Hot! Masques et Mémoires, Jack Beng-Thi à Gorée

Jack Beng-Thi

J’ai rencontré Jack Beng-Thi  à Gorée, un après midi de Novembre… Il finalisait alors son installation monumentale, la Cicatrice. Je me demandais comment cet homme d’une soixante d’année, passée, avait fait pour réaliser une sculpture de cette envergure. Jack faisait partie des artistes résidants, du Musée Dapper à Gorée, dans le cadre de l’exposition Masques et Mémoires.

Artiste plasticien, originaire de  l’ile de la Réunion, Jack est né en 1951. Fils d’un métissage de parents indien et vietnamien, Jack est à la Réunion, ce qu’Ousman Sow est au Sénégal.

Mr Beng-Thi a répondu présent à l’invitation du Musée Dapper et a participé à la résidence d’artistes sur l’ile de Gorée. Pendant un mois, il a travaillé et monté son installation sur la grande esplanade de l’ile. Jack connait le Sénégal, c’est la cinquième fois, qu’il expose dans la capitale. En effet, l’artiste a eu à faire de nombreuses collaborations à Dakar. Il se souvient de ces rencontres… Kan Si, Ousman Sow, Ndary Lo et bien d’autres, grands plasticiens sénégalais.

L’artiste trouvait, ce travail de mémoire important et nécessaire.  A la Réunion, les rapports avec l’histoire sont ambigus, m’explique t-il. C’est pourquoi, Jack Beng Thi ne fête plus l’abolition de l’esclavage sur son ile.  Le sculpteur veut honorer la Mémoire d’une façon différente, sans chaines ni sang… L’esclavage a été un moment historique dramatique. Mais Jack me rappel, que c’est aussi la période de l’histoire, ou les asservis ont fait preuves de créativité. Et ont trouvé la liberté par l’esprit, en faisant preuves d’ingéniosité.

L’esthète a donc construit une cicatrice monumentale… Au-delà de ça, la sculpture est aussi un corps immense, ou bat un cœur, unique et puissant. On peut rentrer et se promener dans ce corps. À l’intérieur, une veine est posée au sol. Elle respire grâce à la lumière qui sort de l’installation. Ici jacques ne parle plus de la mort, mais de la vie… Pendant la visite de l’installation, le visiteur peut sentir le souffle, les murmures, les voix, les rythmes et la musique… Jack Beng-Thi s’inspire du discours de Marcus Garvé : «  l’Afrique au Africain », le retour sur le continent natal. Lui, revient en Afrique, au Sénégal, sur l’ile de Gorée, avec quelque chose de vivant : un espoir. L’esthète est très content, d’être venu à Gorée et d’avoir pu poser cette pièce. D’autant qu’elle va certainement voyager et parcourir le monde par la suite et peu être finir sa course à la Réunion. Gorée a été un lieu de rencontre, pour ces artistes venus des iles. Durant leurs séjours, ils ont eu à faire de nombreuses rencontres artistiques. Maintenant, la question de Jack est : « comment faire pour se revoir? »

Vous vous demandez, comment tous ça à commencé ? Le père de Jacques était écrivain publique. L’artiste se souvient d’un noël de son enfance. Son père avait offert aux enfants, une bibliothèque. Jack aimait lire, il avait pris l’habitude de dévorer chacun de ces livres. « Sur une île  on est dans l’isolement. » La lecture était pour lui, un moyen de s’évader, de s’ouvrir au monde,  d’être connecté avec celui ci. Jack grandit, il apprend à dessiner grâce aux livres, qui l’entourent. Bientôt il rentre à l’Ecole des beaux arts de Toulouse… Après des études, une maîtrise en art plastiques de l’université Paris 8, une carrière d’enseignant s’offre à lui. Jack voyagera beaucoup. A Paris,  il est pensionnaire pendant un an, de la Cité internationale des Arts de Paris…

Toujours à la découverte de nouveaux pays, Mr Beng-Thi est un voyageur infatigable. Il s’envolera pour l’Amérique Latine, les Caraïbes, l’Afrique du Sud, le Congo et bien d’autres pays. Tout au long de ses voyages, son travail d’artiste évoluera. Du dessin à la sculpture ; puis à l’installation en passant par la photo et la vidéo, l’artiste aime mélanger les médiums.

Durant toute sa vie, Jack est resté souvent en contact avec l’Afrique. Il était à Johannesburg et lutter contre l’apartheid, au Congo pendant la guerre… De plus, Jack est resté très à l’écoute des poètes, des littéraires africains, qui l’inspirent au quotidien.

Aujourd’hui, avec la mondialisation et l’Europe qui s’écroule. Jack a beaucoup d’incertitudes. Selon lui, c’est maintenant que l’Afrique doit rejoindre le monde. Elle ne doit pas rester sur la touche. Elle doit être actrice et plus spectatrice de l’évolution du monde. La marchandisation continue. Selon l’artiste, nous allons vers d’autres phénomènes, que nous n’arriverons pas à maîtriser.

Merci à Mr Hervé Beuze, pour les images, tirés de son blog.

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