’ai une formation en Arts Plastiques. J’ai été enseignante à Toulouse. Je suis devenu designer et co-créatrice de la marque Mis Wudé. On a monté cette marque à deux, avec Mbor Ndiaye. On est multi-casquettes tous les deux mais on a chacun une fonction bien définit. Par exemple, Mbor est le boss, il gère l’atelier. A l’origine, Il est bottier. Aujourd’hui Mbor crée et s’occupe de toute la partie chaussure chez Mis Wudé. Quant à moi, je suis plutôt la directrice de collection et le designer de la marque.  Au début on travaillait par prototype et puis, plus on avançait plus on a eu le temps de travailler par dessin. »

 

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Comment en es-tu arrivé à créer cette marque ?

« En France je faisais de la sculpture avec du cuir  et des textiles. Je connaissais donc déjà bien la matière. Je venais souvent au Sénégal et un jour alors qu’il faisait chaud, j’ai décidé d’aller me faire des chaussures ouvertes en cuir. J’ai été dans un atelier de chausseur. Voilà, ça a commencé comme ça. J’ai ramené quelques créations aux copines en France et j’ai finis par faire des ventes privées en Europe. Ça marchait super bien. On a fini par être repéré et on a exposé au MIDEC , le Salon international de la Chaussure aux Portes de la Villette, à Paris. Par la suite, on a fait quelques partenariats  avec des marques et on s’est dit qu’il fallait qu’on rentre au Sénégal et qu’on lance notre unité de production. »

Qu’est ce Mis Wudé ?

« Au départ Mis Wudé était un projet bien déterminé. Cependant très vite, on a était confronté aux réalités locales. Donc le projet est en mutation perpétuelle depuis le début, un peu à l’image du pays. On est arrivé avec l’idée de monter une unité de production locale, et ainsi proposer des produits du Made in Sénégal.  . On a fait évoluer tous ca tous doucement. On a eu plein de rôle différent. On a du former une équipe et trouver des artisans. Au fur à mesure chacun se révèle. Aujourd’hui, on a une équipe stable et fiable. On arrive à développer le côté artistique de la marque, on est même contacté par d’autres marques pour produire des accessoires.

Dès le début, on récoltait les savoirs faires locaux et çà sur toute l’Afrique de l’ouest. Avec l’envie de conserver un patrimoine, celui des techniques du cuir. Il faut savoir qu’il y’a plusieurs savoirs faire bien spécifique à chaque culture. Notre truc c’est d’apprendre de tous puis de former. C’est pour ça, que j’aime bien parler d’écosystème… Chacun sait qu’il pourra apprendre de son voisin. Il y’a le wuudé de Diourbel qui ne va pas avoir la même maitrise que le wuudé de Thiès. Je suis allée apprendre les techniques Touaregs auprès des femmes en Mauritanie. Cette quête se fait au fur et à mesure des créations et des collections.

On est arrivé à la Mode par l’aspect politique et social. Le « Made In Sénégal » c’était notre point de départ. En 2006, quand on faisait nos premières chaussures, les cordonniers mettaient sur les chaussures une étiquette « Made in Italie », c’était frustrant. On a très rapidement remédié à ça. Wuudé c’est le nom des travailleurs de cuir, la caste wuudé. On s’est inspiré de ca pour créer le nom de la marque. »

 

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Où en êtes-vous aujourd’hui ?

« On développe des choses plus expérimentales. Par exemple, on a présenté au Dakar Fashion Week de cette année, des grandes parures. On a aussi travaillé sur des modèles qu’on a ensuite photographie avec Fabrice Monteiro. Je travaille en ce moment sur une nouvelle collection de bijoux tissés avec de nouvelles techniques (et de nouveaux matériaux tels que des brides). A ce stade le travail prend une autre dimension, nous sommes moins contraints par  les conditions de production : la mise en place de l’atelier et de l’équipe et nous nous concentrons d’avantage à la conception du produit  qui deviennent plus poussés, et certaines pièces se situent entre la mode et l’art. Notre gamme est variée.

On travaille à partir des excédents de l’industrie de luxe du cuir italien. Ce sont des quantités confidentielles de cuir. On ne peut pas avoir deux fois la même collection. On a en permanence des nouveautés. Il y’a une trame sur les couleurs, les techniques, qui nous guident mais on sort en permanence des nouveautés en fonction donc de la matière première. On a appris à faire de cette contrainte un atout. C’est ça aussi le Sénégal. Apprendre à s’adapter, à faire du plus avec du moins. Et ça fonctionne ! C’est un modèle qu’on n’a pas envie de lâcher. Pourquoi subir les dicta de la mode international ? »

Comment travaillez-vous au sein de l’atelier ?

« Avec Mor, on est dans l’atelier 8 à 10h par jour. On est  tous au même niveau, chacun sur sa table. On a tous notre spécificité, notre point fort ;  donc on est vraiment sur un pied d’égalité dans l’atelier. Et on y arrive. Au début on avait un petit atelier aujourd’hui, on a du construire une pièce à l’étage parce qu’on n’avait pas assez d’espace. Donc ça avance. Cette année on a été exposé au Vitra Muséum.

 

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Est-ce qu’il y‘a des artisans où des artistes qui vous inspirent ?

« Oui, il y’a Puesh & Jamin, La maison de maroquinerie par excellence ! C’est de l’artisanat Haut de Gamme. Au début on faisait des chaussures (de bases). Maintenant on monte en technique et on monte en gamme. On aimerait continuer à monter en gamme, pour montrer du luxe africain avec les techniques du cuir spécifique à toute l’Afrique de l’Ouest. C’est pour ça que l’expérimentation artistique est importante au-delà du plaisir  de la recherche. On a envie de montrer ce que le Sénégal a de meilleur à montrer au monde. »

La création que tu préfères ?

«  C’est toujours la dernière, jusqu’à ce qu’il y’en ait une nouvelle.» Rire.  Toujours ce vers quoi l’on marche se situe au-delà de ce qui est atteint La création, les couleurs sont des choses en mouvement…  donc c’est difficile de s’arrêter sur un choix.

Retrouver la marque : www.miswude.com

Dansez les Arts TeaserVidéo:

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Photos d’ OmarVictorDiop

 

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