Hot! Migline Paroumanou Pavan

Migline Paroumanou Pavan

 

J’ai rencontré Migline, à Gorée. Ce jour là, j’étais venue voir les artistes résidents, du Musée Dapper à Dakar. On s’était alors croisée sur la Grand Esplanade de l’ile. Nous avions conversé pendant quelques minutes et échangé nos contacts. Migline était venue de la réunion. Elle devait performer quelques jours après notre rencontre. Malheureusement, je n’ai pu assister à sa performance. Je la retrouve quelques semaines après. Je l’interview via la Toile( internet).

 

« Artiste plasticienne réunionnaise, je vis et je travail sur l’ile. »

Migline est née en 1974 à Saint Paul à la Réunion. Elle grandit sur l’ile avec sa famille, qui est passionnée par le tissu. L’enfant joue avec les vêtements, les volumes et les étoffes. A 15 ans, un voyage d’étude linguistique au Kenya bouleverse sa vision du monde, et bouscule les idées reçues d’une adolescente de son âge. Migline s’initie peu à peu au dessin, à la calligraphie.

En 1994, Migline fait des études de psychologie à l’université Sophia Antipolis à Nice. Elle découvre « les trames et liens que tissent les êtres humains entre eux et les fondamentaux qui règlent les faits et gestes de nos sociétés. ». En 2005, la jeune femme s’initie au modelage. Elle découvre en parcourant les expositions de l’ile, toute la sphère culturelle underground.  Durant cette période, Migline renoue avec une partie de son histoire…

En 2007, l’artiste s’inscrit aux Beaux Arts de la Réunion, comme auditrice libre. Elle y rencontre Jack Beng-Thi et participe aux diverses activités de l’atelier de l’artiste réunionnais. (Rencontre musicale avec l’artiste Salif Keïta , l’Artothèque hors les murs, Le Festival de film d’Afrique et des îles, L’Art dans la rue….) En 2009, Migline participe à son premier concours, le prix Célimène à l’Artothèque. En 2010, elle représente La Réunion aux iles Canaries lors de l’exposition « Horizons Insulaires » initiée par le critique d’Art Orlando britto Jinorio et le directeur de la collection Littéraire Nilo Palenzuela qui réunie les îles d’expression de langue française, portugaise, espagnole.

Cette année elle a exposé dans le cadre de l’année de la femme à l’espace Leconte de L’isle à Saint Paul à la Réunion en présentant trois installations d’importance (Déperdition contrôlée, 5ème saison, Une spirale, une âme, quatre blessures) qui marque la position politique de cette artiste dans le grave débat qui anime de manière constante le monde réunionnais. « Migline Paroumanou Pavan assure de par sa réflexion une haute interrogation à l’intérieur du monde indo-océanique. »

 

Le Sénégal.

Migline Paroumanou Pavan est venu au Sénégal pour la première fois, cette année.

« C’est effectivement ma première rencontre avec le Sénégal et avec Gorée. »

Le séjour de l’artiste a été une expérience très positive. Migline est restée d’avantage sur l’ile de Gorée, c’était son lieu de travail. Elle était en résidence à l’atelier de Moustapha Dime. L’esthète a apprécie l’hospitalité des habitants de l’ile… Ses rencontres étaient très riches humainement parlant ajoute telle.

« J’ai eu aussi le plaisir de rencontrer des artistes formidables, j’espère les revoir ou travailler un jour avec eux. »

Migline a réalisé une performance le samedi 1 décembre 2012, sur l’ile de Gorée. L’artiste a inauguré la porte du retour et l’arbre du retour , deux installations de sa composition, par une performance. L’artiste a voulu à travers cette porte, accueillir tous les ancêtres partis en esclavage. Par son action, Migline a voulu rendre hommage aux esclaves partis il y a bien longtemps. Cet hommage est une action présente pour les gens du passé.

« J’ai donc pris la décision d’inscrire mon travail dans le rituel et le sacré. Le culte convient naturellement à mon travail, c’est un culte aux ancêtres. Ce culte est très présent chez moi à l’ile de La Réunion. »

Ce culte a du sens pour les esclaves partis, mais aussi pour les africains contemporains et pour la diaspora qu’elle représente. La porte est constituée de contre-plaquée, peint en acrylique blanc… la seconde installation est un arbre mort. L’artiste a refleuri l’arbre avec des fleurs de tissus africain qu’elle a collecté. Au sol, tissus blanc et coquillages sont disposés. L’arbre symbolise la terre d’Afrique, il montre le chemin du retour vers la terre africaine. Migline, à travers cette installation.. Fait revivre cet arbre. « C’est comme rendre possible l’impossible et une façon de fêter le retour des ancêtres. »

Son projet pour l’année à venir, réaliser une exposition autour de la femme. Cette thématique touche énormément l’artiste. Elle rend hommage aux femmes, souvent victimes de violences. Migline voudrait que par le biais de son art, véhiculer un message qui sensibilise, et amène à la réflexion et ainsi amener un changement des comportements. « Je vais parler des violences intra conjugales, de l’image de la femme dans la société contemporaine, et de la domination psychique. »

Si elle était une couleur : « la couleur mauve, cette couleur me plais, parce ce qu’elle suscite de l’émotion. »

Le mot de la fin : « il faut garder un respect pour l’être humain, et ne pas oublier ce respect dans les actions de nos vies. C’est de cette manière, que l’on donne des sentiments aux actions. Il ne faut pas oublier nos ancêtres, car l’humanité appartient à l’âme et non au corps. Voilà… »

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