Hot! Leslie Rabine

Leslie Rabine

 

 

C’est un plaisir pour moi de partager avec vous, cette nouvelle rencontre.

Voilà une femme, que j’ai rencontré il y’a quelques semaines. Leslie faisait partie de mon réseaux d’amis on the web. J’étais admirative du travail de Leslie, depuis déjà plusieurs mois. Cependant, ce n’est qu’aujourd’hui, que j’ai la chance de faire sa connaissance. Mais je dois dire qu’au-delà de son talent de photographe, cette femme est un exemple pour nous toutes. Qui est-elle ? Quels sont ces combats, ces espoirs ?  Intellectuelle, enseignante, philosophe, chercheuse et artiste, la grande Leslie accepte de répondre à mes questions au cœur de la boite à idée en après midi de Septembre. Laissez moi vous présenter Leslie Rabine.

Du haut de son mètre cinquante sept, Leslie est installée sur un tabouret du salon. Ses cheveux courts poivres et sels ainsi que ses yeux clairs sont mis en valeur par le Teeshirt bleu qu’elle porte fièrement. Un teeshirt graffé, de la marque Doxkatt,  Leslie est une des amis de l’artiste Diabloss, styliste et créateur de la marque, pour qui elle prend d’ailleurs des séries de photographies.

 

 

L’Américaine habitante de San Francisco est un professeur de lettre à la retraite, spécialisée dans Littérature Française du 19° siècle. Leslie est une soixante-huitarde, révolutionnaire dans l’âme. Ecrivain, elle s’intéresse aux héroïnes romantiques, aux premiers mouvements des femmes du dix-neuvième siècle ; aux femmes dans la révolution française mais aussi aux femmes dans la littérature sénégalaise.  Aminata Sow Fall, Mariama Ba notamment. Le professeur s’intéresse également à la Mode dans sa portée philosophique et dans la vie quotidienne. Lors de son premier séjour au Sénégal dans les années quatre vingt,  elle eut le privilège de rencontrer Aminata Sow Fall

« J’étais venue au mois de Mai. Il y avait un défilé de femmes ouvrières. Toutes les femmes étaient magnifiques… »

De ce premier voyage naitra un ouvrage La Circulation globale de la mode africaine. C’est en faisant ce livre, que Leslie s’est intéressé à la photographie. Il était important de souligner la corrélation entre mode, photographie et politique. Leslie développe son étude autour des années quarante huit et remonte jusqu’à nos générations actuelles. Cependant arrivée au vingt et unième siècle, les catégories se sont éparpillées dans le vent. Les choses ont changé avec la révolution internet.

Leslie Rabine, compte à son actif, quatre livres ; Lire l’héroïne romantique, Le féminisme et le Romantisme au 19°siècle en France ; Filles rebelles : Les femmes et la révolution français (avec Sara Melzer). Elle publie également plusieurs articles sur la photographie et la mode africaine. Ainsi qu’une étude, parue récemment, sur les pratiques du Multimédia par la jeunesse dakaroise, un chapître dans Les arts de la citoyenneté au Sénégal. Ici, elle s’intéresse particulièrement à deux artistes, Malyka Diagana et Abdoulaye Ly [Abdu-lahi Ly sur Facebook].

 

 

« Maintenant que je viens en Afrique, je me demande si mes œuvres n’avaient pas un bias trop occidental. Parce que je me basais beaucoup sur des théories psychanalytiques, dont le sujet d’analyse était occidental. Un Sujet œdipien. Ici, au Sénégal, la famille est différente. Donc le sujet est très différent. Et [. . . ]je sens que prétendre comprendre profondément la vie intérieur des africains, serait arrogante de ma part. Mais j’essaie, et j’apprends et j’essaie d’apprendre. Mais je ne peux pas dire que j’ai ce savoir. » Ajoute elle avec beaucoup humilité, et pourtant Leslie travail sur la culture sénégalaise voir africaine depuis le début des années quatre vingt-dix.  Elle étudiait les tailleurs et les teinturières dans leurs processus créatifs. Elle commence la photo ainsi, en voulant prendre ces artistes aux travails. Voulant partager des images de qualité, elle prend des cours de photographie. « Je suis toujours étudiante… maintenant je poursuis mes cours sur internet. »

A la retraite, l’artiste continue d’écrire. Leslie s’intéresse énormément au rapport entre l’écriture et l’image… C’est pour çà, que le graffiti la passionne m’avoue telle. « Le graffiti au Sénégal est fabuleux. J’adore ! J’ai lu de nombreux livres sur cet art. À mon avis le graffiti ici peut égaler voire surpasser ce qu’on voit ailleurs. »

Qui a-t-il de différent entre le graffiti dakarois et celui de San Francisco ?

la ville de Leslie,  est connue pour ces fresques latines. Dieux, Déesses sont partout sur  les murs. Le graffiti là-bas a une portée spirituelle.  Alors qu’à Dakar, le graffiti est plus engagé, il délivre des messages à la population.

« ça fait un lien entre la ville que j’aime là-bas, et celle que j’aime ici. Après le dernier Festigraff, j’ai publié dans Mission Local, des diapositives sur le Festigraff. » Des sénégalais de San Francisco, dont un des petits neveux de Senghor, lui ont envoyé des messages, et a partagé avec Leslie, la nostalgie qu’ils avaient de leur ville natale.

 

 

Dans le Bronx, ajoute Leslie, un artiste a embauché des graffeurs, pour réaliser une œuvre gigantesque. Le Bronx est un des lieux ou le graffiti est né me rappel l’artiste. Et pourtant le  graffiti à New York aujourd’hui, n’est plus ce qu’il était dans ces débuts… « Le niveau n’est plus ce qu’il était dans les années 70. Le mouvement s’est essoufflé.  Je dois faire des recherches poussées pour t’expliquer pourquoi. Mais d’un point de vue superficiel, disons que les graffeurs des années 70/80 étaient passionnés par cet art, qui était illégale…

Au Sénégal, la motivation des graffeurs ne tourne pas autour d’un jeu d’adolescent avec la police. Ici, c’est quelque chose d’important. Une mission, parce qu’il faut passer des messages à la population… Dans le Bronx, ils ont des revendications, mais il n’y a pas de mouvement pour les faire]. Selon Leslie, la drogue est une des raisons. D’après elle, le gouvernement est coupable de cette dispersion des produits visant à aliéner la jeunesse. Ensuite, selon l’artiste, l’industrie de la prison est également une des raisons. « Tous les jeunes noirs ou latinos qu’elle a eu à rencontrer doivent être prisonnier, pour nourrir cette industrie pénitentiaire. Tout ça a détourné l’énergie de l’art du graffiti. Et le plus désolant, c’est que, ces choses sont normalisées. »

A San Francisco,  la vie des fresques est fleurissante. Comme à Dakar, il y a différents mouvements, des organisations. Leslie me cite notamment Precita Eyes et Aerosoul, ou Docta a d’ailleurs été invité l’an dernier… Il y’a aussi des artistes qui organisent des choses (ateliers d’enfants). De façon générale, il y’a beaucoup d’animations pours les jeunes.

 

 

« Ce qui m’intéresse à Dakar, se sont les jeunes qui ne sont pas passifs devant les difficultés. Malgré tout, ils créent, ils persistent. Ils encouragent les autres, en s’encourageant eux-mêmes. Ils font beaucoup avec peu de moyen. Si les américains gâtés voyaient ceci, qu’est-ce qu’ils diraient? »

Avec Malyka Diagana, il y’a quelques années, Leslie a interviewé des jeunes femmes de la banlieue dakaroise, qui participaient à faire des films. Elle me cite en exemple cette expérience « Je crois que les messages leur viennent de partout. Elles veulent savoir comment intégrer tout ça, et comment trouver dans tout ça, une identité. » Leslie constata qu’à travers la création des films, ces jeunes femmes de la banlieue prenaient confiance en elles-mêmes, avaient pris conscience des différentes influences et avaient appris à les intégrer. A ce moment, Malyka était à la fois sujet et chercheuse…

Leslie adore la photographie, et celle-ci lui rend bien. Elle aimerait améliorer son style, sa vision. Ce qu’elle préfère, ce sont les portraits. L’échange entre celui qui photographie et celle qui est photographié. L’artiste appelle ce moment, le rencontre de désirs. Ce qui pique la curiosité de la photographe c’est : « Qu’est-ce qui se produit dans cette rencontre de désirs ? Fusion ou non fusion. ? » Y a t-il un rapport différent à l’image, au Sénégal ? L’histoire et les traditions sont différentes. Donc certainement. Ici, on se réfère à Seydou Keita [comme dans cette jolie photo que Victor Diop a faite de toi].  Aux Etats Unis, les photographes recherchent le glamour. Ici c’est plutôt, réussir à laisser s’exprimer l’âme de la personne d’après l’artiste.

 

 

Quant je demande à Leslie un conseil ou une parole de sagesse pour clôturer ce moment. Elle s’esclaffe, et me dit : «  Moi ? Une parole de sagesse ? » Après quelques minutes, l’artiste finit par me répondre : « J’étudie la culture au Sénégal depuis 1991, mais je me sens toujours à mes débuts. Je suis ouverte à apprendre, et j’espère continuer encore pendant longtemps.

Ouvrages de Leslie, Disponible sur Amazone.

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https://www.facebook.com/leslie.rabine

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