Hot! Ulrich Lebeuf

Ulrich Lebeuf et Gawlab

J’ai rencontré Ulrich, un soir de concert aux Almadies. WAMusic se produisait alors au Kotton’s club. Ulrich, photographe était venu prendre quelques clichés de la soirée. Avant d’assister au spectacle, il m’expliquait la raison de sa venue au Sénégal, son projet de photos.  En résidence à Dakar pour quelques semaines, l’artiste prépare en effet une série sur Dakar de Nuit. Ce projet s’inscrit dans un projet plus global initié par Gawlab. Curieuse d’en savoir plus, je lui proposais une interview pour la plateforme culturelle Wakh’Art. Ainsi, quelques jours plus tard, un soir en début mars, je recevais à la Boite à Idée, Ulrich aux côtés de Sylviane Diop représentante de Gawlab et Papa Mamadou Camara, acteur culturel, et guide d’Ulrich durant cette résidence.

 

Ulrich-Lebeuf

 

 

« Je suis Ulrich Lebeuf, photographe, je suis assimilé à la photographie documentaire, puisque je travaille pour des magazines ou pour la presse. Dans le même temps, je développe des projets personnels qui ont vocations à être exposer en galerie ou dans des festivals où à être éditer. Là on est sur un projet personnel, sur une vision personnelle et subjective d’une errance dans les nuits dakaroises… »

Pourquoi ce sujet ?

« Le choix de ce sujet m’a été imposé. J’ai été invité par Gawlab pour travailler sur la nuit à Dakar, mais en me laissant une totale carte blanche dans mon approche et dans la vision que j’allais donner à ce travail. La nuit a été imposé parce qu’il y’a un autre photographe sénégalais, Boubacar Touré Mandémory qui lui travaille en France et photographie le jour… le projet présente des regards croisés. »

Qu’est-ce que Gawlab ?

Sylviane Diop : « C’est un collectif qui se constitue en 2004. Avant 2002, on ne parlait pas de numérique durant la biennale des Arts de Dakar. Alors que c’était évidant. On recevait déjà les candidatures par email. Après ce constat, j’ai proposé une capsule numérique au conseil  scientifique, qui m’a donné carte blanche. Avec Ousseynou Wade, le Secrétaire Générale de la Biennale et Karen Dermineur, fondatrice de Incident.net, plateforme de référence des Arts Numériques ; nous avons monté le Forum des Arts  Numériques. En 2004, on a donc créé le Dak’Art Lab au sein de la Biennale. Puis nous avons décidé de travailler différemment donc nous avons crée le collectif Gawlab. Un collectif complétement informel, qui travaille en fonction de ce qui se passe. Notre but est d’informer, de faire participer, de démontrer, qu’il y’a des outils à découvrir pour les artistes et en même temps nous faisons de la recherche. Nous étudions le comportement des artistes face à ces outils et par rapport à notre environnement. Gawlab est là pour réfléchir à des questions, proposer des choses, participer à des observations et trouver des solutions. Observer ce travail artistique, et s’interroger sur l’apport à la création.

La résidence d’Ulrich s’inscrit dans le cadre d’un travail qui va se dérouler sur trois ans.  C’est la première étape, c’est un projet qui s’appelle Imersion avec un « s ». On aura probablement une forte présence à la prochaine biennale 2016, et on déroulera le volet numéro deux en même temps… Mais en partant de ce regards croisés, on parle de vile, on est très intéressé par le développement de nos villes en Afrique, qui est complétement anarchique. On est très intéressé à observer ce développement et peut-être trouver des solutions pratiques. A faire que cette ville soit quand même respirable. Gawlab s’interroge : « comment à travers la culture, on peut apporter des solutions. » On parle donc bien de ville et des contrastes qu’il peut y avoir sur des idées reçus de l’Europe ou de l’Afrique. Contraste jour nuit, contraste sur les exodes rurales. On voulait comparer ces deux choses. Touré Mandémory quant à lui, fait un travail fantastique sur la ville de Rufisque. C’est pour ça qu’il a été choisi sur ce projet. Leurs regards se croisent. L’un travaillant à Panier de jour et l’autre à Dakar de nuit. Il va y avoir un rendu en France en été à Panier. Et ensuite en décembre, ils se retrouveront à Dakar et présenteront leurs travails. Il y’aura une restitution…

 

Dakar-nuit-UL-Myop-1003987

 

Ulrich : «  Je n’étais pas au courant de tout ça. Rire. Mais c’est ce qui m’a donné une grande liberté. C’est drôle parce que je connais Panier, c’est un endroit un peu perdu, à quelques kilomètres d’une grande ville qu’est Toulouse. Et quand je regarde les photos de Mandémory, il y’a toujours du monde, du mouvement dans toutes ces images. Ce qui est étonnant, pour ma part, c’est que Dakar qui est une ville qui grouille, même la nuit. Dans mes images, il y’a très peu de monde, très souvent une personne isolée dans l’image. Mais je ne suis pas là pour faire un reportage, c’est une vrai carte blanche… je photographie Dakar comme si je photographiai Moscou ou New York. L’œil est le même. Comme quoi l’approche personnelle d’un auteur est une vision très subjective des choses. Ce que j’aime dans cette résidence c’est ça. Y’a une vrai carte blanche, c’est un vrai soutient à la création. C’est géniale de pouvoir dire à un photographe vas-y, raconte-moi une histoire sur cette ville dans laquelle je t’amène. »

Tu me disais avoir envie d’exposer ces clichés dans des endroits où toute la société sénégalaise pourrait voir ce travail.

Ulrich : «  Oui, je fais un travail sur Dakar, je le fais pour les sénégalais. D’ailleurs je travaille avec Young Noble, Papa Mamadou Camara. Et puis pour moi c’est important que ces images que je fais dans la rue ici, retrouvent leurs places initiales. J’ai envie que ce soit une vrai exposition, j’attache de l’importance à la scénographie. On peut imaginer plein de choses. Et j’ai croisé une partie d’une scène artistique à Dakar, des artistes, dans l’écriture, la music, le graphisme, ce serait intéressant de les convier à çà, qu’il y’est une discussion. C’est un rendez-vous. C’est une exposition photo, mais il peut s’y passer autre chose. Tous çà peut trouver sa place. »

 

Dakar-nuit-UL-Myop-1004265

 

C’est ton premier voyage en Afrique ?

« Je suis venu plusieurs fois en Afrique, envoyé par des magazines pour un sujet etc… ; mais là on parle vraiment d’une errance photographique. Je sors la nuit, je ne sais pas où je vais, je ne sais pas ce qu’il va se passer et je ne sais pas véritablement ce que je cherche. Quand ça s’impose à moi, quand la scène se met devant moi, je sais que c’est ce que je cherchais tout compte fait. J’étais venu à Dakar, il y’a 18 ans de çà. La ville a beaucoup changé. Mais c’était marrant de découvrir Dakar. C’est vraiment une immersion. C’est un peu compliqué pour moi de donner mes impressions sur tout ça. Parce que je suis complétement dedans encore. Même si je regarde et j’en sélectionne quelques-unes. J’ai besoin d’un peu de recul pour analyser tout ça. C’est une véritable immersion, une introspective. Le voyage est au-delà du faite de voyager en Afrique, à Dakar au Sénégal. Il  y’a une partie de quête personnel, avec une vision qui sera certainement critiquable et j’ai aucune vérité à donner. C’est un travail basé sur le ressenti… »

 

Dakar-nuit-UL-Myop-1003620

 

Quels sont tes paires ?

« Mes références varient mais en tous cas, ça fait 25 ans que je fais de la photographie. Donc mes références du début ne sont pas forcément les mêmes aujourd’hui.

Stephen Shore est un photographe américain. Il est célèbre pour avoir participé à la reconnaissance de la photographie couleur comme art à part entière, à une époque où le noir et blanc était prédominant. Philip-Lorca DiCorcia est un photographe américain, né en 1951 à Hartford dans le Connecticut. Il vit et travaille à New York…William Eggleston est un photographe américain. Il a contribué à faire entrer la photographie en couleur dans le monde de l’art. Edward Hopper, né le 22 juillet 1882 à Nyack dans l’État de New York et mort le 15 mai 1967 à New York, est un peintre et graveur américain. John Coltrane est un saxophoniste de jazz, compositeur et chef de formation américain, né à Hamlet en Caroline du Nord le 23 septembre 1926 et mort à Long Island, État de New York, le 17 juillet 1967.The Roots est un groupe américain de rap, influencé par d’autres genres musicaux tels que le jazz, le funk, la soul et fondé à Philadelphie en 1987 par Black Thought et Questlove. »

 

Que va devenir ce projet après Dakar ?

« Ce travail va exister sous forme d’expositions, et va aller ailleurs et tourner. Et en même temps, j’ai quelques monographies qui sortent au mois d’octobre. Du coup je me disais, qu’il y’aurait un livre à faire avec ça ; une histoire à raconter. Un livre avec une ou des nouvelles… cette même errance mais raconter par un autre auteur… »

 

Dakar-nuit-UL-Myop-1004122

 

Quelques mots avant de conclure ?

 

Sylviane Diop : « Il faut favoriser ces échanges. Parce que l’énergie est là, l’envie est là. Il suffit d’émettre une impulsion. »

Ulrich : « La photographie sénégalaise est remise au-devant de la scène, grâce notamment au travail d’Omar Viktor Diop, que j’aime beaucoup. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas son approche. Il met au-devant de la scène la photographie sénégalaise, donc il y’a une brèche. C’est le moment de se rassembler entre photographes, c’est le moment d’avancer et de construire. Je serais très heureux de çà. »

 

N/B :

« Je suis le directeur artistique du festival MAP à Toulouse, avec un appel à auteur pour les jeunes talents !!! Une expo et une bourse de 5000 Eur cette année sur « Le portrait ». »

http://www.map-photo.fr/appel-auteur-photo-2015/

http://www.map-photo.fr

Le site de la résidence avec le regard des deux photographes :
http://gawlab.net/immersions/

La page FB de la résidence de Touré Mandémory à Pamiers/Jour
https://www.facebook.com/events/1399396677035066/
La page FB de la résidence d’Ulrich Lebeuf à Dakar / Nuit
https://www.facebook.com/events/286185348171855/

 

Dakar-nuit-UL-Myop-1003818

 

Ou le retrouver :

Mon site: www.ulrichlebeuf.com

Agence :  www.myop.fr

Mon dernier gros boulot: http://www.mediapart.fr/portfolios/la-vallee-des-oublies

Portfolio magazine Vogue: http://www.vogue.fr/photo/le-portfolio-de/diaporama/le-road-trip-silencieux-dulrich-lebeuf/9218

 

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *