Hot! Josèfa & Nicolas. Des Beaux-Arts Bourges à l’ISAC Dakar.

Josèfa & Nicolas. Des Beaux-Arts Bourges à l’ISAC Dakar.

J’ai rencontré Josèfa et Nicolas un après-midi de Mars, un peu avant le dernier référendum. Ils posaient alors des questions à la population, en wolof par écris, sous la forme de fanzine collé au mur. Appréciant cette démarche tout à fait inhabituelle, je leur proposer un rdv à la Boite à Idée quelques semaines plus tard, pour une interview.

 

Josèfa et Nicolas.

« Je m’appelle Josèfa NTJAM, je suis en Master aux Beaux-Arts de Paris-Cergy(ENSAPC). On est au Sénégal, dans le cadre d’un échange universitaire avec l’Isaac, une branche de l’IFAN. Quand j’étais encore en Licence aux Beaux-arts de Bourges, Le Directeur de l’ISAC, Mr Diop était venu à Bourges pour une conférence et il nous a proposé de créer un partenariat avec l’école pour qu’on puisse apprendre (découvrir) la culture sénégalaise… »

«Je m’appelle Nicolas Pirus, je suis aux Beaux-Arts de Bourges en licence trois. On est cinq étudiants de bourge à venir cette année et après l’idée, c‘est que cinq étudiants sénégalais partent à Bourges. Aux Beaux-Arts, on a des pratiques personnelles… On est ici à l’ISAC pour apprendre. On a des lignes directrices mais après on est assez libre dans la démarche et la mise en forme… »

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Josèfa : « Personnellement j’ai pas mal travaillé sur les questions postcoloniales, les écrits de Cheikh Anto Diop le lien qu’il peut y avoir entre Égypte et Afrique subsaharienne, sur l’afro-futurisme etc. J’ai aussi travaillé sur des récits d’anticipation. Par exemple, Comment inclure le continent africain dans le domaine de la technoculture ? C’est plutôt des recherches comme ça… Des croisements de récits, de mythes, des choses qu’on voit de l’extérieur et qu’on aimerait bien matérialiser. Le meilleur moyen de concrétiser ces idées, c’est la pratique artistique, la vidéo, le photomontage, la fiction narrative etc… »

Nicolas : « Je travaille aussi pas mal sur la fiction narrative. Des récits que j’investie avec des groupes d’amis ou de gens en fonction des endroits où je suis, d’où je travail. »

Joséfa : « C’est aussi pour ça, que c’était très intéressant de venir au Sénégal. En France,  La question postcoloniale est abordée par des professeurs qui ne sont jamais venus en Afrique. C’est très théorique. C’est compliqué parfois, d’amener la discussion, de passer de concepts à la réalité… »

Nicolas : « Les gens qui enseignent sont encore dans une génération issus de la critique théorique, ils sont un peu moins orienté vers les formes qui peuvent être créées. »

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Le projet.

Joséfa : « Quand on est arrivés ici, on s’est posé beaucoup de questions sur le système politique au Sénégal. On avait un peu de mal à trouver les informations. Chaque jour on regardait les journaux mais on n’arrivait pas à comprendre. Qui représentait qui ? Qui avait de l’importance pour qui. Qui supportaient les représentants politiques ?

Nous avions du mal à saisir le paysage politique du pays, c’est normal lorsque l’on se trouve immergé dans une culture qui nous est inconnue.

Le projet est parti tout d’abord d’un constat, qui était que les murs de Dakar sont remplis de messages politiques. Nous avons commencé à arpenter les rues à la recherches des icônes politiques du quartier ou du pays. Comme un grand livre ouvert, les murs de Dakar écrivent son histoire, on a tenté d’y participer en questionnant la ville, et sa population sur son propre fonctionnement. Ce qui a été intéressant aussi dans ce projet c’était de poser ces affiches à quelques jours du referundum, les mettre en raissonance aux propres changements qu’amener ce vote. L’art et les politiques sont censé avoir en commun la remise en question perpétuelle, « le doute raisonnable » comme nous l’a appris un de nos professeurs ici à Dakar.

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Nicolas : « Qui portaient les voix ? Qui définissait les projets ? Quels étaient les projets d’avenir ? Dans le milieu universitaire, c’est des questions très présentent. Quelle société veut-on fonder ? Quelles formes ces voix peuvent-elles prendre ? Ce projet était une manière de prendre contact avec ces voix là et d’apporter ensuite des éléments de réponses. »

Joséfa : « On est là depuis deux mois et demi. On commence à avoir un ensemble de début de réponse qui entraine en fait de nouvelles questions. Le système politique est tellement différent de ce que l’on connait. On s’est rendu compte que la politique ici était stratifiée. Dans la vie quotidienne, il y’a des héros partout. « Mon père, mon marabout, le sportif du quartier etc… » En France, on n’a pas des héros partout. La politique c’est quelque chose de très différant dans lequel on n’est pas tous impliqué. En France la politique c’est l’assemblée nationale. »

Nicolas : «  On a prévu de recontacté les gens qu’on a vu. On aimerait réunir l’ensemble des récits et des questions qu’on a rassemblé. Essaye de construire une forme d’écriture commune. On a songé à des formes d’éditions. On aimerait bien faire une lecture publique ensuite. Que ce soit les acteurs qui parlent de ces récits et expliquent leurs visions de ces récits. »

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Joséfa : « Sur les questions d’identités nationales on s’est rendu compte que là aussi c’était un grand panier de questions sans réponses. Le patrimoine immatériel doit être pris en compte, mais il n’est pas très bien répertorié. Il appartient à tout un chacun et c’est super important dans la culture sénégalaise. Chaque fois qu’on discute avec quelqu’un, les histoires sont revisitées, changées. »

Nicolas : « L’une des grandes difficultés du projet ca été l’écrit. On s’est rendu compte que même en wolof, par l’écrit, c’était compliqué de dialoguer. Rien que pour traduire les questions, c’était très complexe. On s’est rendu compte qu’il y avait différents niveaux d’écrits et de pratique de la langue. On expliquait le projet et les questions, en même temps que l’on posait les affiches. Ce projet, c’est des heures de conversations. Un prétexte à l’échange finalement. »

Dans cinq ans.

Joséfa : «  On aimerait créer des contacts, un réseaux d’échange. La scène artistique française se ferme et on aimerait bien que les artistes d’ici viennent montrer leurs travaux en France. Ouvrir et introduire l’échange. On aimerait apporter notre contribution. On a aussi envie de voyager, de voir d’autres choses, être acteurs d’un monde connecté, de branchements culturels »

Nicolas : «  On aimerait être des artistes indépendant économiquement et politiquement… »

Un mot de la fin 

Joséfa & Nicolas : «  On a surtout des envies. Avoir l’opportunité de poursuivre ce qu’on a commencé. On espère que ça prendra d’autres formes et que ça pourra perdurer. On espère que toutes les structures qu’on a rencontré, continueront à exister et se développeront. Il y’a une belle scène artistique à Dakar et on espère que cela perdurera. »

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Retrouver le Projet: https://anadakarblog.wordpress.com/

 

 

 

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