Hot! Tukkiman

Tukkiman

J’ai découvert l’artiste sénégalais, via la vidéo de son titre Liguey. J’avais beaucoup apprécié le titre et le travail du réalisateur Lionel Mendeix. Qui m’aurait dit, qu’un an plus tard, je le rencontrerais ici à la Boite à Idée. En effet, Tukkiman était de passage à Dakar. Il m’avait alors contacté et je lui avais proposé de me retrouver dans cette espace niché au cœur de la Gueule Tapée. Après avoir partagé un pain thon nen (œufs) pour le gouter, comme la tradition l’exige, Tukkiman me faisait découvrir quelques titres en exclusivité. C’était terriblisime !  J’écoutais chacun des morceaux avec beaucoup d’attention. Après cette écoute, je lui proposais une interview. Que voici…

 

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Qui es-tu ?

«Je ne sais pas qui je suis. Je me cherche en permanence. »

Comment es-tu arrivé à ce que tu me présentes aujourd’hui ?

«  Cette musique, c’est toute une vie. Toutes les histoires de ma vie qui font l’homme que je suis aujourd’hui, la musique que je fais, les émotions que je partage. C’est beaucoup de déménagements dans Dakar quand j’étais enfant, plein d’amis du Plateau, de la médina, de Mermoz, Amitié, Guediawaye, Pikine, Yoff, la France et les Etats unis. C’est comme ça que j’en suis arrivé à faire cette musique. »

C’est donc de là que tu viens ce nom ?

« Le nom m’est apparu à Paris. J’avais formé un groupe. On était un groupe d’étrangers. Je me disais, on est tous des voyageurs. On fait un son qui n’est pas typiquement de chez nous, un mélange de diverses cultures. On a donc décidé de s’appeler les voyageurs, Tukkimen. (Tukki en wolof veut dire voyage.) Après, le groupe s’est dispatché, je suis donc devenu Tukkiman. »

 

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Les sons que tu me faisais écouter, font-ils parti d’un album ?

«  Oui, l’album Tukki dont la sortie est prévue en Octobre 2015. Incha allah. Cet album, je l’ai commencé il y a cinq ans. Je n’aurais pas pu le finir si je n’avais pas été pas rigoureux avec moi-même.  Parce que je suis aussi producteur, réalisateur et je travaille avec d’autres artistes sur pas mal de projets. J’ai des deads lines à respecter… Au bout d’un moment, ça s’enchainait, je me suis Stop, y en a marre, je vais me concentrer sur mon propre projet. »

Et tu me disais avoir un studio à Paris.

« Oui, Time Sound Records. Il y a d’ailleurs pas mal de sénégalais qui sont passés par là-bas. Mais, on travaille aussi avec des français, des américains etc… Pour moi avoir un studio, c’était une nécessité. Ça m’a permis d’enregistrer mon projet. On dirait qu’il y a mille personnes derrière moi. Mais j’ai produit et enregistré cet album quasiment seul. J’ai fait appel à certains musiciens clés pour avoir une touche et puis parce qu’on ne peut pas tout faire soi-même. Si je n’avais pas eu de studio, je n’aurais jamais eu un projet pareil. Je me levais à 4h du matin, je mettais mes idées en place, je changeais, je modifiais. Etc. Aujourd’hui, avoir un studio c’est plus facile. Tous les artistes devraient avoir un studio. Ça leur permet d’aller au profond d’eux-mêmes, sans avoir de contrainte de temps et d’argent. »

 

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Dans ta musique, il y’a un combat entre les instruments classique, tradi et moderne. Comment tu expliques çà ?

« Ils sont tous de diverses cultures, mais ça reste des instruments. Arriver à les faire fusionner, ça, c’était le plus gros challenge de ma vie. Je pense que ce mélange est en nous, c’est notre génération qui est comme ça. Je suis né à Dakar et je connais Michael Jackson, Beethoven. On écoutait du jazz, de la pop rock et du mbalax. Cette ouverture a fait notre enfance. C’est ça, ma culture musicale. Elle commence là où j’ai appris à reconnaitre les couleurs, les sonorités. C’est ce mélange qui fait ce que je suis devenu aujourd’hui. Ce n’était pas un casse-tête d’allier ces instruments. C’était en moi. Il y a des couleurs qui se mélangent, pourquoi renier cela ? C’est une force. C’est aussi un appel à l’universalité. On aspire tous à une certaine ouverture. Un monde où les gens se comprennent. Le premier son que j’ai écouté c’est Tracy Chapman et j’avais 4 ou 5 ans. C’était les premiers sons que j’ai entendu, et ça vient d’Angleterre. Quand j’étais aux États unis ou en Europe. Les gens étaient interpellés que je connaisse ces artistes. C’est une chance qu’au Sénégal on ait çà. Après il faut prendre sur ce qu’on a et être ouvert sans pour autant s’imposer. La musique c’est une force, un moyen de communication. Il y a des gens qui arrivent à manier les instruments traditionnels, d’autres qui font une musique faite de mélange, d’autres qui font du ricain, d’autres qui font de la variété française. Il faut juste sortir une émotion et exprimer ce que tu es vraiment. »

 

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As-tu des projets futurs?

« Oui dans le domaine culturel et artistique. Je suis en train d’étudier comment intégrer les facteurs de consommation dans les industries culturelles. J’aimerais aussi que les enfants aient accès à la culture. Si j’en avais les moyens aujourd’hui, j’installerai dans toutes les écoles un studio photo, et un studio de son. Cela permettrait d’anticiper plein de choses. Dans les écoles, il y a des talents. Mais il n’y a personne qui les approchent, on les néglige ! Pourquoi on n’apprend pas aux enfants à jouer des percussions ? Les gens attendent de sortir du Sénégal pour consommer le mbalax, parce qu’à ce moment-là, ils sont nostalgiques. On néglige ce qu’on a, après les gens disent qu’on est déraciné. Je pense que des cours de musique, de photos, d’art plastique devraient faire partie de l’éducation de tous les enfants de ce pays.

Pour l’instant je vis à Paris, mais un jour je reviendrai et j’espère avoir suffisamment de moyen pour changer les choses. Une victoire pour la culture et pour le Sénégal. Amener de l’argent, des connaissances, des relations, pour pouvoir faire les choses. J’ai commencé un travail à Paris, il faut que je le finisse après Y’allah mo xam. (Dieu seul sait) Partout où je vais, je leur dis que tous ce que je sais, je l’ai appris au Sénégal. Donc à un moment, il faut arrêter de nous prendre pour des cons.»

 

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Retrouver Tukkiman sur :

https://www.facebook.com/lamintukkimen?ref=ts&fref=ts

https://www.youtube.com/user/TIMESOUNDREC

 

Tukkiman Chasing Dreams

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