Hot! Krafts

Ibrahima khalil Coné A.k.a Krafts

J’ai croisé Krafts à différentes reprises lors d’évènements ralliant les graffeurs de la scène sénégalaise. J’avais alors remarqué le travail de qualité de ce portraitiste de talent.  Il y’a quelques semaines de cela, j’ai reçu Krafts à la Boite à Idée, dans le cadre de la semaine des Portes Ouvertes. L’artiste accompagné de ses deux acolytes, Mad Zoo et Diabloss, qu’on ne présente plus, avait alors peint le mur extérieur de la maison.

Quelques jours plus tard, bien décidé à l’interviewer,  j’invitai Krafts à me retrouver dans notre espace à la Gueule Tapée.

Ibrahima Khalil Koné de son vrai nom est un jeune artiste sénégalais. Il choisit Krafts comme nom d’artiste, en référence à « Craftsman », l’artisan en anglais.

«Je me définis comme un Pigeon. Parce que le volatile est petit, mais surtout parce qu’il voyage loin. Les pigeons sont libres et ceux ne sont pas des prédateurs. Ils n’ont pas besoin de chasser, pour évoluer. Je suis comme çà !»  Krafts se dit « libre », libre dans ses pensées, libre dans sa façon de s’exprimer, libre dans ses relations avec les autres.

Tout çà à commencer durant son enfance. Petit, Krafts dessinait à la crée blanche sur l’armoire de son père. Malgré, les fessées, l’enfant bien déterminé à laisser sa trace, recommençait jour après jour. A l’école, il dessinait sur ses cahiers. Son professeur avait déjà remarqué son sens des proportions. L’artiste en herbe, reprenait toutes les Bandes Dessinés, qu’il avait sous la main.

« Ensuite j’ai commencé à écrire mes propres BD, avec mes personnages, et mon vécu… Ensuite, je me suis tourné vers le dessin de reproduction. Au crayon noir, je reproduisais tous les espaces que j’appréciai. Je devais avoir 15 ans.»

Avec ses amis de l’école des Beaux Arts de Dakar, Krafts faisait des échanges. C’est ainsi, qu’il apprit les notions d’ombres et lumières, de proportions et de profondeurs, Un jour, dans un article, Krafts découvre le graffiti. Il ne comprenait pas ce langage, mais il s’y retrouvait…

«Je me suis dis ; peu être que je peux me faire une place dans cet univers graphique. J’écrivais partout ! Quand je suis venu à Dakar, j’ai vu des graffs sur les murs. J’ai reconnu des noms… je me suis dis, les graffeurs habites là ! »

 Par la suite, Krafts rencontre «les grands». Un jour, il rend visite à Docta, à qui il montre son travail. Docta se rend vite compte, que le jeune artiste a repris tous ses graffs. Après quelques réprimandes, il lui conseille d’acquérir son identité visuelle. Après cela, Krafts rencontre Mo, avec qui le feeling est tous de suite passé. «Mo m’a filé pas mal de chose. C’est lui, qui m’a incité à mettre de la couleur dans mes graffs. »

Durant deux années, Krafts s’isole. Entre son année de terminale et le baccalauréat, qu’il devait préparer, Krafts n’avait d’autre choix… Cependant, il continue à dessiner, à exercer sa main et à mettre en place les conseils de ses amis graffeurs.

Un jour, Krafts est invité sur un graffiti collectif. « Je n’ai pas graffé, j’ai juste colorié. Mais en ce qui concernait les personnages, j’étais calé… Les potes m’ont dit ; Pourquoi ne ferais tu pas des personnages ?»

Krafts a commencé par reporter sur le mur, ce qu’il dessinait sur ces cahiers… Avec un grand sourire, l’artiste m’avoue que son premier personnage était « horrible, c’était vraiment un travail de débutant. » Aujourd’hui, cela fait sept ans que Krafts fait du graffiti et maintenant quatre ans qu’il peint et graff avec son collectif, RadiKL Boumb Squad. Le collectif compte Madzoo, Mow, Chimère, Beau-graff et Krafts. L’ambition du collectif est de faire du graffiti avec toute la rigueur d’un professionnel.

Krafts, comme beaucoup d’artistes dans ce pays, ne vit pas de son art. Par contre, l’artiste pense à l’avenir. Il suit des études en pharmacie  à la Faculté de Médecine de Dakar.  Dans deux ans, il présentera sa thèse de fin d’études. Durant l’année scolaire, Krafts ne participe pas aux manifestations culturelles. Néanmoins, pendant les vacances scolaires, il s’exerce et graff avec le RBS. «Ca n’empêche pas le graffer d’être pharmacien ou au pharmacien d’être graffer. Maintenant quand on parle de personnage dans le graffiti, on cite mon nom…» Krafts aurait aimé laisser sa trace sur les murs de la faculté ou il étudie depuis des années. Malheureusement, le graffiti n’est pas considéré par tous, comme un art. Certain pense encore que c’est du vandalisme… «C’est à nous, graffeurs, de nous battre, pour enlever ce préjugé!»

Même si chacun a son style et son identité visuelle, Selon Krafts, il ne faut pas se limiter à ce qu’on sait faire. C’est une recherche perpétuelle…

Son mot de la fin :

«En Tant que Krafts, je vais juste faire une blague …

Dans un avion, deux hommes sont assis cote à cote.

L’un a une bouteille, qu’il porte chaque cinq minute à sa bouche… L’autre, curieux se demande ; Mais que boit-il ?

L’homme curieux attend que l’homme à la bouteille aille aux toilettes… Il boit le breuvage et se rend compte qu’il n’y aucun gout.

L’homme à la bouteille repris sa place.

Le curieux lui demande ; Mais qui a-t-il dans votre bouteille ? 

L’homme à la Bouteille : « La bouteille, c’est que parce que je suis tuberculeux, c’est pour cracher… » »

La curiosité est un vilain défaut. Sur ces bonnes paroles…

C’est ainsi que notre interview prit fin.

https://www.facebook.com/krafty.khalil?fref=ts

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