Hot! Franck Dribault

Franck Dribault

 

J’ai rencontré Franck à l’occasion du Festival Nio Far, qui a eu lieu à Dakar il y a quelques mois de cela. Ténor, Franck chante à l’Opéra mais joue aussi au Théâtre. Aux côtés de Pier Ndoumbe, chorégraphe camerounais, il crée le Festival Nio Far en 2014. La première édition fut une belle réussite malgré les quelques couacs dus à la difficulté de mettre en place un Festival de ce type. C’est à la Boite à Idée, à quelques semaines de son départ, que Franck me retrouve lors d’ une interview pour la plateforme culturelle Wakh’Art.

 

 

 

« Artiste, comédien-chanteur de théâtre musical », c’est ainsi que Franck se définit.

Parallèlement à ses études en école de commerce, Franck suit la prestigieuse école de formation de l’acteur « les Cours Florent ». Après l’obtention de son diplôme, la carrière artistique s’impose à lui après avoir assisté à un concert de l’artiste soul Terence Trent d’Arby. Il intègre une école de chant variété avant de se diriger vers le conservatoire où il suivra une formation classique. Il fera de l’art vocal, au-delà de sa passion, un métier.  Plus tard il ajoute à son expérience, une formation de danse… ce qui fait de lui un artiste complet. Franck intègre le choeur du Théâtre des Champs-Elysées sous la direction du chef d’orchestre international Myung-Whun Chung et participe ainsi à de nombreuses productions d’opéra. Mais son désir de devenir soliste le fait intégrer d’autres productions d’opéra qui le mènent sur de nombreuses scènes en France et à l’étranger et cela jusqu’en Chine. En plus de l’opéra, ses goûts le portent aussi vers l’opéra comique, l’opérette ou encore la comédie musicale.

https://myspace.com/franckdribault/music/songs

 

Après 2011, Franck fait une pause dans sa carrière de chanteur pour se consacrer à la mise en scène. Il est bon de prendre du recul, dit-il.  Dans le même temps, Franck travaille aux côtés de Pier Ndoumbe sur des pièces de théâtre musical et reçoit d’ailleurs un Prix à Avignon (Trésor du festival d’Avignon pour un spectacle jeune-public).

Franck est également compositeur et fait de la programmation. Il a notamment composé pour un groupe Electro connu en Europe, Sporto Kantes (Album « One », élu album electro Fnac de l’année 2001) En 2013, Il compose la musique d’une comédie musicale inédite et inachevée de Boris Vian,  La Reine des Garces dont il assure la mise en scène. Il travaille également sur l’adaptation en comédie musicale d’un vieux film Français des années 30. L’artiste termine actuellement l’écriture des chansons de cette future comédie musicale. Franck croit énormément à ce projet et la nouvelle étape est maintenant de trouver les producteurs pour ce projet de grande envergure.

Depuis sa première venue au Sénégal en 2004, où il animait des ateliers de chant auprès de jeunes dakarois, Franck a travaillé à Mboro avec de jeunes artistes issus du rap et de la soul, Kaddu Galsen. C’est Pier qui l’a une fois de plus entraîné dans cette aventure. Ensemble, ils sont venus dans le village de Mboro et ont décidé de former des jeunes aux métiers de l’art. Par la suite, ils ont eu l’idée de monter une maison des artistes puis le Festival Nio Far.

https://www.facebook.com/pages/Kaddu-Galsen/482592198446121

 

 

Concernant le festival, Franck joue deux rôles, celui de l’administratif, mais aussi celui de coach-vocal pour les groupes musicaux. Cette première expérience fut plutôt positive et l’artiste s’est pris au jeu. Il a particulièrement apprécié la rencontre avec les jeunes de l’UCAD qu’il a préparés aux lectures organisées à la Librairie des 4-vents autour de l’oeuvre de l’écrivaine Ken Bugul, ainsi que la rencontre avec les élèves du Lycée Français Jean Mermoz de Dakar. « Ils se sont montrés très réceptifs, engagés et volontaires. » D’autres aspects sont plus nuancés. En effet, avec d’autres jeunes, il a ressenti les séquelles du colonialisme, lui renvoyant l’image du« toubab » : « Tu es à la fois très attendu et en même temps on reste très méfiant à ton égard. Ils ont cette peur d’être abandonnés, du coup, cela engendre certains comportements comme si tout était dû » Cette méfiance contribue à la difficulté de monter un projet de l’ampleur d’un festival, c’est un véritable frein. « Il faut néanmoins comprendre que certains de ces artistes coachés par nous ne sont jamais allés à l’école ou ne sont jamais sortis de leur environnement proche. » Franck et Pier ont ressentis durant leurs différents séjours le décalage qu’il pouvait y avoir entre le milieu culturel et artistique occidental et celui qu’ils ont découvert au Sénégal. «  On ne pouvait pas avoir la même exigence, sinon nous n’aurions rien pu faire. Mais en même temps, renier nos exigences, ce n’est pas leur rendre service. On s’est beaucoup heurté à la récurrence des retards qui n’est pas compatible avec un travail professionnel. Le groupe ne se rendait pas compte du travail qu’il restait à faire et du voyage que nous avions fait pour les former. Après avoir assisté aux concerts des autres groupes programmés, plus expérimentés et professionnels, Ils ont compris et cela a tout changé.  Dans une démarche professionnelle, Il est essentiel de voir ce qui se passe ailleurs et en premier lieu à Dakar. « Se frotter » à d’autres artistes, apprend beaucoup sur ce qu’est le métier. Pour arriver à la scène devant un public le parcours est long et représente énormément de travail, qu’il faut sans cesse peaufiner et pour lequel il faut sans cesse se remettre en question et garder de l’humilité. De toute expérience, il faut tirer ce qui est positif et ainsi avancer et se construire en s’aidant les uns, les autres, pour cela j’admets volontiers que toutes ces expériences m’ont enrichi, expériences que je me sens prêt à renouveler. »

Franck et Pier débutent les travaux de leur « Maison des Arts » cet été et espèrent qu’elle soit prête pour 2015. Cet espace accueillera, outre les artistes sénégalais, des artistes en résidence. Ainsi chorégraphes, comédiens et chanteurs venus du monde entier pourront donner stages et ateliers. Les créations et les groupes pourront ensuite se présenter au public, lors du Festival Nio Far par exemple.  La prochaine édition du festival est prévue à Paris en novembre 2014 puis à Dakar en Avril 2015. Franck et Pier aimeraient créer une dynamique entre les deux continents.

Franck a été marqué par les premiers films de son enfance. En effet, son père projetait dans son village natal ceux de Charlie Chaplin. Plus tard, au cinéma, il découvre Autant en emporte le Vent et est séduit par le jeu de l’actrice Vivien Leigh. Ces films ont été fondateurs pour sa vocation artistique et l’ont beaucoup inspiré. Concernant la musique, Franck admire Aretha Franklin. « Je l’ai découverte dans les années 80 et je n’en ai jamais décroché. » S’il y a des genres plus contemporains qui plaisent à Franck comme le rap et l’électro par exemple, ces classiques ont été encore une fois décisifs dans ses choix et ses influences au cours de sa carrière artistique.

Son message de fin (Proverbe arabe): « Si tu veux tracer ton sillon droit, atèle ta charrue à une étoile… » C’est çà qui me fait avancer dans les moments de doute!

 

 

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