Hot! Maya et les Petites Pierres

Maya et les Petites Pierres

J’ai rencontré Maya, il y’a bientôt deux ans de çà, aux Petites Pierres, à Ouakam.  

 J’allais souvent  dans cet espace culturel  initié par le couple  Maya et Erwan. Je me déplaçais jusqu’à Ouakam,  pour aller à la rencontre des artistes de l’espace. J’étais aussi très souvent au studio des Petites Pierres, pour les enregistrements d’Ophis ou Moulaye, les artistes du label WAM ; ou plus simplement, pour les  réunions avec SRK ou Iscience, avec qui je travaillais à l’époque.

Cependant, jamais, je n’avais pris le temps de discuter avec la directrice des lieux. Je dois avouer, que j’avais certain apriori et que je ne l’appréciais pas plus que çà. Souvent même, j’ai été en désaccords avec la façon de faire de Maya. Mais heureusement, il n’y’a que les cons, qui ne changent pas d’avis…

Aujourd’hui, à la veille du lancement du Festival Interférence 2013,  je suis retournée aux Petites Pierres, bien décidé à interviewer Maya, ce personnage incontournable, de la scène culturelle sénégalaise. Avec un grand sourire, l’activiste me reçoit. Après quelques échanges de courtoisie, depuis la terrasse de l’espace, nous démarrons l’interview…

Comment te définis ? Qui es-tu ?

« J’ai du mal à me définir. Je suis asses touche à tout… Je me construis au fur et à mesure. Je ne peux pas me mettre une étiquette. Mais disons, que je suis née à Paris, d’une mère égyptienne, d’un père métisse Vietnamien, Français. Donc j’ai le cosmopolitisme dans les veines. L’art également, parce que mes parents aussi, sont des artistes atypiques. J’ai grandi avec cette identité multiple. Je suis Sénégalaise d’adoption. Ca fait plus de dix ans, que je suis installée au Sénégal… Je viens depuis 1999.Ma culture s’est aussi là ou j’ai vécu…  Je me considère finalement comme une Citoyenne du monde.

Professionnellement parlant, Maya a de nombreuses casquettes. Elle imagine des projets, les conçois, réunis des gens autour de ses projets. Puis, elle les met en œuvre et les développe…

 

 

 

Pourquoi cette voie ?

« J’ai toujours su que j’inventerais mon métier ! Je me suis jamais dis, je serais çà ! Sauf quand j’étais petite, et que je voulais être princesse.» Rire

Durant son enfance, Maya dessinait beaucoup, elle faisait de la danse et de la sculpture. Mais Maya ne voulait pas être artiste, contrairement à la vision qu’avait l’entourage de ses parents. Elle, dans un esprit de rébellion, elle voulait être une intellectuelle.

« J’ai plus poussé dans les études, disons académiques… Et en allant dans ce sens là, je suis revenue à la créativité, en travaillant avec les artistes.  J’ai un point de vue théorique et artistique. »

Maya est un Directeur Artistique, mais elle n’aime pas cette étiquette, qui selon elle, ne veut rien dire ou du moins, est trop souvent employé à tord. Maya a du mal à se présenter ainsi professionnellement.

Comment est né le projet « les Petites Pierres » ?

« A l’époque, je voulais être ethnologue. J’ai fait des études d’histoire, d’ethnologie, et de sciences politiques. Pour faire ethnologie, il fallait que je fasse histoire de l’Afrique… J’ai finalement eu un Deug d’histoire, ensuite une Licence histoire et socio puis une maitrise spécialisé sur le Sénégal. Ca faisait quatre ans que je venais au Sénégal. J’ai donc décidé de faire mon Mémoire sur le mouvement Set Setaal au Sénégal.

D’ailleurs j’ai interviewé ton père, à cette occasion. Il m’a mis en contact avec pas mal de gens… Il était un des référents dans mon mémoire. »

Maya n’aimait pas trop le coté purement théorique. Elle avait besoin de chose concrète. L’activiste monte un premier projet d’exposition à Paris, avec des artistes sénégalais. Elle invite six artistes de la capitale, qu’elle logera chez sa mère. Parmis eux, Ndoye Douts, artiste peintre, Cheikha, créateur et Aladji Koné. Aujourd’hui, grand noms de la culture, à l’époque ils étaient à leurs débuts. Ensemble, ils font une exposition pluridisciplinaire au Viaduc des Arts à Paris ; « Système D, Dakar-Paris-Dakar»

Maya finit son cursus par un stage à l’Institut Français de Dakar. A la fin de celui-ci, Maya s’installe dans la capitale. Nous somme en 2003.

A cette époque, elle s’installe en colocation avec Erwan.

« On était dans un environnement asses utopiste. On voulait refaire le monde. J’étais préoccupée par l’injustice. Et la plus grande injustice c’était pour moi, la place de l’Afrique dans le monde. Comme si c’était normal que la société se développe au détriment d’un continent. Malheureusement, on ne peut changer le monde comme ca. Mais on peut essayer de poser des petites pierres… »

C’est ainsi que le concept est né. S’en est suivis par la suite, la création du collectif puis de l’association. Ca fait Onze ans aujourd’hui, que les Petites Pierres existent.

 

 

Qu’est ce que tu retires de ces dix années ?

« Je trouve que le Sénégal a énormément progressé dans l’intervalle. Avant on disait, y’a rien à Dakar, il n’y a rien à faire. Aujourd’hui, il y’a un foisonnement d’actions, de structures qui se développent. Maintenant, on se rend compte quand on met en évènement en place, qu’il y en a quinze en même temps. Et je trouve que c’est positif. La nouvelle génération a repris la révèle… Y’a des choses qu’on sentait ; Un renouveau. »

Selon Maya, depuis Senghor, il y’avait un vide, dans lequel, il était difficile de se positionner. La culture a été laissée de coté durant près de vingt ans. Elle n’était plus une priorité et elle avait un petit rayonnement. Quand, Maya est arrivée en 2000, il y’avait des petites prophètes, comme elle aime les appeler. Des artistes, qui annonçaient un changement… Quelque chose allait arriver. Aujourd’hui pour l’activiste, y’a vraiment un renouveau, un boom dans le secteur culturel. Les nouvelles technologies, les réseaux sociaux ont fait naitre toute une nouvelle génération d’artistes, d’acteurs culturels…

« Il y’a un nouvelle esthétique, assumée et décomplexée, qui rejoint bien cette idée, qu’un tigre n’a plus à prouver sa tigritude. C’est hyper encourageant et positif. C’est fort d’observer ca… Ca porte quelque chose de significatif pour l’avenir. »

Qu’est ce que Les petites pierres aujourd’hui ?

«  C’est un collectif d’artistes, un lieux.. A la base c’est l’idée d’associer des contributions positives et constructives.. Toujours dans le sens de faire évoluer le secteur culturel… Les petites pierres ont l’ambition de faire émerger de nouvelles esthétiques, de créer le contexte favorable pour tous ca… Ca fonctionne comme un incubateur…

Les petites pierres développent une approche, qui permet de donner une dimension plus importante aux projets. L’union fait la force… Dès l’origine, on était dans cette espèce de mouvance… L’idée est d’accompagner les nouvelles scènes, en créant de nouvelles vitrines… »

Le collectif devenue association est à l’origine de nombreux concepts ; tels que les Show Case du British Council, un espace de création transdisciplinaire ou les jeunes artistes transites. Le collectif a également accompagné des évènements comme les défilés de SRK. Les Petites Pierres, c’est aussi, les soirées Jeudi Dj’s, un espace de découverte, de rencontres, un esprit et un univers cosmopolite dans lequel, acteurs et artistes se sentent bien. Un univers propice et libre. Les Petites Pierres, c’est également un atelier mode, un studio son, un espace de promotion…

 

 

Et le festival interférence?

«  C’est marrant, parce que, c’est vraiment un projet, qui m’a fait renoué avec mes premiers centre d’intérêt, le Mouvement Set Setaal. L’Appropriation de la ville par les populations et les artistes. Je l’ai étudié comme un moment significatif de l’histoire de la ville de Dakar… le Set Setaal, c’est une prise en charge citoyenne et en même temps culturelle. Une appropriation de l’environnement urbain.

Quand les choses ont muris dans ma tête, j’ai eu envie de restimulé cette idée là. Le set setaal est vraiment un vecteur, une espèce d’élan, hyper positif… Ou d’un cout les populations prennent conscience de leurs responsabilités individuelles, dans la collectivité… Pour essayer de construire quelque chose de commun et de positif. »

Maya s’est dis, que le mouvement Set Setaal, se serait une excellente base, pour développer des actions dans les rues..L’art au Sénégal, comme dans beaucoup d’état, est réservé à une élite, et malheureusement les populations ne se sentent pas concernés. Ce n’est pas évidant de se sentir concerné quand on n’est pas éduquer, ni éveiller à çà. Souvent ils ne connaissent juste pas. Selon l’activiste, il faut éveiller le gout pour qu’ensuite ils se déplacent..

Avec le coté pluridisciplinaire que développe les Petites Pierres, le Festival Interférence était l’occasion de montrer ce que toute cette nouvelle génération d’artistes. Souvent, une mauvaise image est associée aux artistes, qu’on prend pour des ratés.

« On se disait, il faut réunir toute ses petites idées militantes et arriver à décloisonner l’art, en allant dans la rue, là ou sont les gens, dans leur quartier. Donc on a décidé de développer des actions culturelles dans leur univers… »

Pour la première édition, les Petites Pierres ont voulu insister sur la responsabilité de chacun. L’idée du miroir ! Et puis, comme ajoute Maya, avant de faire une action, il faut que se soit propre. Le thème a donc été repris par les artistes.  La première édition a été fondatrice.

« L’art dans la cité, mais l’art comme vecteur de changement. La première édition du Festival Interférence a marqué les esprits. Pour la deuxième édition on voulait quelque chose qui inspire… Le futur… »

Au Sénégal, les gens pensent au jour le jour. Les circonstances économiques et sociales n’aidant pas. Ca reste compréhensible. Les Petites Pierres, pour l’édition 2013, d’interférence, ont voulu faire appel à l’imagination et à la responsabilisation… c’est ainsi qu’ils ont choisis d’appeler cette nouvelle édition ; Demain dans nos deux mains..

« Ca touche dans le même temps plein de chose.. Parce que quand on parle de futur, on parle d’environnement.. On est obligé d’anticiper.. Tous ce qui est futuriste. Je trouvais que  c’était intéressant d’associer l’Afrique au futur… Montrer une image plus moderne.. Le futuriste qui est déjà présent. C’est une façon de lutter contre les clichés, qui sont néfastes pour l’Afrique.. Et puis, le futurisme éveille la curiosité des gens.. « Ah bon, science fiction africaine ?». »

 

 

Pourquoi avoir choisis d’inviter Grems. ?

« C’est un artiste atypique. Il ne se range pas dans un cadre.. il a toujours créer, ses propres concepts.. Il est à la fois musicien, rappeur, peintre, graffer.. il a se coté touche à tout, qui nous intéresse.. Tous ce qu’il fait inspire.. y’a un coté tous sauf classique.. C’est hyper coloré.. je pense que plaira au public ici… »

Ton Mots de la fin :

«  Demain dans nos deux mains ! »

C’est sur ces mots que nous interviews pris fin. Ravis de cet échange, je m’en retournais à la Boite à Idée. C’est drôle me dis-je dans le taxi. Finalement, Maya et Moi, nous ressemblions plus, que je ne l’aurais imaginé…

 

 

Retrouver Maya et les Petites Pierres :

https://www.facebook.com/lespetitespierres?fref=ts

http://lespetitespierres.wordpress.com/

 

 

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