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Portrait

 

Mad Zoo, le Graff conscient…

 

J’ai découvert cet artiste durant le FestiGraff organisé à la Galerie du Manège dans le centre-ville de Dakar. J’avais été impressionnée par le travail effectué par tous ces jeunes artistes. Le graff avait été alors enlevé à la rue, et mis en scène dans un espace plus conventionnel tel que l’est la galerie d’art du Manège. Je l’ai revu bien plus tard à la Fashion Block Party organisé par la Marque S.R.K. Mad Zoo prestait alors avec 8 autres graffeurs. Ils ont habillés par leurs graffs toute la façade de la maison.

Aujourd’hui Mad Zoo me retrouve à la maison à Guel Tapé. Je le reçois dans cet espace dédié à la culture. Il entre les mains chargées d’une toile 1m*50cm. Je suis extrêmement surprise. Il m’offre ce graff qu’il dédie à Wakh Art. Une fois de plus la gentillesse, et la générosité de ces artistes me va droit au cœur. C’est autour d’une tasse de thé, nous débutons l’interview.

Serigne Mansour Fall, de son vrai nom, a toujours eu une âme d’artiste et un coté créatif important depuis sa plus tendre enfance. Mad Zoo est connu aujourd’hui pour son travail de graffeur. En effet, il touche au graff en 2004 et preste depuis lors. Il compte à son actif de nombreuses fresques dans Dakar et sa banlieue… Mais aussi de toute une série de tableaux, dessins, et bandes dessinés.

Le Graff pour Mad Zoo est un moyen d’expression à part entière. C’est ce qui le désigne entièrement. Ce solitaire est imprégné de la culture Hip Hop. C’est une façon de vivre, un état d’esprit pour lui… Mad Zoo prône le respect avant tous. Et c’est ce qui conditionne sa vie. L’homme a grandi dans la rue… Et le graffiti lui a permis de ne pas tomber dans les turpitudes de ce qu’elle engendre. Le graffiti était pour lui une porte de sortie. Mad Zoo pense que le graffiti peut rééduquer à travers les messages qu’il envoi. Des messages qui font partis intégrale du Hip Hop. Mad Zoo se désigne comme un messager. Il veut montrer l’exemple. Et effectivement, je pense qu’il est un exemple pour tous ces jeunes en quête d’avenir. Très ouvert d’esprit, Mad Zoo est à l’écoute de son prochain. Il n’est pas donneur de leçon mais il parle de son vécu avec plaisir et montre aux plus jeunes qu’il y’a d’autres façons de s’en sortir.

 

Le Graffiti est un art technique. Il a des règles mondiales. Et des techniques universelles comme en peinture, sculpture, dessin ou photographie. L’artiste me dévoile ces codes.

Mad Zoo pratique le Wild Style. (Le tag sauvage). C’est une façon de graffer. Si on devait classer ce style sur une échelle de difficulté. Le Wild Style serait au niveau 9 ou 10 selon les graffs.  Les graffs de ce style ressemblent à des boules de couleurs. Les lettres ne se détachent pas. Elles forment une forme unique, c’est ce qu’on appelle  « Bloc Letters ». Ces lettres sont encadrés par les « out lines » puis il y’a les contours et pour finir les volumes pour l’aspect vivant.

Le graff est ainsi codé et difficile d’accès pour un œil non aguerri. Il s’accompagne en générale de tag, c’est-à-dire des phrases stylisés mais plus simples d’accès. Ces tags sont les clefs du graff et souvent, la signature de l’artiste. Une sorte de grille de lecture.

Mad Zoo apprécie ce style, car il pousse le spectateur à s’interroger.

Il y’a d’autres styles de graff comme me l’explique Mad Zoo. Le « Bubble style », le « Burner style », le Graff 3D, le « Chrome style » etc… Le contexte sociale et la culture détermine le style du graff. Le style que pratique Mad Zoo implique une parfaite maitrise de ces styles mais aussi il faut avoir le temps. On ne peut pratiquer le  « Wild style » sur des murs ou il est interdit de graffer par exemple… Hors le graff à l’origine était interdit. C’était un message de protestation. Il fallait graffer rapidement de peur de se faire arrêter. Aujourd’hui, le Graffiti s’est fait une place dans la culture mondiale. Il a reçu ces lettres de noblesses et a été accepté par les plus grands critiques d’arts. Le Sénégal commence juste à accepter ce type d’expression artistique.

Mad Zoo a des projets pour l’année en cours. Il prépare le FestiGraff qui a lieu chaque année depuis 3 ou 4 ans. Festival du Graffiti dirigé par un des premiers graffeurs sénégalais, Docta. Mad Zoo participe également à la caravane Graff et Santé toujours dirigé par Docta, qui a lieu chaque année. Cette caravane offre aux quartiers populaires de Dakar, des consultations gratuites, des dépistages. Elle sensibilise à l’aide des graffeurs et des médecins les populations souvent démunies…

Mad Zoo prépare aussi une collection de Street Wear et une bande dessinée, en collaboration avec d’autres graffeurs, qui retracerait l’histoire du Hip Hop. Je lance donc un appel à tous les éditeurs intéressés par ce projet.

Mad Zoo veut par ces différents projets changer l’image que la population a des hiphoppeurs et du graffiti en générale. L’artiste déplore que certains rappeurs, du mouvement Hip Hop au Sénégal, envoient une image négative de ce milieu. Le Hip Hop à l’origine a été défini comme une intelligence en marche. Si le hip Hop était une table, au Sénégal, ce serait une table bancale. Mad Zoo déplore que les rappeurs ne travaillent pas en collaboration avec les Dj et les Graffeurs qui font, à part entière, partie du mouvement Hip Hop.

Mad Zoo a eu du mal à se faire accepter et à se faire comprendre. Sa passion est plus qu’un obi. Aujourd’hui, Mad Zoo vit de son art, même si ce n’est pas facile tous les jours.

Mad Zoo prône le respect, le respect de son prochain, le respect de la femme. Mad Zoo se rend compte du pouvoir qu’ont les artistes. Il se sent obliger de montrer le bon exemple. Et de rester Droit.

La discussion se poursuit est dérive sur les bancs de la politique. Mad Zoo est apolitique, mais en tant que citoyens, il prend à cœur son devoir civique. Depuis qu’il a l’âge de voter, il le fait. Et compte bien le faire au mois de Février prochain. Il critique ceux qui usent de la violence. « Si vous voulez que ça change, Votez. !! »  Il ne comprend pas pourquoi la destruction et la violence sont les moyens d’expression de certains. Le Sénégal essaye de sortir la tête de l’eau. Il ne faut pas détruire ce qu’on a eu du mal à construire.

La discussion se termine. Je te remercie pour cet échange. J’en ressors avec une nouvelle vision sur l’art de rue.

Vous pouvez retrouver Mad Zoo sur facebook

 

 

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