Hot! Canabasse

Canabasse

 

En route pour les maristes, je m’en vais à l’encontre de Canabasse, rappeur incontournable du mouvement hip hop galsen. Il me reçoit dans son studio d’enregistrement, Buzz Lab. Je le retrouve, en pleine sieste. Épuisé par des nuits blanches de travail, en effet, il prépare sa nouvelle tournée régionale.

 

Pourquoi Canabassz ? Et qu’est-ce que cela signifie ?

Canabassz est le surnom que lui donné ses amis durant  son adolescence… De son vrai nom Abdou Bass, a été un jeune sénégalais influencé par la culture urbaine occidentale. Le Hip Hop, durant les années 1995,96, envahis les ondes et les chaines télévisés sénégalaises avec l’apparition de Trace, et Mcm. «  Tous ce que je faisais, c’était par rapport à ça. » Montrant clairement un engouement pour le style U.S : « cana » en Wolof ; son entourage le rebaptise Canabasse.

 

Comment te définis-tu ? Et en tant qu’artiste ?

« Je suis un être instable, un fou et  je suis encore plus instable en tant qu’artiste. Même moi, je ne me comprends pas. Parfois je rap, parfois je chante, je n’ai pas de limites… je ne pourrais pas me définir. »

 

Pourquoi le rap ?

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, Canabasse n’a pas grandi dans le rap, il le découvre asses tardivement en 2001. «  J’écoutais, mais sans aller plus loin. » le déclic se fait en écoutant Dc Dree, Eminem, Jay-z, DMX. Il s’intéresse et s’interroge sur le style, les textes et les mesures. « 8 Mile », le film sur le Rap à Détroit, avec dans le rôle principale, Eminem ; le marque profondément. Canabasse commence à participer à des « battles », à faire des « free-styles », à écrire… «  Et puis voilà, j’ai choppé le virus. »

A partir de quel moment tu es passée pro ?

Une radio de l’époque « Envie Fm », proposait à la jeunesse de participer à des « battles » en direct. Elles avaient lieux chaque Mercredi dans l’émission « Hip Hop génération, Free Concept », sous l’œil avisé de Fata (Rappeur galsen). Canabasse se prend aux jeux et participe régulièrement  à ces prises de micros.

Par la suite tout s’enchaine, il participe à des émissions télévisées sur « 2stv », ou il rencontre No Name et BF  avec qui il forme « IleGalsen ». «  C’est un peu race à eux, que le rap est devenu quelque chose de sérieux. »

 

Ou en es-tu ? Tu me disais que tu préparais une tournée ?

Un album en préparation, bientôt dans les bacs. Canabasse a souffert du manque de sérieux des différents producteurs. Il s’autoproduit dorénavant avec le label et le studio « Buz Lab » qu’il a monté. Evidemment, comme Canabasse me l’explique, il ne s’agit pas seulement de composer des morceaux. La duplication de l’album et sa mise sur le marché nécessite des fonds. L’industrie du disque au Sénégal n’existe pas. Du cout les choses prennent plus de temps. «  Mais pour calmer les fans et en attente de l’album, je fais une tournée nationale dès le 2 octobre prochain, « Hit de Club tour » qui aura lieu dans les régions de St Louis, Kaolack, Thiès, Rufisque, finira par Dakar. » Canabasse essaye de rester sur la scène hip hop locale, il a sortie deux mixtapes en free download ainsi que différents morceaux. «  Je prends comme ça vient. » L’album à venir est son premier album. Un album qui est focalisé sur lui, sa vie, son quotidien. Des artistes de « Buz lab » sont invités sur quelques refrains. Mais ça reste un album très personnel.

Contrairement à ce que peuvent penser certain, son album est travaillé et ce dans tous les sens du terme. « C’est une compilation d’émotions, c’est moi dans tous mes états. » Le sérieux de l’album n’aura rien à voir avec les mixtapes disponibles en free- download. Il m’invite à l’écouter et à le juger à partir de ce moment-là.

 

Et sur le plan scolaire ? Ou en es-tu. ?

«  J’ai eu mon bac y’a longtemps, et j’ai poursuivis des études supérieurs en gestion des entreprises. »

Après une année de pause, année consacrée à l’album, Canabasse compte reprendre ses études cette année et poursuivre son cursus. Comme il le dit avec justesse. On est au Sénégal et on ne vit pas toujours de ce que l’on aime, même si on est bon dans ce que l’on fait et qu’on a un buzz.

« Mais personnellement, je me vois mal derrière un bureau. J’aime la musique et j’aimerais bien pouvoir poursuivre ca et en vivre. »

Je sens bien à travers son discours, que les études ne sont pas son fort. Cependant il reste conscient et réaliste. Il ferra les choses nécessaires à temps voulus. Sa passion reste la musique. Il est prêt à travailler sur un son une nuit entière, voire deux ou trois d’affiler… Parce que ça le passionne.

Son conseil : « Si vous voulez faire du Rap, ne visez pas le Sénégal, parce que ce serait peine perdue. Si tu réussis à le faire, c’est par magie. Il y’a trop de bâtons dans les roues dans ce pays, pas asses de structure… » Canabasse vise l’internationale. Il rap en anglais, en wolof et en français. Les sons anglophones restent dans l’ombre. Il les garde pour son album international. «  On n’a pas la culture de payer pour un album, de payer pour un concert.  Tous ceux qui ont réussis dans la musique au Sénégal, c’est parce qu’ils ont percé à l’internationale.»

 

 

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