Hot! Masques et Mémoires. Hervé Beuze à Gorée,

J’ai rencontré Hervé à Gorée, il y’a quelques semaines de çà. L’artiste plasticien martiniquais se tenait là, à quelques mètres de moi, sur l’esplanade. Son casque sur la tête ; un chalumeau dans une main, un bout de métal dans l’autre, Hervé fignolait son œuvre, qu’il comptait présenter lors du vernissage à Gorée. Vernissage de l’exposition, des Masques et Mémoires du Musée Dapper à Gorée. Arrivée à son niveau. Je me présente et lui pause quelques questions…

 

 

Cette initiative représente beaucoup pour le plasticien. « C’est l’occasion, pour nous d’exprimer notre façon de voir ce passé coloniale, et également esclavagiste. Surtout dans ce lieu symbolique qu’est Gorée. »

« Bois Brulés,  c’est ainsi qu’il a nommé la série de sculptures monumentales crée pour l’évènement. Bois Brulés,tourne autour de l’idée d’un retour des symboliques, de ceux qui ont étés esclaves dans ce lieu. » Hervé présente plusieurs personnages en métal.

L’Esclave enchainé, au visage anonyme et déformé, est l’un d’entres eux. Le colosse de deux mètres, est fait de métal. Les lames qui ont servies à la réalisation de l’œuvre, ont étées récupérées sur l’ile de Gorée. Elles sont issues d’un vieux circuit électrique de l’ile. Hervé me fait remarquer la présence et la récurrence d’un cœur d’Afrique rouge, dans tous ses personnages. Par là, il rappelle à nouveau, son attachement pour l’Afrique.

Hervé a également réalisé une coque de bateau stylisée. « J’ai envie de comparé ça à une sorte de baleine. Ou du moins les restes d’une baleine. C’est en faite un bateau négrier. »

A quelques pas de là, un autre personnage de métal, à l’armature apparente est pausé là. L’homme est peint en blanc. Il fait référence aux esclaves, qu’on jeté à l’eau pendant la traite négrière…

Bois brulés,  est une sculpture réalisée avec des palettes brulées.  Ce bois calciné symbolise les esclaves pris dans la machine de la marchandisation du monde. Parce que la palette sert le produit industriel et qu’en même temps, elle représente pour l’artiste, l’exploitation de l’humain.

La dernière installation de l’artiste martiniquais, est un hymne à la liberté. L’installation est une femme. Elle représente « La Mama Africa », ajoute Hervé… elle porte des ailes, comme les oiseaux, les ailes de la liberté. La femme a les cheveux de métal dressés vers le haut. Le cheveu est un thème récurant en Martinique mais aussi au Sénégal selon Hervé.  La question des cheveux, cheveux lisses ? Cheveux nègres. « J’ai voulu faire un pieds de nez à cette réalité.. » Ca donne un personnage assez spécial. Peint de noir, la femme au visage négroïde cri : libre !

Hervé Beuze a réalisé ces œuvres à Gorée, comme les autres artistes de la Résidence, ils ont eu un mois pour monter ces installations. Elles ont évolués sans cesse, en fonction des matériaux mis à disposition, des problèmes techniques, des solutions qu’ils ont apportées. Les artistes ont choisis la sculpture monumentale. Ils ont fait ce choix, à cause du lieu, mais aussi, à cause de la place qu’on leur à mis à disposition. Leurs œuvres sont exposées sur la grande esplanade de l’ile.

Hervé Beuze se définit comme un assembleur. A la différence du sculpteur, Hervé assemble les éléments… le Sculpteur, lui, enlève la matière… « Quelque soit le support, je peux m’exprimer dessus. » Hervé a été formé à l’institut régional des arts visuels, à la Martinique. Il donne d’ailleurs, aujourd’hui des cours dans l’institution.  Mais l’artiste s’est également spécialisé dans d’autres domaines. Scénographie monumentale, conception de décors… Illustration, graphisme. Les travaux d’Hervé, reviennent souvent sur des questions d’identités, de l’être Antillais.

«  Je ne suis pas trop porté vers la production marchande. Au départ, il y’a une idée d’action. Et cette résidence est une action forte et symbolique. »

C’est ce qui est remarquable. Effectivement, c’est la première fois que des plasticiens issus d’anciennes colonies françaises se retrouvent en résidence à Gorée.  La Guadeloupe est représentée par Bruno Pedurant, la Réunion par Jack Beng Thi, et la Martinique par Mr Beuze. Ses pays ont un lien étroit avec le Sénégal.

« Tous les descendants  de fils d’esclaves, ont envie de découvrir l’Afrique. C’est la première fois que je viens, en Afrique. C’est la joie totale. Mais c’est aussi une quête personnelle. » Hervé, à travers ce voyage, voulait connaitre le lieu d’où viennent ses ancêtres et cherché peu être des liens… Une façon de faire, de parler, des  fassièces, des habitudes cultures similaires…

Le problème qu’ils ont aux Antilles, me dit l’artiste, c’est l’amnésie. Et cet oubli a été institutionnalisé en Martinique. D’après Hervé, à la libération des esclaves, ils leur ont demandé d’oublier. Et jusqu’à aujourd’hui, le rapport avec le passé n’est pas très clair. Il y’a très peu de musées, qui racontent et retracent la totalité de ce parcours. « Il y’a plein de vides qui demandent à être comblé. Ce qui reste c’est surtout des vestiges de l’époque coloniale. »

 

 

En même temps, souligne l’assembleur,  il y’a création d’une culture nouvelle. Les Antilles ont été, et reste un carrefour culturel.  Une part amérindienne, occidentale et africaine. C’est une prise directe avec le monde entier. Notre histoire a crée une nouvelle manière d’être.

Peu être que ce voyage, à conforté une des racines d’Hervé Beuze…

Son mot de la fin : « Bonjour l’Afrique ! On est là ! Je vous invite à venir voir ce qu’on a produit dans l’espace d’un mois. On a essayé de faire au mieux, pour créer ce lien qui manque. »

Son blog :

http://residencegoree.blogspot.com/

 

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *