Hot! Papyrazzi et la Biennale dak’Art 2014 off

 

Papyrazzi

le croisement des êtres chers

J’ai rencontré Papy il y’a longtemps de çà, quelques mois après mon retour à Dakar.  C’était les débuts de Wakh’Art. Je dois dire, que j’ai apprécié l’homme autant que le photographe. Qui plus est Papy Diop a toujours soutenu et encouragé cette initiative de Blog culturel.  J’étais donc très émue de venir à sa première exposition, inscrite dans les Off de la Biennale de Dakar et installée à la Résidence Vives Voix (Point E, près de chez Maitre Abdoulaye WADE). Ce projet, il en parlait depuis quelques temps déjà et  malgré les difficultés d’un tel sujet, il était allé au bout et aujourd’hui, il présentait ce travail.

 

 

Assise face à lui, je lui pausais quelques questions…

Qui es tu et où sommes nous ?

« Pape Samba Thiebault Oumar Diop dit Papyrazzi et on est à la résidence Vives Voix. Papyrazzi parce qu’il parait que je suis capable de me démultiplier en plusieurs photographes mais c’est un jeu de mots entre Paparazzi et Papy».

Explique-moi ce projet ?

« 3 œuvres. Une sculpture intitulée Fécondité, une série de photographies nommée Le Souffle des Anges et une installation appelée Les Provocateurs. A travers ce projet, je reviens sur les deux évènements extrêmes de la vie à savoir la naissance et la mort. C’est également un hommage à mon grand père qui est décédé avant la naissance de ma fille.

D’abord Grand père est né le 10 Juillet 1920, Maman le 16 Juillet 1950 et moi le 20 Juillet 1980. Il y’a 30 ans de différence entres nous et je porte le nom de mon grand père. Je me suis toujours dis, que j’aurai une fille, à trente ans et qu’elle porterait le nom de maman. Mais ca ne s’est pas passé comme ca.

Ensuite, j’avais l’habitude de le prendre en photo avec mes neveux et je me suis toujours dit que j’aurais la même photo de lui et de ma fille.  A son décès j’ai été confronté pour la première fois à la mort. Je pense que je l’ai vraiment côtoyé. J’étais impliqué dans tous les rituels. Le Lavage, le linceul que j’ai attaché et le cimetière. C’était ma première fois et je l’ai  fait machinalement, sans même comprendre ce qu’il se passait.

 

 

Neuf mois après, Bébé est arrivé. Je l’ai emmenée de la salle d’accouchement à la nurserie. Les sages femmes l’ont lavé et c’est là que le projet commence… Je voyais les berceaux, j’entendais les cris, mais eux je ne les voyais pas. J’ai eu une sensation de déjà vu et ca m’a ramené à la mort de grand père… Je venais de trouver un moyen de faire la photo que je voulais.

J’ai cherché pendant cinq mois une personne qui serait d’accord pour que j’entre dans la salle d’accouchement et avec l’aide d’une amie psy, j’ai trouvé un médecin puis une famille ouverte au projet. »

Donc tu as récrée les scènes ?

« Non, j’avais des images figées en tête,  je suis juste allé les chercher.

Le plus important dans cette sculpture. (Il montra du doigt Fécondité). Ce n’est pas ce qu’on voit. La femme enceinte mais l’enfant qu’elle a dans le ventre. C’est lui et ce qu’il représente qui compte, sa vie, sa future existence, ses questions, son au-delà (notre monde). Si l’on remarque bien, la femme n’a pas d’yeux. Il essaye de voir ce qui va se passer après, lui aussi il se pause des questions. Là on lui donne la parole…

De l’autre coté, c’est la visite des anges « Mounkir et Nakir » dans la tombe. Je m’imagine comment cette visite va se passer. Avec l’un dans le dos et l’autre en face. Il n’y a pas un plus gentil ou méchant que l’autre. Ils sont tous les deux présents pour accomplir la mission qui leur est dévolue et il n’y a pas d’échappatoire… il faudra forcément répondre à leurs questions. Après la tablette est un clin d’œil à notre époque. Parce que de plus en plus on voit sur Facebook « rest in peace » et les gens au lieu d’aller présenter les condoléances à la famille, laisse un message sur Facebook… La tablette c’est pour être sûr que je vais recevoir toutes les condoléances le jour de ma mort. Dans la tablette, il y’a une vidéo que j’ai faite avec toutes les photos, avec le bruitage accompagnant chacune des 26 photos. Sur l’écran de veille il y’a écris « I6 J Niit ».

 

D’un point de vue plus général, ce projet est  une représentation des deux extrêmes de la vie, avec tous ce qu’il y’a comme rituels, comme reflexes pour chaque occasion ou scène de vie. On se rend compte du niveau de similitude entre les deux extrêmes. »

Que représente la photo pour toi ?

« Le dernier de mes passe-temps.  Quand  j’ai fini le boulot, quand je ne peux plus aller jouer au foot, quand j’ai fini de dormir, à ce moment-là, je peux peut être pour faire des photos. Depuis cette série, je n’ai pas repris mon appareil photo… j’espère le reprendre au prochain projet, s’il y’en a un. Peut  être qu’il y’aura une suite… »

Pourquoi ce médium. ?

« Je suis tombé dans la photo par hasard. J’ai pris un appareil pour faire de la vidéo et je n’ai pas eu le temps de faire une vidéo, j’ai donc fait une photo. Le basket m’a aidé à améliorer mon style. L’environnement de nuit, le jeu rapide. Il faut beaucoup s’entrainer pour prendre de bonnes photos.. En école de commerce je faisais de la vidéo et j’écrivais beaucoup de scénari pour des publicités. Un jour j’aimerais devenir Cinéaste, ca c’est quelque chose que j’ai envie de faire… d’ici les 20 prochaines années peut être… »

Son mot de la fin : « J’ai trempé dans ca pendant 3 ans et ca m’a permis de comprendre les différents processus de vie. Parce que chaque photographie représente un long processus. Mais en même temps, il faut savoir se détacher pour pouvoir bien profiter de la vie…  Il faut Aider l’art. L’art a une place importante dans tous ca… ».

 

 

Papyrazzi 706361010

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