Hot! Alibéta

J’ai rencontré Saliou Sarr de son vrai nom, lors d’un concert au Dadjé. Il partageait alors la scène avec I science. J’ai tout de suite été impressionné par cette voix, et par cette maitrise de l’instrument qui l’accompagne tous les jours depuis plusieurs années.

Je retrouve Alibéta aujourd’hui à l’Ozio, lounge branché de la capitale dakaroise, où il devrait se produire une à deux fois par mois.

Il partage avec moi, sa passion qu’est la musique et m’explique un peu son parcours…

Alibéta qui est l’anagramme de Talibé a choisi se nom de scène, car il se définit comme un chercheur, un voyageur. « C’est une quête intérieure qui s’exprime à travers une recherche musicale et artistique ; à travers des rencontres. »

Alibéta commence la musique vers  l’âge de 11 ans. Son grand frère lui apprend les bases de la musique, les premiers accords etc. «  J’ai vraiment commencé à la maison. »

Durant son secondaire, il fait partie du club d’anglais où il intègre la chorale. A cette époque, il compose déjà ses propres morceaux et fait quelques scènes.

Durant ses années à la fac, à  l’université Cheikh Anta Diop, Alibéta fait partie de la troupe de théâtre. Il allie sa passion pour la scène et celle pour la musique. C’est ainsi que débute sa carrière, et qu’elle prend un tournant professionnel.

Il encadre la troupe du lycée Lamine Gueye et se produit dans divers festivals. Il met en scène « Bwakamambé » ; et Akiboulane, une adaptation  de « une saison au Congo » d’Aimée Césaire. Il remporte également certains prix et se produit notamment à Montpellier.

A l’université, il rejoint l’atelier de recherche de pratique théâtrale où il est encadré par des professionnels de dramaturgie, dont des grands noms du théâtre tels que Lucien et Jacqueline Lemoine, décédée il y’a quelques mois.

 

Du théâtre, il va ensuite vers le cinéma. « Le théâtre limite, les gens viennent  te voir dans un espace, alors qu’avec l’image, tu retrouves les gens dans leur espace. »

Ali béta ajoute qu’il a un besoin : reconstruire une certaine image de l’Afrique, de la jeunesse africaine. «  Le cinéma c’est une arme pour nous. Il faut des films qui parlent d’Afrique, fait par des africains, pour des africains.»

Le cinéma fait partie des médias de prédilections. Il permet une certaine expression. Expression comprise de tous et plus accessible que l’écriture par exemple.

L’artiste compte déjà deux films à son actif.

L’un fait au mali,  « Masques Démasqués »  en pays Dogons en partenariat avec  la deutsche Weller en 2008. Il fait un autre film sur la pèche et l’immigration,  « Coup de Filet » avec une maison de production Allemande qu’il présente au forum Social mondial en Février 2011.

Il travaille actuellement sur un troisième projet, « Crime d’espoir 2 » dont l’intrigue se passe au Mali. En partenariat avec des jeunes cinéastes Français ART de VOIR.

« J’affectionne les documentaires, parce que je veux déconstruire les clichés qui existent, donner un autre point de vue, un autre regard sur L’Afrique et le monde »

Comme il me le fait remarquer, on a tendance à trop rejeter la faute sur l’extérieur. «  Certes l’occident a fait ce qu’il avait à faire, et continue de faire ce qu’il veut. Mais il faut que les africains se regardent eux-mêmes autrement. »

On a tendance à se regarder à travers les images extérieures, télévisions, clips etc… Alors que nous avons une culture propre à ce pays, à ce continent. Ainsi que le dit Alibéta, nous avons d’autres choses à montrer, des combats plus actuels, d’autres choses à dire.

« Je comprends que chacun est envie d’autres choses. On devrait avoir le droit de voyager. De connaitre d’autres réalités, et de choisir le pays où l’on veut vivre. »

Alibéta aimerait que la jeunesse se tourne vers l’immigration en Afrique, qu’elle est la curiosité de voir ce qui se passe chez nos voisins africains. L’artiste voyage beaucoup, il revient tout juste du mali où il était pendant 15 jours. «  Les jeunes  Africains ne se connaissent pas vraiment. Il faut voyager intelligemment. »

La discussion se poursuit autour de la culture. Je demande à Ali béta, quelle est sa vision de la politique culturelle.

« Le Sénégal, comme les pays d’Afrique doivent comprendre que la culture est un facteur de développement qu’il faut investir, c’est un besoin nécessaire. »

Ali béta déplore le manque de politique culturelle, et il aimerait que le pays s’oriente vers la culture. La vraie réalisation c’est se donner une orientation culturelle propre. Adéquat à notre histoire, à nos peuples.

«  On connait les inconvénients et les conséquences du capitalisme. On sait aussi qu’on a une histoire riche, et des valeurs qu’il faut préserver… et comme disait Senghor : « La culture est au début et à la fin de tous. » »

Le problème aussi, c’est que la culture au Sénégal est associée au divertissement, hors ce sont deux choses différentes. Pour la population, la culture c’est l’amusement, la rigolade, des choses légères. Et Ali béta regrette cela.

«  La culture c’est l’âme du peuple, il faut qu’on arrive à nourrir l’âme du peuple, et qu’on arrête de

mettre en avant les gens qui font du n’importe quoi. »

Ali Béta ressent bien le climat de contestation qu’il y’a au Sénégal. Il apprécie l’éveil de la population. Il y’a quelque chose qui balbutie. Il cite, Gandhi: « Nous devons être le changement que nous voulons voir demain. »

A.béta : « Le changement s’effectue au quotidien. » Il faut faire les choses de façon constructive. Il faut proposer des alternatives, arrêter d’être abstrait. Ne plus croire en la magie.

Ali béta a sa carte, et compte aller voter. Il faut y croire. « On peut comprendre ceux qui n’y croit plus… Nos dirigeants ne sont pas libres, ils ont les poings liés. »

Les projets de Ali béta cette fin d’année : avancer et terminer son premier album. Album prévu pour l’année 2012. Faire plus de scène dans les mois à venir. Renouer avec son public, et s’en faire un nouveau…

Son album rassemble des rencontres musicales avec la France la Mauritanie, et le Mali. C’est un voyage et un partage de style et de culture.

Il  définit sa musique comme Afro, un mélange de traditionnel sérère, bambara, de hip hop, de jazz, de blues, reggae…

Un style Man groove : mangrove (La mangrove est un écosystème qui se développe que dans les zones de balancement des marées des côtes basses des régions tropicales.)

Son message : « Message d’unité, quelque que soit le sexe, la race,  les religions. Essayons d’être des êtres humains meilleurs. On est acteur de nos vies. Ce qui dit moi, dit l’autre… car l’autre c’est  Moi  « In Lak’Ech » comme le disent les Mayas. Un message d’amour universel. »

 https://www.facebook.com/saliou.sarr.585

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