R.Bidounga

Bidounga

J’ai fait la rencontre de R.Bidounga, à Ambre, la maison d’hôtes situé aux Almadies. Ambre accueillait alors l’exposition de l’artiste plasticien congolais et pour l’occasion l’espace avait organisé un petit vernissage. Je connaissais le travail du plasticien mais je n’avais pas eu la chance de le rencontrer et encore moins de l’interviewer. Je profitais donc de cette occasion pour remédier à çà en savoir plus de l’homme qui peignait ces femmes africaines généreuses et colorées.

 

 

 

Qui êtes-vous ?

« Je suis un artiste congolais, qui évolue au Sénégal depuis bientôt dix ans. Le Sénégal m’a toujours attiré. Déjà au Congo, je fréquentais des restaurants sénégalais et j’écoutais les albums de Youssou Ndour. J’étais alors animé par le désir de grandir en maturité en tant qu’artiste et j’étais convaincu que le Sénégal me permettrait ça. L’ambiance, la culture, les festivals, les galeries, les matériels peu couteux m’ont poussé à venir puis à m’installer.

Enfant, j’étais l’illustrateur du quartier, je dessinais tous le temps. Ne voyant pas d’avenir dans les études universitaires, je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelques chose de plus pratique. Un ami peintre m’a encouragé à me lancer dans la peinture. J’ai acheté du matériel et je me suis enfermé. J’ai commencé à produire, j’ai été très vite gagné par le virus. J’ai fait quelques toiles. Après en avoir fait une dizaine, mon père m’a demandé ce que j’allais faire avec ces toiles. Au début je voulais les donner à ces amis. Mais, il m’a dit non, tu dois les exposer et les vendre. J’ai donc exposé mes premières toiles à l’Ecole Française. C’est comme ça que ça à commencer. En un mois j’avais vendu les sept petites toiles que j’avais faites. »

 

 

Pourquoi peindre ces personnages ?

« C’est au Sénégal, que je me suis focalisé sur ces femmes. Dans mes peintures, je suis à cheval sur l’abstrait et le figuratif. J’appelle çà une peinture positive. J’ai observé les femmes sénégalaises et ces ainsi que j’ai choisi de les peindre. En Afrique, les femmes rondes sont belles et désirées. Dans mes tableaux, les femmes à fortes poitrines font échos à la maternité. Après la maternité, les femmes sont comme délaissées. A travers mes tableaux je dis à ces femmes, que même après la maternité, même après ce changement cette transformation, vous êtes belles. Mettez-vous en valeur. Quel que soit ce que vous êtes, soyez fière de ce que vous êtes, vous êtes unique. Il n’y aura jamais deux femmes pareilles. Vous êtes uniques, vous êtes une œuvre d’art… elle doit se considérer comme quelqu’un qu’on peut regarder, considérer et aimer. La femme africaine mérite des égards. »

Comment voyez-vous l’avenir ?

« Je suis témoin de mon époque. J’aimerais maintenir à travers ma peinture, l’ambiance des foyers culturels africains. Ils sont en train de disparaître au profit de la vie moderne. Ce phénomène met en péril notre culture. Mon objectif est de maintenir ce qu’on est en train de perdre. J’aimerais aussi que mes tableaux voyagent afin que les gens découvrent nos réalités. J’aimerais que ma peintre les aides à comprendre ce que nous sommes.

J’aimerais aussi ouvrir une école de peinture. Depuis le Congo, on avait une association pour aider les enfants de la rue. Les enfants venaient dans nos ateliers et apprenaient à peindre. J’aimerais donner aux enfants, la chance qu’on m’a donnée étant jeune et aider certains d’entre eux à se trouver. Aider les gens à travers la peinture. Comme dirait Picasso, dans chaque enfant, il y’a un artiste qui dort.

J’aimerais aussi peindre l’avenir. Ça c’est mon prochain projet. Peindre un avenir radieux, sans problèmes. J’aimerais apporter une lumière dans mes tableaux. L’avenir est prometteur. Il arrivera une époque où les gens pourront vivre en paix, et être tranquille. La peinture du futur.

J’aimerais revoir toutes les peintures que j’ai faite depuis 1997, voir comment j’ai évolué. »

Les visites commençaient , je clôturais l’interview en remerciant Bidounga pour cet échange.

Avant de m’en retourner dans la cour afin de finir ma visite.

 

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