Hot! Fabrice Monteiro.

Fabrice Monteiro.

 

J’ai découvert Fabrice et son travail il y’a bientôt deux ans de cela. A l’époque, il exposait à la Biscuiterie une série de clichés sur les plages de Dakar. Bien plus tard, j’ai à nouveau recroisé son travail, cette fois ci, il s’agissait d’une série sur les Baye Fall. Ce n’est qu’il y’a quelques semaines, un après midi de Février, que je rencontrai l’artiste. Nous nous sommes retrouvés au cœur de la gueule tapée, à la Boite à Idée, pour une petite interview pour la plateforme culturelle. J’étais curieuse de rencontrer l’homme qui se cachait derrière l’objectif. Autour d’un café, on démarrait l’interview…

Photographe de quarante et un ans, Fabrice Monteiro est un métisse d’origine belge et béninoise. « C’est dans le métissage que mon identité se fonde. Je me considère comme transculturel. Ma photographie est une passerelle entre mes deux cultures.» .

Après des études d’ingénieur industriel, Fabrice devient mannequin et se met à parcourir le monde.  « Ca m’est tombé dessus par hasard et j’ai profité de cette formidable opportunité pour découvrir le monde et celui plus particulier de la mode.  J’étais loin de m’imaginer qu’au delà de gagner ma vie de manière plutôt agréable, j’apprenais l’art de la photographie de mode» Dans le même temps, Fabrice apprend la 3D, puis Photoshop.. Plus tard, le jeune mannequin monte avec des amis d’enfance, une marque de fringue nommée GAIA ROOTS UNLTD. Cette aventure va durer six ans. A cette époque Fabrice vit entre Brooklyn, et la République Dominicaine. Un jour, sur une plage dominicaine, durant une session de surf, Fabrice rencontre un photographe  newyorkais, Alfonse Pagano qui finit de le faire basculer de l’autre coté de l’objectif. Liés d’amitiés le maitre et son nouvel élève passent beaucoup de temps ensemble. Fabrice vit dans un loft, deux étages au dessus du studio photo de l’artiste. « Il m’a vraiment expliqué comment techniquement la photo fonctionnait… » Désormais Fabrice cumule la technique et son expérience dans la mode. Il commence à faire des éditos modes et quelques Tests photos pour les mannequins de son agence, Ford. Très vite, il réalise que la photographie de mode ne lui suffit plus, il veut donner du sens et du poids aux images qu’il crée. En 2009, il décide de rentrer à Paris. « J’avais envie de travailler sur des projets plus intimes, de faire une photographie qui ait du sens å mes yeux, ».

C’est comme ca que Fabrice Monteiro développe le Projet « Marrons », séries de portraits d’esclaves.  « MA famille est originaire de Ouidah, qui était l’un des principaux comptoirs d’esclaves. J’ai un nom portugais, hérité d’un ancêtre mis en esclavage par les portugais. Pour cette série, je me suis replongé dans les images qui m’ont fasciné lorsque j’étais enfant. Il y’avait cette bande dessinée,  Les passagers du Vent. » L’auteur, François Bourgeon , y raconte le périple d’un bateau négrier allant chercher sa cargaison d’esclaves sur le comptoir  de Juda, qui est en réalité Ouidah au Bénin. A l’époque Fabrice avait sept ou huit ans et fut  profondément marqué par la vraisemblance de ces illustrations, l’environnement,  les personnages, toutes ces choses lui ´étaient familières « En faisant des recherches à la Bibliothèque du Quai Branly à Paris, j’ai retrouvé des pages et des pages de livres de bord des  navires négriers. C’est ainsi que j’ai pu rassembler suffisamment d’informations pour reproduire les carcans que portaient les esclaves pour ne pas s’échapper. » Une fois les pièces réalisées, Fabrice fabrique un studio mobile et part à la recherche de  ses modèles dans les rues de Ouidah  .

Fabrice Monteiro n’a jamais exposé ce projet. La production d’Oprah Winfrey a proposé d’acheter les droits sur les photos pour la sortie de Django aux Etats Unis. Fabrice refuse la proposition.. Plus tard, lors d’une première exposition aux Etats Unis sur les Signares, le Musée d’Art Moderne de Seattle fait l’acquisition d’une de ses œuvres. En Octobre 2013 , Fabrice expose lors du premier salon d’art contemporain africain å Londres, le 1:54.

 

En 2010, Fabrice rencontre une femme extraordinaire, Maggy  Barankitsé, qui en 1993, alors professeur de français et l’assistante d’un prêtre dans une cathédrale perdue dans la petite ville de Ruyigi  à quelques kilomètres de Bujumbura. Elle travaillait et une nuit, des hordes de mercenaires hutus s’attaquent à cette cathédrale. Il y’avait une centaine de personnes cachées dans la cathédrale. La horde massacra 74 personnes. Maggy pu sauver les enfants. Pour ces orphelins, elle créa la Maison Shalom. La maison Shalom a aujourd’hui un hôpital qui est deux ou trois fois plus grand que l’hôpital de Bujumbura. «J’ai eu la chance d’être là bas sur le site. J’ai choisi 25 des enfants de Maggy. Et je leur ais demandé de choisir l’endroit où ils voulaient être photographiés et avec qui ils avaient envie d’être photographier. Et chaque portrait est associé à un propos recueilli par sa compagne Pauline Lecointe. » Maggy a réussit quelque chose d’extraordinaire parce que au-delà d’avoir sauvé ces enfants, elle a réussit a instauré la paix et la réconciliation. Pour Fabrice cette expérience a vraiment été incroyable.  La série  s’intitule « Wind of change ».et a été exposée à Bruxelles, au Luxembourg et å Ruyigi lors du 20éme anniversaire de la Maison Shalom en 2013.

Fabrice décide de s’installer au Sénégal en 2011. « J’ai choisi de revenir en Afrique et particulièrement au Sénégal car la scène culturelle est une des plus vibrante d’Afrique de l’ouest à mes yeux. Il ya une énergie créative folle a Dakar, Et puis je peux y réaliser des images qu’il me serait impossible de produire ailleurs

En ce moment Fabrice travaille sur trois  projets simultanément. Il lui  arrive de faire des séries mode mais la plupart de ses travaux sont des projets au long court. La série sur les Baye Fall a duré deux ans. «J’ai commencé un travail sur les plages qui n’est pas encore finit. Je travaille depuis deux ans sur les fous rencontrés a Dakar. Et puis y’a les choses qui se font par saison.» Actuellement, Fabrice travaille avec le créateur Jah Gal et la communauté ECOFUND.ORG, sur le projet : «The Prophecy ». Série sur l’environnement. « En associant nos talents respectifs avec Doulsy, nous sommes parvenus a développer une identité et un style unique et j’en suis très fier car nous nous élevons ensemble, nous nous apportons beaucoup l’un a l’autre. » Il s’agit de photographie militante. Suite a Une conversation avec Haidar, ancien ministre de l’environnement au Sénégal, Fabrice a choisit dix thèmes majeurs liés aux  problèmes environnementaux qui menacent le plus le Sénégal ?  On a fait trois clichés pour l’instant. On prépare la 4ième. L’objectif est de sensibiliser la population aux proportions que les problèmes liés a l’environnement  ont pris ces dernières années »  « Gaia, Terre mère, source de vie… nous seuls être doué de raison, sommes les seuls à la détruire. Notre mode de consommation est tel que le renouvèlement n’est plus possible. J’ai voulu utiliser cette image du Djin agonisant car il m’est d’avis que l’animisme est omniprésent en Afrique et que la notion d’Esprit reste prépondérante dans les cultures africaines.» Quand ils sont allés faire des photos à Hann, ils ont croisé des gens qui se plaignent que les égouts se versent chez eux. L’eau de la baie de Hann est l’une des plus polluée de la planète. En allant faire ces photos, les deux artistes sont tombés sur un paysage Apocalyptique. « Tu y vas à 7 heures du mat tu as du sang qui sort des canaux. Et à 10h, tu as les boyaux qui tombent. C’est hallucinant ! Si on continue a négliger notre planète ainsi, nous courrons a la catastrophe. Toutes les idéologies sont tombées, la seule qui vaut encore la peine de se battre pour c’est une planète plus verte. Comme le dit justement le slogan d’ECOFUND : « Quelle planète voulons nous laisser a nos enfants ? ».

Tes paires : « Je n’ai pas de modèles, y’a des univers que j’aime beaucoup, dont je m’inspire. J’aime la photo de mode italienne. De ces photographes avant-gardiste tel Bruce Davidson, photographe blanc, qui a réalisé un travail magnifique sur la communauté Afro américaine a Harlem alors que personne ne s’y intéressait.  Ce genre de travail  m’inspire. »

Tu te vois ou dans dix ans : « je me vois heureux, si dieu veut, c’est déjà pas mal… ou ? Je ne sais pas, le monde est vaste. Dans un bon coin qui apporte des bonnes choses. »

Tu écoutes quoi en ce moment : « Y’akoto. Kolobarst de la Martinique. Je suis un grand fan de reggae.  J’ai découvert Rodriguez, une sorte de Bob Dylan underground, j’adore ! »

Si tu étais une image : « le Cri de Munch. Parce qu’il y’a de quoi. »

Un mot de la fin: «Soyez heureux. Quoi que vous fassiez, faites ce que vous aimez. . C’est bien là, l’essentiel.»

Le retrouver sur :

https://www.facebook.com/fabrice.monteiro.75?fref=ts

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