Hot! Julie Poncelet

Julie Poncelet

 

J’ai rencontré Julie, il y a bientôt un an de cela. A l’époque, Julie travaillait avec Hampaté & le Sahel Blues. Je me souviens d’avoir été très impressionnée par l’énergie de cette femme. Je la croisais souvent dans différents espaces culturels de la capitale ; ainsi que dans le Désert de Loumpoul, durant le Festival du Sahel 2012. Plus speed, que Bip-bip le coyote, Julie abattait un travail considérable. Bien plus tard, j’appris que Julie vivait entre la Belgique et le Sénégal…

Il y a quelques semaines de cela, je revois Julie à Dakar. Bien décidée à occuper une heure de son temps, je l’invite à prendre un café dans notre espace à la Gueule Tapée.  Accompagnée de sa cadette, Julie me rejoint à la Boîte à Idée, pour une petite interview.

Julie Poncelet se définit comme une artiste, mais une artiste de l’ombre. Elle accompagne les artistes et les aide à se faire une place sur la scène musicale sénégalaise et mondiale. Julie est aussi étudiante. Depuis 6 mois, elle suit une formation en Production Musicale et Management d’artistes,  à l’Institut des Arts de Diffusion de Louvain-la-Neuve en Belgique. Mais Julie se bat également pour différentes causes. Elle lutte pour la culture mais aussi pour l’écologie.

La jeune belge arrive au Sénégal, il y a quelques années de cela, pour un la mise en place d’un projet écologique, qui soutient la création d’un centre touristique, culturel et sportif. A l’époque, elle implique les artistes locaux sur la décoration d’un des bâtiments du centre. « C’est comme ça que j’ai été confrontée aux difficultés que vivaient les artistes pour se faire connaître et reconnaître » C’est ainsi qu’est né, son désir de les accompagner, ici, au Sénégal. Julie a pris conscience du manque d’outils professionnels pour soutenir le développement de carrière. «S’ils ont de la chance, les artistes sénégalais vont trouver un manager en Europe, qui va faire un travail pour les faire connaître en Europe, mais il n’y a pas de travail de fond, pour les faire connaître ici.»

Julie me rappelle que l’industrie musicale mondiale est en grande mutation. Les artistes au Sénégal sont désormais voués à eux même. Le temps où un manager venait débaucher des artistes dans les bars est révolu. Les maisons de disques ferment leurs portes ou sont rachetées par de plus grosses boîtes. La vente des albums a considérablement été réduite de moitié, voir plus, depuis l’arrivée du numérique. C’est une grosse perte financière pour les artistes. Aujourd’hui, selon elle, il faut miser sur autre chose… La crise mondiale n’arrangeant en rien les choses. C’est le secteur culturel, un des premiers à payer les pots cassés. Les problèmes de visas sont également devenus un frein au développement de ces artistes. «Les Africains sont les premiers à payer les pots cassés. Aujourd’hui, les maisons de disques ne veulent plus que des artistes déjà confirmés. Il faut d’abord faire un travail chez soi avant de s’exporter. On a plus le choix.»

Mademoiselle Poncelet a accompagné plusieurs formations musicales sénégalaises. Elle les a soutenus sur leurs sorties d’albums et sur une multitude de dates de tournées à l’extérieur… En ce moment, Julie travaille au développement de carrière de la jeune artiste : Marèma Fall, choeuriste, depuis près de 5 ans, Marèma a travaillé pour un grand nombre d’artistes confirmés. Aujourd’hui, elle a décidé de se lancer dans une carrière solo. Pour Julie, c’est l’artiste pilote… «C’est vraiment un travail que l’on fait à deux. On s’apprivoise, puis on développe des stratégies. L’artiste partant avec peu de moyen financier, il faut donc une bonne stratégie. Mon objectif est de l’amener jusqu’au succès, qu’elle arrive à se démarquer. » Julie appuie Marèma, notamment au niveau de la communication via internet. Pour la jeune femme, internet est l’outil d’avenir. Le numérique est ce qui va porter les groupes, ce qui peut les faire connaitre.

Les choses à faire selon Julie Poncelet : Prendre son temps / savoir se définir (Comment je me situe ?) / Qu’est ce que je mets dans mon projet ?/ Qui est mon public ?/ Qu’est ce que je fais pour mon public ?/ Garder à l’esprit que l’artiste est en évolution continue /Travail rigoureux et quotidien.

Julie constate aussi ici qu’il y a un problème dans le rôle du leadeur et celui des musiciens. Il y a beaucoup de conflit dans les groupes au Sénégal. Le manque de professionnalisation y est pour beaucoup. Les musiciens n’ont souvent pas de contrat, ils sont payés de façon arbitraire.  « J’essaie d’instaurer un esprit de groupe. La stabilité de l’artiste va pouvoir se mettre en place, si le groupe est soudé. Il faut se voir comme une famille.» Pour Julie, c’est évidant, il faut avancer ensemble… La scène, c’est le résultat d’un travail de groupe. En impliquant les musiciens, le groupe va plus loin.

L’Organisation et la gestion du temps et des contrats sont également essentiels. Julie Poncelet a envie d’accompagner les artistes, qui sont prêts à faire ce pas là ! Pour l’instant, elle évolue dans le secteur musical, mais à long terme, elle compte agrandir cela à tous les secteurs de l’art et de la création…

Julie soutient la nouvelle réforme du BSDA. Le travail du BSDA, va de paire avec ce qu’elle fait. «S’il y a pas de collaboration avec le bureau des droits d’auteurs, mon travail va être amputé. Si on ne leur accorde pas ce droit-là, comment vont-ils survivre ?» Pour l’artiste de l’ombre, il faut mettre en place un collectif de force vive des Métiers qui tournent autour de l’artiste. L’identité de l’artiste va se faire grâce à l’appui des différents corps de métiers : Graphiste, Photographe, attaché de presse, technicien, manager, booker, etc. Souvent, selon Julie, les artistes vont trop vite et passent à côté d’opportunités. «Si le produit n’est pas fini, ni professionnel, l’artiste échouera. Il faut pouvoir se projeter dans l’avenir et ne pas faire les choses au jour le jour…» Dans un métier où tout est basé sur la relation et la confiance, Julie a envie de travailler sur l’éthique et la transparence. Elle aimerait instaurer le concept de l’éthique et soutenir des initiatives d’artistes qui vont pour la promotion de l’environnement. «S’il y’a des artistes qui s’engagent dans cette urgence-là, je les soutiendrai.» Aujourd’hui, Julie va dans ce sens, en soutenant Le Festi’Vert, une initiative des Frères Guissé. L’écologie c’est l’avenir !  Il est grand temps que les Sénégalais s’approprient leur environnement.

Pour l’activiste culturelle, les Frères Guissé sont des artistes éco-citoyens. Depuis, sept ans, à travers ce Festival, ils revalorisent la Baie de Hann, un des derniers poumons verts de Dakar. Le Festival collabore avec des écoles, des GIE, et tout cela sur fonds propres. Pour des artistes qui tournent, travaillent et investissent toute l’année, c’est très lourd. Un Festival se prépare un an à l’avance… «J’ai décidé de les accompagner, pour soutenir et pérenniser ce festival. C’est une initiative importante à qui mérite un coup de pouces! Je serai présente pour apporter un appui. Il faut les encourager dans cette voie. L‘artiste a un message à faire passer. »

Dans 5 ans, Julie se voit bien implanté à Dakar où elle aimerait vivre toute l’année au Sénégal et faire quelques voyages dans le cadre des projets sur l’international mais surtout un pont avec la Belgique et un travail sur l’Afrique de l’Ouest. Elle aimerait également, mettre en place une structure où s’intégrait un collectif qui irait dans ce sens… «Pour l’instant, j’en suis à un état des lieux. Qu’est-ce que je vais développer sur Dakar ? J’espère que d’ici là, j’aurais avancé et travaillé avec pas mal d’artistes.» D’après Julie, ce qui est délicat aujourd’hui, c’est la relation toubab-africain. Souvent les artistes pensent que le manager arrive avec une mallette remplie d’argent. Lol. Le manager n’est pas celui qui investit, il trouve des fonds et les investisseurs… Mais aujourd’hui, on ne trouve plus des fonds en claquant des doigts. Le système est en mutation. Il faut faire la différence dans les rôles de chacun. «Il y a un réel manque d’information. Les artistes au Sénégal, n’ont pas une vision globale de leur propre secteur. Il y a un vrai  travail à faire sur l’Afrique. L’avenir de la culture, c’est ici en Afrique et ne pas voir uniquement l’exportation vers Europe. Il y a tant à faire ici sur le continent de l’avenir : L’Afrique.»

Son Mot de la Fin :

« Ndank Ndank moy diap golo si ndiay »

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