Hot! Madior Dieng

Madior Dieng.

J’ai rencontré Madior à Gorée, lors de l’anniversaire des dix ans de Regards sur Cours. J’avais bien apprécié le travail de l’artiste plasticien. Nous avions échangé durant quelques minutes avant de fixer un rendez-vous pour une interview. Aujourd’hui, c’est à la Boite à Idée, qu’il me retrouve. Autour d’une citronnade bien glacée, j’interrogeais Madior sur son travail et sa vie d’artiste.

 

Madior est un jeune artiste plasticien. A l’âge de douze ans, il fait ses premières armes. Il peint et dessine tous ce qu’il voit autour de lui.  « A chaque fois que quelque chose me venait en tête, je le réalisais et le posais sur un support quel qu’il soit » Madior est de ceux, qui n’aimaient pas l’école. Au cycle secondaire, il se renseigne sur les conditions d’inscriptions à l’école des Beaux Arts de Dakar. N’ayant pas le baccalauréat, il ne peut pas accéder aux formations proposées par cette institution. L’artiste ne se décourage pas pour autant. Madior décide tout de même d’arrêter l’école. « Je ne voulais pas ressembler aux autres et suivre un schéma classique. »

Une année plus tard, il recontacte l’administration de l’Ecole Nationale des Beaux-arts. Cette fois, il s’inscrit en cour du Soir. Nous sommes en 2002. Durant quatre années il apprend les bases et les techniques de la peinture. En 2006, il obtient enfin son certificat et sort diplômé des Beaux-arts de Dakar.  Les difficultés et les réalités de la vie dakaroise, lui font arrêter la peinture. Pendant un an, il travail en tant que journalier dans un télécentre, non loin de chez lui… Madior n’a plus le temps de peindre.

Sachez le naturel, il revient au galop. Son envie de peindre est toujours présente, voir de plus en plus forte. Ne voulant pas gâcher ses quatre années de formations. Il reprend très vite la peinture et arrête son travail au télécentre. Madior achète des châssis, de la peinture, et se remet à sa passion. Curieux de voir, ce qui se fait sur le plan plastique à Dakar, l’artiste va d’expositions en expositions. Il observe, pose des questions… «Au fur à mesure, je commençais à intégrer le milieu… Je me suis dis, comment ces gens font pour organiser tous çà ! »

 

 

En 2009, Madior organise, avec trois amis artistes, promotionnaires de l’école des Beaux-arts, une exposition collective ; sa première exposition au Centre Culturel Blaise Senghor. Madame Awa Cheikh, Directrice du Centre à l’époque, aident « ses nouveaux nés » à mettre en place cet évènement. De cette expérience, Madior gardera un très bon souvenir. « C’est là que tout à commencer ! »

Madior exposa de nouveaux à Blaise Senghor… Il participa également à deux éditions du Dak’art Women’s Groupe, entre 2010 et 2013. Madior exposa aussi à Saint Louis durant la Biennale le Dak’Art 2012, puis au début de l’année 2013 lors d’une exposition collective d’une galerie de la place. Les débuts étaient difficiles. Il fallait beaucoup produire pour pouvoir exposer dans tous ces endroits. « Ce n’est pas facile même si tu n’as pas de sous, tu dois te débrouiller pour acheter de la peinture, du matériel etc. Mais ca va de mieux en mieux, aujourd’hui j’ai plus de peinture qu’il m’en faut. »

Au Sénégal, les artistes ne sont pas pris en compte et Madior fait se constat tous les jours. Qui plus est, selon lui, on promouvoit plus les musiciens que les peintres. De plus, le publique n’est pas averti.  Pour l’artiste, les médias y sont pour beaucoup. Madior ressent tout de même un changement, une évolution. « Le public commence à s’imprégner. Au début il ne comprend pas… il pense que tu joues avec la peinture, que c’est des trucs de fou… Mais maintenant, y’a de plus en plus d’émissions, sur les artistes plasticiens.. Je pense que d’ici des années, ca va changer… »

 

 

La discussion se poursuit… Je questionne Madior sur ses œuvres. Les toiles représentent pour lui,  toute une vie. « Les toiles c’est mes enfants.. »

A travers ses peintures, l’artiste parle de sa vie quotidienne et de celles  des sénégalais.  « Des choses qui me viennent dans la tête, des choses qui me tracassent… Des choses que j’ai envie de sortir et de montrer aux gens.» Madior aimerait que le public change, et que les mentalités évoluent.  L’artiste aimerait changer les comportements du quotidien. «Je parle de la vie de tous les jours… Je peints sur l’immigration clandestine.. Je peints sur les jeunes qui veulent un avenir meilleur. » Ses œuvres sont un  voyage, une invitation à la réflexion.

Sa peinture parle de quelque chose qui part.. D’éveille, de bonheur, de prospérité.. de joie..  Ce positivisme se ressent dans le travail de l’artiste. Des toiles plus colorés, les unes que les autres.. « J’aime peindre sur la couleur.. Toutes ses couleurs me donnent envie et puis les couleurs, c’est la vie.. On est entouré de couleur.. Je m’inspire de ca pour faire mes toiles.. La couleur me permet de vivre, de m’exprimer. »

Les œuvres que j’ai vu durant Gorée, Regard sur Cour, était totalement dans cette esprit. C’était d’ailleurs la seconde participation de Madior. L’artiste apprécie cette initiative. Grace à la fréquentation de l’ile pendant cet évènement, l’artiste a pu prendre quelques contacts. Madior souhaiterait que ce genre d’édition ait lieu chaque année.. « Ce genre de chose, fait vire l’art.. Il y’a beaucoup de jeunes qui font de belles choses, mais qui n’ont pas forcément d’espaces pour exposer… »

 

L’artiste pointe du doigt une autre réalité de la vie d’artiste au Sénégal.  Les jeunes artistes ont des difficultés pour faire voir leurs travaux. Quand on te connait pas.. C’est difficile d’avoir accès au galerie. «Si tu n’es pas dans le réseau, c’est difficile..  Quand tu n’as pas beaucoup de relation, c’est difficile…» Tous les artistes rêvent d’avoir un espace d’exposition continue, un espace dans l’esprit du Village des Arts de Dakar. L’accès à ce genre d’espace reste malheureusement très fermé. «Je n’ai pas essayé par ce que je sais que je n’aurais jamais d’atelier là-bas.. Les ateliers sont occupés, même si la plupart du temps, ils sont fermés.»

Madior n’arrête pas de bouger ; «J’ai un temps pour travailler un temps pour marcher ». Quand l’artiste n’est pas dans son atelier à la Sicap Liberté 3, derrière le stade Demba Diop, il est en mouvement. Il part à la rencontre d’autres artistes, de galeristes.

Madior compte s’inscrire au Dak’Art 2014 et espère gagner un prix… Nombreux sont les lauréats, qui sont partis à l’étranger. Aujourd’hui, ils ont des ateliers et font des expositions. « J’ai pas encore eu l’occasion de voyager et j’aimerais voir ce qui se passe à l’extérieur. » Le jeune plasticien  a beaucoup bougé dans le Sénégal, il est aussi allé en Gambie.  Là-bas aussi, il y’a des artistes ajoute t-il.  Selon Madior, les artistes devraient aller là-bas, se faire voir. Lui, quant il trouvera le temps, compte bien y retourner. «L’art marche dans d’autres pays en Afrique… il y’a des biennales.. En Afrique du Sud ca marche bien… Les gens ont beaucoup  plus cette culture… Il y’a d’autres options que l’Europe.. Il faut regarder d’autres cieux.. j’ai des amis qui sont allé en Europe, et n’ont jamais rien vendu. »

 

 

Si tu étais une toile… je pense que je serais.. un arc en ciel très coloré.. C’est sur ces mots, que notre entretien pris fin. Je remerciais Madior et le conduit jusqu’à la porte.

Retrouver Madior sur :

https://www.facebook.com/madior.dieng.96?fref=ts

 

 

 

 

 

 

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