Hot! Abass Abass

 

J’ai rencontré Abass Abass durant le tournage de Didier, peu de temps avant qu’il rentre en France… Didier Awadi tournait alors un film sur Doudou Ndiaye Rose, la légende du Mbalakh. Nous Nous retrouvons via ce fameux réseau social et faisons l’interview par mail.

 

 

Qui Es-tu ?

« Moi c’est  Sow Abass rappeur sénégalais » c’est sur ces mots que l’artiste commence son histoire… Abass a commencé le rap au Sénégal. Et depuis quelques années, sa vie se partage entre la France et le Sénégal.

Comment te définis-tu. ?

« En tant qu’artiste, je dirais avant tout que je suis dans la musique et que c’est mon moyen d’expression. Donc on va dire que je suis un artiste engagé même si l’engagement est de plus en plus subtil car je le veux pérenne. » En ce qui concerne son appartenance au Rap. Abass est très claire. « Je n’appartiens à aucun style ! » L’artiste a son propre style, et il essaie de s’améliorer, grâce à une certaine maitrise technique et beaucoup de travail.

« L’art c’est comme la personnalité pour moi, c’est comme si on te demande t’a quelle personnalité? J’ai toujours eu comme concept « on ne fait pas ce qui marche mais on fait marcher ce qu’on fait ». »

Comment tout ça a commencé. ?

« Boy ndakarou ndiaye » yeah j’ai grandi à Dakar a la Sicap Amitié. La musique a commencé par être une passion pour Abass Abass. A l’époque avec Nix et d’autres amis de classe, Ils faisaient beaucoup d’improvisation. « Certains joués au foot, nous on rimait dans la rue avec le radio blaster à coté qui balançait les instrus. » C’est ainsi que le jeune mc de l’époque, commence à se faire un petit nom dans l’underground dakarois. Mister Kane, le producteur de Rapadio sollicite bientôt Abass, pour faire partie de son projet de compilation D Kill Rap. « Les retours ont été positifs ce qui m’a permis de faire des scènes et c’est comme ça que j ‘ai joué en première partie de Bissau na Bissau ». Il se fait rapidement remarqué par Didier Awadi, qui l’encourage à venir le voir. « Je venais de trouver mon premier producteur. »

Qui sont les gens qui t’inspirent ?

« Mes parents first, nos sages tel que Cardinal Thiandoume, Serigne Touba, Baye Niasse, le pape Jean Paul 2, Gandhi, des hommes du peuple tel que martin Luther, Bob Marley, Nelson Mandela, Cheikh Anta Diop ils sont nombreux et uniques. »

Qu’est-ce que tu recommandes aux jeunes générations de mc ?

« Rien n’est facile il faut se battre, je dis toujours aux jeunes artistes qui débutent et qui me demandent des conseils que seul le travail paie et parle » Quand il a commencé, Abass ne faisait pas du Rap pour devenir une star mais c’était la passion qui motivait son travail.

Le Sénégal ne te manque pas trop ?

 

« Attention je viens assez souvent au Sénégal et ce n’est pas juste pour faire une semaine je viens très souvent et pendant des mois. » Abass admet que durant ces séjours au Sénégal. Il est vrai qu’on ne le voit pas beaucoup. Mais Abass est quelqu’un de très discret. Il fréquente les médias que durant les promos. « Sinon j’ai une vie assez tranquille je ne sors que très rarement en night-club mais je suis là, et c’est vrai que quand je suis en France, Dakar me manque énormément, ma famille mes amis les odeurs les pratiques etc…. »

Que représente la France pour toi ?

« La France c’est mon deuxième pays car j’y suis maintenant, depuis un bon bout de temps. Je pense que culturellement, on est très proche du Sénégal. Vu le passé colonial ! Donc l’intégration n’a jamais été un problème. » Abass Abass a appris pas mal de chose professionnellement parlant et spirituellement. Il s’est fait une nouvelle famille musicale le Fap Zap et un très grand réseau.

Pourquoi la France ?

« Ce qui m’a poussé à y aller c’est apprendre. » Abass quitte le Sénégal, pour suivre des cours dans une école d’ingénieur du Son. Le feeling, comme il dit, l’a poussé à rester. Cependant, il ne considère pas son installation en France, comme la énième fuite d’un cerveau. Car, il aime son pays natal et il fait tout pour le représenter à chacune de ces prestations. La finalité de ses projets : rentrer au pays avec une tête bien rempli, et partager qu’il a acquérie tout au long de cette expérience.

Quels sont tes projets ?

« Je suis en mode écriture en ce moment, après ce sera le studio ensuite la sortie du projet incha allah et à ce moment-là, on fera une tournée sénégalaise africaine et française. »

 

Pourquoi Nappy Attitude?

« Car je pense que j’ai à contribuer à l’évolution de l’être humain. On nous a dominés financièrement mais je refuse qu’on nous domine dans les domaines de la culture, de l’esthétique etc…. »

Y’a pas qu’un seul critère de beauté, selon Abass, ils sont nombreux, la beauté n’habite nulle part, elle est partout et dans ce titre l’artiste soulève juste un problème, et essaye de « sensibiliser les sistas ».  Le manque de personnalité, la dévalorisation de nos atouts naturels sont des sujets importants pour Abass. Selon lui, les femmes africaines se dévalorisent en mettant des faux cheveux lisses, pour ressembler aux femmes blanches ou autres c’est une manière de cracher sur ce qu’elles sont en réalités. « On doit s’imposer, on doit pourvoir nous accepter avec nos distinctions culturelles, dans tous les domaines socio-professionnels. J’en profite pour dire stop aux xesseul, en plus des problèmes de santé que l’on risque, c’est juste moche. »

Qu’avons-nous à envier au système culturel occidental ?

« Le system culturel français est vraiment intéressant, y’a pas mal d’aides pour les artistes motivés, les subventions, les droits voisins pour toutes productions d’album ou spectacles vivant, y’a toujours une reconnaissance des artistes. Par exemple les auteurs arrivent à bénéficier d’une aide pour s’exiler et écrire dans les meilleures conditions. »

Au Sénégal, selon Abass, le système est pourri y’a des bons artistes, mais ils y’a aucune mesures pour leur faciliter la vie. Il privilégie le tube digestif au tube intellectuel. L’art a perdu toute la place, qu’il avait. Abass avoue que son admiration pour les artistes indépendants est d’autant plus grande. Il prend en exemple Wakh Art, qui survit tant bien que mal,

sans réel retour ou aides, juste pour défendre l’art sénégalais. « Je dis Chapeau. »

Son message de fin :

« Il faut défendre les artistes, les subventionner, mieux les promotionner, professionnaliser les structures culturelles et faire un tri. Si tous les artistes passent à la TV sans commissions et sans structures ça devient banal. »

« Moi comme je te l’ai déjà dit je suis un amoureux de l’art et l’artiste est comme un motard et vous êtes les motos, sans une bonne bécane on ne peut aller nulle part, donc merci à vous les amoureux d’art qui nous donnons la force.

J’espère qu’un jour ceux qui méritent d’être soutenus seront soutenus pour l’instant ce qui nous motivent c’est l’amour de ce que l’on fait. Ci kaw ci kanam »

 

 

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