Hot! Sandra Krampelhuber

J’ai rencontré Sandra aux Petites Pierres, à Ouakam, durant une soirée Jeudi Dj’s. Sandra discutait avec SRK. Selly fit les présentations. Quelques semaines plus tard, Sandra découvrait la Boite à Idée, à la Gueule Tapée. Sandra est venue à Dakar dans le cadre du tournage de son nouveau film. Après m’avoir interviewé dans le cadre du documentaire. Je décides à mon tour de l’interviewer. Qui se cache derrière cette jeune autrichienne d’une trentaine d’année ? Un après midi de décembre, assise autour d’un café nous discutons autour de sa passion pour le Hiphop, et son amour du cinéma.

crédit photo Guillaume Bassinet

–          Est-ce-que tu peux te présenter ? Qui es-tu ?

–          Qui est moi ? (rires)

I come from Austria, from a small town.  Well I studied in Vienna, I lived many many years in Vienna and studied social and cultural anthropology and yes I’m working in the cultural field. I’m doing production for cultural center in Linz, in Austria. I’m organising film screenings, concerts and many cultural events, for example I organized a festival about African art and culture.  We had symposiums, For example Selly Raby Kane, Amadou Fall Ba, the symposium and many others artists and cultural managers, people who work in the cultural field. And I always try to educate people because it’s not much knowledge about a different view of Africa in particular in Austria, Austria is very backwards in this area.In my studies I always focused on Africa and the African Diaspora, it interested me a lot especially Jamaïca. In 2006 I made a film about women in Reggae and  Dancehall in Jamaica. It’s called „Queens of Sound – A History of Reggae and Dancehall“. I made it with very small money and I did it myself with the help of friends so it’s not very professionally filmed but however it was screened at many many film festivals around the world, mainly at African Diaspora film festivals, for example NY, Los Angeles, London, Prague, Berlin, Australia and I think also in Harare. And many other places, so it was a very nice success.

Je viens d’une petite ville d’Autriche. J’ai étudié à Vienne, j’y ai vécu de nombreuses années. J’ai également étudié l’anthropologie sociale et culturelle. Je travailles dans le domaine culturel, j’ai fais des productions pour pas mal de centre culturel à Linz, en Autriche. J’ai organisé quelques concerts et de nombreuses manifestations culturelles. J’ai organisé un festival à propos de l’art et de la culture Africaine. Colloques, concerts et films projetés. J’ai invité dans le cadre de ce festival Selly Raby Kane, Amadou Fall Ba, et de nombreux autres artistes et responsables culturels, des gens en vogue dans le domaine culturel. Et j’ai toujours essayé d’éduquer les gens pour qu’ils aient une connaissance et une vision différente de l’Afrique en particulier en Autriche. L’Autriche est très retardée dans ce domaine.  Dans mes études, j’ai toujours mis l’accent sur la diaspora africaine, particulièrement la Jamaïque. En 2006, j’ai fait un film sur les femmes et le regga-dancehall, qui s’appelle « Queens of sound », l’histoire de ragga-dancehall. Je l’ai réalisé avec peu d’argent même si il n’est pas très professionnel, il a été projeté lors de nombreux festivals à travers le monde ; Afrique festivals diaspora à New York, Los Angeles, Prague, Berlin, en Australie et nombreux autres endroits, c’était donc une belle réussite.

–          Et pourquoi tu as voulu faire des études dans ce domaine là?

I don’t know … You always interes ourself for something, and I can’t answer this question, it’s just there. I just remember when I started my studies, it’s a long long time ago, you could chose which area is the most interesting for you. So in the first place, I don’t know, I was just interested in all the things, everything but not the own culture so I was always interested in different cultures, different countries. Maybe it’s because I come from a small town, a small country. So you have to broaden your eyes. 

Je ne sais pas, juste vous êtes toujours intéressé par quelque chose…  et je ne pourrais pas répondre à cette question… C’est là ! Je me souviens quand j’ai commencé mes études, il ya très longtemps, vous pouviez choisir la matière qui vous intéressez le plus. Donc, dans un premier temps, je ne sais pas, j’étais juste intéressé par toutes les choses propre à la culture donc j’ai toujours été intéressé par les différentes cultures, des différents pays c’est peut-être parce que je viens d’une petite ville, d’un petit pays. Donc, vous devez ouvrir les yeux.

–          C’est pas la première fois, que tu viens, tu vois ce qui se passe ici. Est- ce que ça t’as conforté dans l’idée que tu avais du Sénégal de l’Afrique ou le fait de venir, de voir la réalité, a changé l’idée que tu te faisais de l’Afrique ? Ton point de vue a-t-il évolué ?

“Bien sûr”, it’s changed because it’s a long time ago when I made my studies. So in life you grow and you get experiences, you meet people, so I would say my point of view changed with meeting people, and working together with people, seeing, observing their work, of course it changed, it’s the most important thing to exchange, to talk, to be open.

Bien sur, il a changé. J’ai fait mes études il y’a longtemps. La vie vous pousse et vous partagez des expériences de vie, vous rencontrez des gens. je dirais que mon point de vue a changé grâce aux rencontres mais aussi travailler et rencontrer des gens, voir, d’observer leur travail. Bien sûre, il a changé, c’est la chose la plus importante, échanger, parler, et être ouvert.

 

 

–          Qu’est-ce-que tu penses du milieu culturel au Sénégal?

I don’t know about Senegal, I have just been in Dakar.  For me it’s very very interesting, so many things is happening. Dakar is a very very young city, compared to Europe, where the society is old. I think it’s growing, the culture, and it’s very interesting to observe because I’ve been here the first time in 2006, many things have changed. Maybe also because of the internet, it brings people closer to each other, it’s easier to exchange to get new ideas. There’s facebook, youtube where you can listen to music, see what other people are doing, exchange videos, whatever. And that was very hard in the nineties, even to get music. I mean it was even difficult in Austria to get everything you wanted to listen, you wanted to see. I have been to Dakar every two years since 2006 and I have the feeling that there is a very strong young generation who is working hard to find their way in the cultural field, to build niches for themselves, to create work for themselves. Yes I think that’s what interests me, this very strong…

Je ne sais pas pour le Sénégal, je suis juste restée à Dakar.  Pour moi, c’est très, très intéressant. Il y’a tant de choses qui se passe à Dakar, c’est une ville très très jeune, alors qu’en Europe, la société est vielle. Je pense qu’ici, il y’a plus de culture. C’est très intéressant d’observer. Je suis venue à Dakar la première fois en 2006. Beaucoup de choses ont changé depuis, notamment à cause de l’Internet. Cet outil rapproche les gens des uns aux autres. Il est plus facile d’échanger pour obtenir de nouvelles idées. YouTube, par exemple permet d’écouter de la musique, de voir ce que font les autres, et échanger des vidéos, etc… Et ca été très dur dans les années quatre-vingt-dix, même pour obtenir de la musique, je veux dire qu’il était même difficile en Autriche d’obtenir tout ce que vous vouliez entendre, ce que vous vouliez voir. J’ai le sentiment que depuis 2006 il y a une très forte génération de jeunes qui travaillent durs, pour trouver leur chemin dans le domaine culturel, et construire des nations pour eux-mêmes, de trouver du travail par eux-mêmes. Oui je pense que c’est ce qui m’intéresse, c’est très fort…

–          Et tu es donc venue cette année au Sénégal, à Dakar, pour faire un film, un documentaire. Est-ce-que tu peux parler un peu de ce projet-là ?

My new project is a documentary film about urban culture in Dakar, about people who work in art and culture in Dakar, like music, fashion, street art, dance,…. I know it cannot be a film which is representative for all because it’s limited for 60 – 70 minutes but we tried to find different peoplewho work in this field, to give me their point of view. I hope that we gonna finish it by the end of 2013 so… should I say with whom I talked?

Ce projet est un film documentaire sur les gens qui travaillent dans l’art et la culture à Dakar. Je sais que cela ne peut pas être un film qui représente tous, car il est limité à 60 – 70 minutes, mais nous avons essayé de trouver différentes personnes qui travaillent dans ce domaine et de me montrer leur point de vue. J’espère que nous allons finir, fin de 2013… Devrais-je dire qui j’ai rencontré?

–          Oui, qui as tu rencontré ? Bon tu as travaillé dessus avec Ina

So, how this projet started ? Normally  I work in organisational things, I organize events or whatever to earn money, but from time to time I need to do creative things because sometimes I need to be creative myself. And in Linz, my hometown, we could submit our film project to a fund for artists from all artistic fields, which is dedicated to send artists outside, not for a project in Austria but anywhere in the world.  And Ina is a friend of mine and we said yeah we should do something, and since I had already a lot of contacts in Dakar, I thought it would be interesting to make a film about this topic, about urban culture in Dakar. Some people I already knew like Awadi, Amadou Fall Ba, Selly Raby Kane, Baay Sooley, …  and so I it was easy to meet some new people. Last time I was here in 2010, and I could already feel something was growing, was happening.

Alors, comment ce projet a commencé? Fondamentalement, normalement je travaille dans les organisations, j’organiser des événements ou ce que vous voulez, pour de l’argent, mais au fond de temps en temps j’ai besoin de faire des choses créatives parce que parfois j’ai besoin de créer. Et à Linz, en Europe, vous pouvez l’appliquer pour chaque artiste qui peut demander une bourse à sa propre ville et soumettre un projet. C’est souvent, pour les envoyer à l’extérieur, et non pas pour un projet en Autriche, mais partout dans le monde. Et Ina est un de mes amis et nous avons dit oui, nous voulions faire quelque chose, et comme j’avais déjà beaucoup de contacts à Dakar. Je connaissais des nouvelles personnes. La dernière fois que j’étais ici en 2010, et je pouvais déjà sentir que quelque chose était entrain de se passer.

–          Quel impact penses-tu que ce film va avoir? Ou du moins espère que ça va avoir ?

From an european perspective… I hope that it changes, it helps to change a little bit the view I don’t have to talk about this because it’s obvious, you know: Africa, sick, hunger, on TV, catastrophies. It’s getting better I think, but it still not enough. In average people, in every class, poor people, rich people, they all have prejudices, not all but a big part of them. I hope that with the work I do, I could change that a little bit. Basically it’s also my interest, what interests me, I want to share with people and I hope that we can screen the film like with my last film on many film festivals all around the world so… Inch’allah.

Du point de vue européen … J’espère que cela changera les mentalités, et que le documentaire permettra de changer un peu le point de vue des gens, je n’ai pas à en parler parce que c’est évident, vous le savez: l’Afrique, les malades, la faim, à la télévision, catastrophes. Ca va mieux je pense, mais c’est encore insuffisant. Dans la moyenne des gens, dans chaque classe, les pauvres, les riches, ils ont tous des préjugés, ou en tous cas une grande partie d’entre eux. J’espère qu’à travers le travail que je fais, je vais pouvoir changer un petit peu. Fondamentalement, c’est aussi dans mon intérêt, ce qui m’intéresse, je veux le partager avec les gens et j’espère que nous pourrons projeter le film comme avec mon dernier film sur de nombreux festivals partout dans le monde… Inch’allah.

–          Est-ce-qu’il y a d’autres choses, d’autres projets que tu as envie de mettre en place? Est-ce-que le fait d’être venue ici t’a donné des idées ? Ici ou en général ?

One thing, I’m thinking about be interesting to make a film festival here, a small one. I made a film festival Austria, where I screened documentaries about music from Africa and African Diaspora, I think it would be very interesting in Dakar too. Generally there would be many topics for films to do, but it’s always a matter of financing and I have other ideas for other countries, but it’s early to talk about.

Une chose, je pense qu’il serait intéressant de faire un festival de cinéma ici, un petit. J’ai fait un festival du film également en Autriche, où a été projeté des documentaires musicaux sur la musique d’Afrique et de la diaspora africaine … Je pense que se serait très intéressant aussi… Mais en général, il y’a beaucoup de sujets de films à faire. Mais c’est toujours le même problème, les financements. j’ai d’autres idées, pour les autres pays, mais il est trop tôt pour en parler.

–          Ça doit être difficile d’obtenir ces financements ?

Oui c’est très difficile.  We didn’t get the money from a film fund we got from a fund for artists, and so.. It’s a little money, you can’t complain… Actually it’s too small, but at least we can work with it… It’s difficult to get the money, especially for films focusing on topics outside Europe, or Austria.

Oui c’est difficile. C’est à partir d’un film qu’on trouve les financements pours les artistes…  c’est un peu d’argent, mais vous ne pouvez pas vous plaindre … En fait, c’est trop petit, on ne peut pas travailler avec l’état… Il est difficile d’obtenir de l’argent, surtout pour les films portant sur des sujets en dehors de l’Europe, ou en Autriche.

–          Est-ce-que tu as une explication? Quand tu vas faire des demandes de sponsorship, est-ce-qu’on te dit non, on ne veut pas de ce genre de sujet ?

I have no experience with sponsorship because I think this is really hard in Austria, I will try when I come back but I don’t think there are big chances that we get something. Sponsorship for art and culture is not very big in Austria. For the other funds, I think there are many many peoples who have good ideas and… so sometimes you’re lucky, sometimes you’re not.

Je n’ai aucune expérience avec les sponsors, c’est vraiment dur en Autriche. Je vais essayer quand je rentrerai, mais je ne pense pas qu’il ya de grandes chances que nous obtenons quelque chose. Les sponsors pour l’art et la culture ne sont pas est très grand en Autriche. Je pense qu’il ya beaucoup de gens, qui ont beaucoup d’idées et… Parfois, vous avez de la chance, parfois, non.

–          Est-ce-qu’il y a des artistes, ou des réalisateurs qui t’inspirent, t’influencent?

Réalisateurs ? Oui, since I did some films programs, of course there are some films which interest me a lot… for example, I like “United States of Africa” de Yannick Létourneau and there are many many films I like, I have to think about them, especially music documentary films.

Réalisateurs? Oui, depuis que j’ai fait certaines programmations de films, bien sûr, il y a certains films qui m’intéressent beaucoup… Par exemple, j’aime bien « Etats-Unis d’Afrique» de Yannick Létourneau et il ya beaucoup beaucoup de films que j’aime, je dois penser à eux, en particulier des films documentaires musicaux.

 

 

–          Est-ce-que tu as un titre en tête ?

En tête, par exemple… Oui par exemple “Staff Benda Bilili” about disabled musicians in Kinshasa, I like it, and “Hit me with music” it’s a Jamaïcan film, I think it came out in 2010 and it’s about dancehall in Jamaïca, and the crazy dance styles right now in Jamaïca.. I haven’t got my computer! Maybe I’ll send you some.

En tête, par exemple… Oui par exemple « Staff Benda Bilili » Kinshasa, j’aime ça, et ‘’Hit me with music » c’est un film jamaïcain, je pense qu’il est sorti en 2010 et il s’agit de dancehall en Jamaïque, un style de danse folle, en ce moment en Jamaïque… Je n’ai pas mon ordinateur! Peut-être que je vais t’en envoyer quelques-uns.

–          Mais c’est pas grave, c’était juste pour avoir une idée. Et le hip-hop dans tout ça ?

In music, I also like reggae and dancehall music, when I started, I liked the reggae and dancehall world, and I did a lot of researchs in university about this, I also wrote my  diploma thesis about oral Jamaïcan artforms, about „Anancy“ trickster tales, but also the influence of those tales on contemporary oral artforms like dancehall, reggae music. That was basically what it interested me then. I always liked hip hop, and it’s the music, you have to feel it, I can’t explain it. I like the riddims, the beats, the messages sometimes, I just like it. There is a hip hop scene in Austria as well, so… It’s just there. Austria is not only mountains and snow!

C’est de la musique, j’aime aussi la musique reggae et le dancehall. Quand j’ai commencé, j’aimais le reggae et le monde dancehall, et j’ai fait beaucoup de Recherches à l’université à ce sujet. J’ai aussi écrit mon mémoire de diplôme sur l’oralité en Jamaïque. L’influence de ces récits contemporains sur les arts oratoires comme le dancehall, la musique reggae. C’était essentiellement ce qu’il m’a intéressé alors. J’ai toujours aimé le hip-hop, et c’est la musique, vous devez le sentir, je ne peux pas l’expliquer. J’aime les riddims, les messages parfois, j’aime juste, il ya une scène hip hop en Autriche aussi, donc … C’est juste là. L’Autriche ce n’est pas seulement les montagnes et la neige!

 

 

–          Si tu étais un morceau de musique?

C’est dur, there are too many of them. J’adore Youssoupha, Oxmo Puccino, it depends what kind of music. For the funny side, I like from Mokobé „Beyonce Coulibaly“  or „50 CFA“.  I really like Youssoupha, par exemple « L’espérance de vie » et Oxmo Pucino « Artiste ». Or Bitz the Ambassador « Something to believe ». And of course Mos Def, A Tribe Called Quest, Nas, Damian Marley, …

C’est dur, ils sont trop nombreux. J’adore Youssoupha, Oxmo Puccino, cela dépend de quel genre de musique. Pour le côté drôle, j’aime Mokobe. J’aime vraiment Youssoupha, par ‘exemple «L’espérance de vie» et Oxmo Puccino,

–          Est-ce-que tu as un conseil à donner, une parole de sagesse ? Pour les autres, les jeunes réalisateurs ?

Never to give up. Follow your dreams, I mean it’s hard sometimes, but try it at least, even with little amounts, it’s not always only about the money, of course you need to have some, but to do things, to do what you can, not to lose your passion, and to follow what is inside you, what has to come out!

Ne jamais abandonner. Suivez vos rêves, je veux dire qu’il est parfois difficile, mais essayez au moins, même avec de petites quantités, pas toujours seulement de l’argent, bien sûr, vous devez avoir une certaine, mais de faire des choses, de faire ce que vous pouvez suivre, de ne pas perdre votre passion, et de suivre ce qui est à l’intérieur, ce qui doit sortir!

–          Très bien, c’est parfait J Tu veux rajouter quelquechose?

Oui, I want to say thank you to all the people who had been so generous to me in the last weeks, it was really a great experience, again, in Dakar.

Oui, je veux dire merci à toutes les personnes qui ont été si généreux envers moi dans les dernières semaines, c’était vraiment une expérience formidable, encore une fois, à Dakar.

–          Tu reviendras?

–        Definitively. I have to.

  ou la retrouver: www.queens-of-sound.com

 

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