Hot! Grems à Dakar

Grems

Djib Anton m’a présenté son petit neveu, le lascar Grems, que j’ai rencontré durant le Festival Interférence initié par les Petites Pierres, dans le cadre du Tandem Paris/Dakar. L’artiste s’est produit au jeudi Dj’s, puis à la Biscuiterie le Samedi. Quelle claque! J’avais vu quelques uns de ses clips, mais je dois dire, qu’en live, c’était autre chose…

Le dimanche après midi je débarque aux Petites Pierres. Je voulais absolument interviewer l’artiste avant son départ le soir même… Grems sortait tout juste du studio, où il venait d’enregistrer un son avec le groupe S’killaz, bien décidé à clipper le morceau avant son départ. Nous partîmes à la plage des mamelles pour quelques prises de vues… Entre deux prises  j’interviewe Grems.

 

Qui es tu ?

« Rappeur, Designer, Graffeur… Au service de sa majesté. »

Grems est rentré dans le milieu Hiphop dans les années 90. Les années 90 c’était la découverte du Hiphop en France. Ce milieu rapproche les gens.

« Beaucoup de gens se sont mis dedans, c’était naturel.. C’est par là que j’ai appris, plusieurs disciplines et plusieurs arts. Ca m’a ouvert les sens, et permis de choisir plus tard, ce que je voulais faire.  Je suis un amoureux de la culture hiphop. Tu ne peux pas t’empêcher…Tu tombes dedans très vite, après pour s’en enlever c’est difficile… C’est comme une religion. »

Grems se situe entre la DEEPHOUSE, le  RAP, BOOM BAP, BROKEN BEATS, le DUBSTEP, la BASS MUSIC, la BOSSA…

 

Le Rap ?

« J’ai fait le tour du monde grâce au Rap.  Il me manquait que l’Afrique… et ca y’est, je suis en Afrique. Grace au rap, j’ai appris l’anglais, j’ai gagné de l’argent, sans faire exprès, et j’ai pu m’acheter des baskets.  C’est beau quand même. Je n’exigeais pas plus, par ce je me disais que c’était utopique, de dire je vais gagner de l’argent avec le rap. »

Grems a choisi un métier en parallèle, un boulot, qui ne lui casse pas trop les couilles… Rien n’empêche de mêler l’utile à l’agréable. Son métier, lui a permis de continuer sa passion.

« Aujourd’hui, c’est marrant de faire que ca. Etre payé pour faire du rap et  vivre comme ca.. Je garde toujours les  pieds sur terre bien sûr. Mais, c’est un truc indescriptible.. Le rap m’a permis de rencontrer des gens qui n’ont rien à voir avec toi.. ou tous avoir avec toi. »

Grace au Hiphop, Grems se retrouve dans un continent, chez un mec qu’il ne connait pas, qui pourtant l’a invité, parce que c’est comme ca… Il y’a une hospitalité, et tous ces gens ne regardent pas ta culture, ni ta tête…

« C’est ca qui est dingue dans cette culture… »

 

Tes rêves ?

« Le problème c’est que je suis un peu hyper actif. J’ai beaucoup de rêves, que je réalise, mais je ne prend pas le temps de voir que je les ai réalisés.. parce que je me met déjà d’autres rêves et d’autres limites.. Ce qui fait que je repousse tout le temps  mes limites et je ne me rends pas compte de ce que je réalise »

Pour l’artiste, il est important d’avoir des rêves, et de continuer de les alimenter. Sinon, ca sert à quoi de vivre?

« On apprend, on voit la société, on voit comment on est… Après c’est tous, on fait la guerre avec soi même. Il faut gagner cette guerre, en réalisant des rêves, en répondant à des questions.. en chassant les doutes. »

As-tu des enfants ?

« Oui, j’ai deux filles, d’un an et demi et cinq ans… Avec elles, je vais faire comme avec tout le monde.. Ma musique n’est pas une musique qui va vers les gens, c’est eux qui viennent à elle… Je leur laisse le bénéfice du boute.. J’essaye de ne pas de les éduquer avec ca.. Par ce que je dis aussi beaucoup de conneries.. Il ne faut pas avoir de regret, même si t’as fait une connerie… »

Quel est ton processus d’écriture ?

« Je pars du principe que quand tu fais du rap, il faut être à l’aise sur toute les techniques.. Fort en studio, en live, en impro.. Souvent beaucoup d’Mc’s se limitent à une méthode et restent enfermer dans des conventionalités qui ne sont pas très intéressantes et pas très hiphop… »

Grems a sa propre écriture.. C’est mathématique et clairement mélodique. L’artiste privilégie la mélodie, même si il y’a toujours du sens.. Autant des exercices de sens, d’écritures automatiques…

«Comme ce que j’ai fait ici avec Alien Zik, S’killaz… Ca c’est Disiz qui me l’a appris ca… écriture de l’impro, le rafistolage, la concentration… Toute sorte d’écriture est permise. Faut tout essayer pour voir ce que t’aimes le plus… enrichir ce que t’aimes le plus. »

           

Comment tu te définis artistiquement ?

« C’est dur comme question. Je n’ai pas le recul nécessaire pour définir ce que je suis ou ce que je fais. J’arrive à parler de ce que j’ai fait aux gens du business ; j’arrive à être sur des résultats, de ce que j’ai fait. Mais après parler de moi, la valeur, je ne sais pas… »

S’il était un morceau de musique : « I love you Alex » by Omar S.

« Parce que c’est moi! Après y’en a d’autres…

Pourquoi le rap est un truc égocentrique ? Ca aide à faire la guerre contre soi même.. Mais maintenant les gens l’utilisent pour faire la guerre contre les autres. »

Que penses-tu de l’industrie musicale en France ?

« L’industrie musicale française, c’est la catastrophe ! Des gens inutiles qui perdent de l’argent, en investissant n’importe comment.. Ils veulent travailler comme y’a vingt ans, je sais pas si c’est bien… Après ca évolue, grâce à internet et ça aide beaucoup de gens… Mais bon, voilà quoi, maintenant que les téléphones vendent des mp3.. Ca avance. »

Malheureusement, les artistes ne sont toujours pas payés. Beaucoup de jeunes pensent qu’avec un son qui cartonne, ils vivront de leur musique toutes leurs vies… Il Faut se pauser les bonnes questions, selon Grems.

« Est-ce que tu veux avoir 40 ans et faire du rap ? Est-ce qu’à un moment, ne faudrait-il pas laisser l’industrie aux autres ? Au bon moment ? Est-ce que ce n’est pas utopique ? Y’en a pas beaucoup qui gagnent des millions… Est-ce que ca va être vraiment rentable pour un jeune, qui va gagné 20.000 euros sur 4 ans.. Ca se claque aussi vite. »

Pour l’esthète, la musique c’est du poker. !! C’est aléatoire.. Certains vendent 200.000 cds et des années plus tard, se retrouvent sans rien. La musique, c’est une passion.. Mais ca demande du recul. En France La music est malade…

« Toute de suite, je me suis mis à faire des études, pour avoir un métier… je sortais des albums à coté, mais je m’en foutais, je ne faisais pas ca pour l’argent… j’ai travaillé autant les deux… C’est la passion c’est comme ca. Si ca rapporte des tunes c’est de l’argent de poche et puis à un moment, tu te rends compte que c’est l’argent du rap qui te sort de galère… et au fur et à mesure. La musique paye des factures… »

Aujourd’hui, Grems est autant connu pour mon métier de designer, que pour le rap.

«Je fais du rap pour l’échange, les scènes, le partage. L’engagement, l’énergie. C’est marrant ! Si tu te dis jamais, je réussirais dans la musique, et que tu réussis, c’est du bonus. Le jeu en vaut la chandelle. Mais il ne faut pas prendre de risque et en même temps, la vie d’artiste c’est un risque.. Fast life… Un repas par jour… Si tu fais ce choix, tu choisis de prendre des risques. »

 

 

Et le Sénégal dans tout çà ?

Grems est du Sud de la France.

« Quand t’es en haut, t’as aucune connaissance de ce qui y’a en bas… Quand je suis venue en Afrique, je voulais voir autre chose… Commencer par l’Afrique Noir. Jai été au Maghreb, c’est une partie de moi, mais je voulais voir autre chose. Le Sénégal confirme ce que je pensais.. L’hospitalité, les gens, la culture différente, la vision des gens… Y’a des trucs dans ma tete, qui sont pareils, que beaucoup de gens ne comprennent pas.. Je suis content de l’avoir vu, et ca me donne envie de revenir  voir… Je vois aussi, le choc thermique, la pauvreté, la misère, la pollution.. et ce m’inquiète énormément. Déjà j’étais inquiet chez moi, et là j’arrive ici.. Je suis très inquiet. Faut faire les choses ! Comme ma mère habite en Indonésie… Je comprends certaines réalités… »

Pour l’artiste, il faut apprendre aux gens la valeur de la terre, qu’on est entrain de tuer… Voir des produits issus de l’industrie occidentale, sur nos plages, le rend malade.

« On donne à l’Afrique des trucs pas nécessaires, on ne leur apprend pas à développer les choses correctement… C’est grave de voir ce que les compagnies font ici. C’est gênant, c’est du foutage de gueule, il faut agir !

Arrivée à Dakar, j’ai compris, que le Sénégal était un exemple dans le développement.  Je suis content de voir de nouvelles initiatives.. Pas européennes ou américaines mais  Hiphop, en parfait accord avec les trucs de nos générations..

C’est énorme ! J’ai rencontré des gens géniales.. Selly.. Bass.. Le Sénégal a un niveau artistique énorme… Il faut arrêter de ne pas donner des moyens. Il faut aller chercher ca.. Y’a de l’espoir.. et je suis content qu’ils le fassent bien. Ce qui est entrain de ce passé, c’est mondial ! Une culture métissée.. qui a le Droit de s’exprimer.. de partager.. il faut que ca continue »

Grems à Dakar ?

« C’est ouf que je sois là.. Grems à Dakar… Je suis une star de l’underground.. et wawe, je suis au Sénégal, c’est un honneur pour moi. Surtout de voir les gens ici talentueux et de faire des trucs avec eux.. Quand tu vois comment tous le monde se défonce.. Ca fait du bien de revenir à la base des trucs.. Pausé sur les micros des débuts. Encore une foi le Hiphop  me le donne.. Et ca c’est bon. C’est humainement le truc le plus enrichissant…

Ca va m’inspirer.. Je vais devenir sage comme un bayefall… hahaha…»

Son Mots de la fin :

« Ca défonce le Sénégal. Restez comme vous êtes. Faut vite que je revienne peindre votre ville.. Tout ce qu’on a pas pu faire… qu’on le fasse.. »

Ou le retrouver :

www.gremsindustry.com
www.usle.in
www.mikigrems.com
www.skullcandy.com

 

 

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