Hot! Aline & le Bonhomme Lass

Aline & le Bonhomme Lass

 

 J’ai rencontré Alline durant une soirée à la Cabane du Surfeur. Depuis dès semaines j’attendais ce moment, j’avais hate de découvrir la créatrice, du Bonhomme Lass. Personnage détonnant qui pouvait prendre différentes proportions et différentes positions. Aline était aujourd’hui dans la salon de la Boite à Idée pour répondre à quelques unes de mes questions.

 

 

Que réponds tu à la question «  qui es-tu ? »

« J’aurais du mal à le dire, parce que je suis toujours entrain d’essayer de le définir. Je fais de l’art pour ça aussi. Je ne suis pas artiste de formation, j’ai fais des études d’ingénieur. Mais j’ai toujours aimé l’art. J’ai testé pas mal de choses dans ce domaine, au fil des inspirations du moment. Découvrir ce qui me plait artistiquement me permet d’avancer sur cette reflexion c’est sûr. Pour l’instant je suis sénégalaise, et j’aime le métal, transformer la matière et en faire des objets expressifs.

Sur le projet Bonhomme Lass, j’ai commencé par des petits bonhommes, mais pour les grands formats, mon métier d’ingénieur m’a aidé. Il fallait réfléchir à comment faire pour faire tenir la tête (qui est super lourde), ou comment faire pour qu’il puisse tenir assis seul, conserver les même mouvements et expressions, tout en gardant les même proportions que la petite poupée. Le métier d’ingénieur que je fais aujourd’hui  m’apporte aussi le temps et les ressources nécéssaires pour pouvoir créer. »

Depuis quand fais tu ça ?

«  En fait j’ai beaucoup voyagé avec à ma formation. Dans chacun des pays où j’allais, je me passionnais pour un truc. Quand j’étais au Panama, dans une rue où je passais souvent, les gens vendaient du cuir en gros. J’adore le cuir, du coup j’en ai acheté une grosse quantité. Je n’ai pas reçu de formation pour ca mais je m’y suis essayé. J’ai fais des bijoux , des petits sacs, etc…  Ensuite quand je suis allée au Costa Rica , j’ai trouvé plein de pierres, de jolis cailloux, du coup je faisais des bijoux mais plus minéraux.  J’aime aussi dessiner, quand je n’ai pas le temps, car le voyage est trop court, je fais des carnets de voyage.

 

 

Quand je suis arrivée au Sénégal, j’ai tripé parce qu’il y’avait des quincailleries partout. Pas besoin d’aller à Leroy Merlin ou Castorama, tu t’arrètes dans la rue et t’as tout à disposition. Il y’avait ces gros rouleaux de fils de fer,  je trouvais ca génial! J’ai acheté du fil de fer et utilisé les canettes de Schwepps agrumes(dont je suis fan) ( pour le buste du Bohomme Lass). Et puis les gens sont sympas, j’ai demandé des conseils aux quincailliers et ils me recommandaient les outils adéquats selon mes besoins. J’aime aussi aller voir les ferailleurs/recycleurs, ils m’ont aidé pour recouvrir le buste du Big Bonhomme Lass.

Mais le Sénégal, c’est aussi mes premières expositions. En fait, je n’ai jamais trop montré ce que je faisais. C’était pour offrir ou pour garder pour moi. J’ai découvert ici un univers artistique facile d’accès et dévelloppé, qui offre donc des possibilités dingues pour les artistes qui souhaitent s’exprimer mais aussi pour les gens qui souhaitent les découvrir. Avoir un retour sur ce que tu fais, c’est toujours sympa. Et les gens ont aimé les premières figurines de Bonhomme Lass. Du coup j’ai voulu essayer d’autres formats, le faire grandir. Pour la plus grosse pièce, j’ai travaillé dessus des mois, avec le boulot j’avais pas toujours le temps de m’y consacrer pleinement. Je l’ai fini juste à temps pour la biennale ! »

 

 

Est-ce que tu vas continuer et develloper d’autres choses ?

« J’ai eu des retours qui m’ont donné plein d’idées. J’ai refais trois pièces pour le finissage du Big Five. J’ai changé de matière, j’ai trouvé des fils aluminum en couleur, du coup j’ai fais des nouveaux personnages en couleur, et forcement du coup j’ai eu envie de refaire des photos et de nouvelles impressions. » A savoir que l’exposition actuelle du Bonhomme Lass au Big five ( rue Victor Hugo, Dakar), se décline sous trois panneaux. Sculpture, Photos et Impressions directe des photos sur des planches de Métal. »

D’où viens ce concept ?

« La poupée représente un homme las, fatigué, abattu. C’était même devenu une expression : « oh non ! le truc est cassé…Bonhomme lass… ». Du coup je l’ai créé, pour qu’on puisse jouer avec. Le Bonhomme Lass était sur la table du salon à la maison. Les gens passaient, ils le regardaient puis ceux qui le prenait se retrouvaient à jouer avec, à la poser dans pleins de positions qui à chaque fois rendaient le Bonhomme expressif. Du coup, un après midi je l’ai pris en photo. J’aime bien la macro. J’ai fait une série où le Bonhomme Lass exprime différentes choses. J’ai d’abord fait des impressions sur papier photo, puis j’ai eu l’idée d’imprimer directement sur du métal afin que les parties métalliques de mes photos soient réellement en métal sur le tirage final.J’ai trouvé des plaques de récupération d’impressions off set en aluminium, que j’ai bien briquées puis j’ai fais tirer les clichés. Il y’a eu pas mal d’essais avant que je tombe sur la bonne matière.

Je fais pas ça pour vendre mais y’a une rentabilité minimum à atteindre pour se donner les moyens de continuer de travailler, et puis ça me fait plaisir de vendre. C’était dur de mettre un prix sur les oeuvres. Ce n’est pas seulement une photo que tu achètes, c’est le Bonhomme qui a été créé pour cette photo, l’investissement en temps , en énergie, les idées, le concept de l’animer, etc. C’était important qu’aux  expositions il y ai tous les supports : les sculptures et les photos papier et métal. Les meubles d’Ousmane Mbaye allaient parfaitement comme support pour les photos du Bonhomme Lass. Je connaissais son travail avant de connnaitre l’Artiste. Par la suite, je l’ai rencontré. Il m’a aidé sur certaines des finitions du Bonhomme Lass géant.

J’ai fais la biennale Dak’art 2014, dans le cadre du Off aux Mamelles, à NopoulouKay (https://www.facebook.com/nopouloukay.art) , puis l’exposition au Big Five. C’est des publics différents. Si jamais je devais refaire une exposition, j’aimerais bien toucher un nouveau public. »

 

 

Pourquoi n’exposerais tu pas dans la rue ?

« Parce que les impressions sont fragiles. (C’est souvent pendant la mise en place de l’exposition, que je me rend compte de la fragilité de mon support d’ailleurs. Rire.) En extérieur, ça va se dégrader assez vite, les plaques d’aluminium c’est plus fragile que le fil de Fer. Mais je réfléchis à cette problématique… Le gros Bonhomme va être en exterieur, parce qu’il prend trop de place et je ne vais pas lui faire une chambre (rires). Il doit étre en extérieur , il se dégradera mais c’est sa vocation. »

Y’a-t-il des gens qui sont une source d’inspiration pour toi?

« Comme je ne suis pas du milieu, je n’ai pas forcément de références. J’adore bricoler et mon père est bricoleur, il m’a appris les bases, du coup c’est plus les matières qui m’inspirent. Ici, on fait de la récupération et cela m’a inspiré. J’aime beaucoup le travail d’Ousmane Mbaye, la façon dont il travaille le métal. Ce qu’il fait, ce n’est pas que du design pour du design. Il ne créera pas une jolie chaise dans laquelle on est mal assis. »

 

 

As-tu une impression sur le Dakar Culture ?

« Par rapport aux autres pays que j’ai pu connaître, il y a ici énormément de choses qui se font dans le domaine de la culture et qui restent accessibles. Les gens se connaissent, ils sont preneurs, intéressés, ils viennent aux expositions. Et c’est à la portée de tous. Ca apporte pleins de choses. Pour quelqu’un qui n’est pas vraiment du milieu artistique, je trouve ça vraiment cool de pouvoir échanger facilement avec des artistes, reconnus ou non, internationaux ou locaux.  Ce n’est pas que du local aussi, y’a une certaine ouverture. C’est une des raisons pour lesquelles je reste ici. Y’a vraiment plein de choses qui se font. Je me plais ici et je sais que je m’ennuierai pas artistiquement pour le moment. Ca fait un peu bouillon de culture. Cette année, c’était la première biennale que j’ai faisais, mais dans le Off, c’était énorme, il y’avait plein d’exposants. »

 

As-tu un mot de la fin, une parole de sagesse?

«  De parler de tout ça, ça motive sur mes futurs projets. Y’a tellement de choses à faire. Le Sénégal m’a beaucoup inspiré ; j’aime le fait de travailler avec des artisans pour beaucoup de choses de la vie quotidienne : ça réinjecte une dimension créative dans des activités qui en Europe en sont maintenant dépourvues (en France en tous cas !) : faire faire ses fringues, des meubles en bois, en métal, des chaussures et des sacs en cuir… et puis ça fait travailler localement ; il y a encore tellement de savoirs faire artisanaux au Sénégal. C’est aussi une des raisons pour lesquelles j’aime la vie quotidienne dakaroise. C’est aussi un moyen de s’impliquer dans la vie locale. C’est une culture différente et c’est une super porte d’entrée. J’apprécie tout autant l’artisanat et l’art et j’aimerais vraiment allier les deux pour mes prochains projets. Je trouve génial que l’art et l’artisanat soient accessibles, qu’il y ait des expositions un peu partout, que les gens y soient sensibles. Ça donne envie de participer à l’effort de guerre. Je trouve ça chouette que ça soit encouragé ici. »

 

 

Bonhomme lass sur facebook : https://www.facebook.com/bonhommelassdakar

Sur tweeter c’est @bonhommelass , va falloir que je sois un peu plus active sur twitter là c’est pas la grande folie !!

 

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