Hot! Féfé

Féfé

J’ai rencontré Féfé durant le Festival Voyage sur le Fleuve Sénégal. Féfé était l’une des têtes d’affiche de cette troisième édition de l’évènement initié par Claire Kane. Après trois jours passés ensemble à Saint-Louis, je me rendais compte de la générosité et de la gentillesse de cet artiste de classe  internationale. C’était drôle de le revoir dans ce contexte. Mon dernier souvenir de lui, avait été le fameux concert à Dakar, de son ancien groupe Sain Supa Crew, il y’a bien dix ans de ça.  Notre cher, Djibril Anton, qui faisait la route avec Féfé, se proposait de faire son interview sur le chemin du retour vers Dakar. Voici leurs échanges.

 

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Sur la route, départ de Saint-Louis

Djib : « tes impressions en live man, on est sur la route, on part de Saint-Louis, on va à Dakar. Je te passe le fil. »

Féfé : «  Mes impressions ? Je ne sais même pas quoi dire. J’ai passé un super moment, j’ai fait de super rencontre. Je ne m’attendais pas à ça. Je suis époustouflé, je ne penserais plus au Sénégal de la même manière. Avant je pensais Dakar, bruit, Paris au Soleil tu vois… Mais là, je pense Saint-Louis. »

Djib : « Quel était ton premier nom ? C’était quoi tes débuts, tes galères et la fusion avec le groupe ? »

Féfé : «  mon premier nom, c’était Sam le Pirate, ne me demande pas pourquoi, c’était horrible ! Mais ça m’allait bien, mon nom c’est Samuel et je ne sais pas, le pirate voilà…Mes débuts, j’avais des potes qui étaient Dj et j’avais monté un petit Crew dans ma ville à Noisy le Sec. C’était à l’époque où le rap ce n’était pas à la mode. Un Crew qui s’appelait Haut et Fixe, on était une trentaine. Des potes Dj’s qui étaient dans ce groupe, me disaient ; « Viens avec nous, t’es fou, tu as une bonne voie, viens avec nous dans les soirées, les après-midi qu’on fait, parce qu’il faut que tu sois Mc ! Que tu chauffes les gens. » J’ai commencé comme ça, à tenir les gens en soirée. La première fois que j’ai tenu le micro. 1..1.. c’est parti en vrille comme ça… j’ai fait mes armes comme ça.

De Sam le pirate c’est passé à Sam le phénix. Parce que j’avais une vieille passion pour les Chevaliers du Zodiaques et j’aimais bien le personnage de IKI, qui représentait le chevalier du phénix. Il avait l’air d’un méchant, il était dur mais au fond il était gentil. Il ne se livrait pas tout de suite. Mon nom commençait à circuler dans Paris, en tant que MC, je commençais à gagner de l’argent. J’en ai profité, j’ai bien rigolé et puis j’ai arrêté les soirées.

 

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Mon crew ne pouvait pas répéter, je cherchais un endroit pour qu’on puisse répéter. On voulait ne pas nous laisser d’endroit. Le rap n’était pas à la mode. J’avais réussis à convaincre le curé de répéter dans son église, le dimanche après-midi après la messe. On a pu répéter, ça se passait bien, mais les gars n’étaient pas sérieux. Je me retrouvais tous seul puis je me suis associé avec un gars d’une cité ; «  Les Bosquets » à Montfermeil. J’ai vu un mec jeter son frigo de son dizaine étage. On a monté le crew OFX. Dj Fun qui m’accompagne aujourd’hui. Je l’avais rencontré il y’a longtemps. Il m’avait enregistré ma première mixtape. Un jour, je le revois, il nous invite à son studio pour poser. C’était à 5 à Francs de l’heure, tu pouvais faire ta maquette en une heure. Il nous a produit notre maxi, puis on l’a masterisé à Londres.

A ce moment-là je m’appelais Phénix. On a fait cet Ep qui s’appelait, Je n’ose y croire. Par-là suite, on se retrouve sur une compile où y’avait plein de groupe différent. Dj Fun nous fait écouter un groupe qui s’appelle Explicite Samourai, la claque de ma vie. J’écoute l’album, il y’a des flows de dingue, des textes de fou. Dj fun nous présente aux gars. La rencontre match ! Avec Leroy, on se dit faut qu’on monte un crew de ouf. Sur cette même compile, Dj Fun me fait écouter un mec qui scratch comme un fou, avec sa bouche. Et ce mec-là, Leroy le connaissait. « Il s’appelle Sly c’est un ouf ! » Leroy me dit qu’il a un pote qui pourrait aussi nous rejoindre, un chanteur de reggae. Ensuite, j’ai ramené Vislow. Et là le sain est né ! On était sept. »

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Djib : « Je crois qu’y hier soir, tu as rencontré un personnage du groupe mythique Alien Zik, Rex T ?

Féfé : «  j’ai rencontré ma compétition. J‘ai vu quelqu’un venir de très humble, quelqu’un qui connait par cœur ce que je fais, quelqu’un qui me comprenne ça fait du bien. Et euh, c’est un mec qui m’a impressionné. Je lui ai donné des tuyaux mais j’ai vu qu’il savait déjà. On a échangé les emails c’est certain qu’on va faire quelque chose ensemble. C’est un artiste à suivre, je vais renseigner sur son crew… Tu m’en avais à parler à l’aller et là c’est moi qui t’en parle au retour. »

 

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A Tivaouane

Djib : « Féfé, on est à Tivawane, c’est une ville sainte, donc j’ai envie de te demander, Quels sont tes saints ? »

Féfé : «  et Ben disons que mon Saint, devrait être Jésus, si je suis un peu ce que m’ont inculqué mes parent. Mais disons que je suis encore en train de les chercher, je n’ai pas trouvé les réponses dans les religions que j’ai étudié. Je trouve qu’il y’a de belles choses, des choses que je trouve admirable mais bon… Je ne suis pas satisfait de ce qu’on m’a inculqué, ça ne me suffit pas. Plus ça va, plus je me retrouve dans certaines religions animistes africaines. Plus ça va, plus j’ai l’impression que c’est ça qui me touche, c’est ça qui me parle, ça qui est plus naturel. Je crois en la Terre, le respect de l’eau de l’air… Je suis très spirituel mais pas hyper religieux. »

Sur la route de Dakar.

Djib : «Avec ton Crew, ça fait dix ans que vous vous êtes séparé et qu’ensuite tu as démarré ta carrière solo. Comment ça s’est passé ? Ou tu es en aujourd’hui ? »

Féfé : « Le groupe s’est arrêté et moi aussi, parce que j’avais aucune vision de moi en solo. Vers la fin, j’avais rencontré Patrice, qui était avec sa guitare. A la fin de la session de travail, comme je pausais beaucoup de question, il m’a dit : « tiens, je te montre trois accords et la prochaine fois qu’on se voit, tu me fais une chanson. » Il m’a mis en galère. Je n’aime pas qu’on me mette la pression comme ça. Ensuite, le groupe s’est arrêté et j’ai déprimé pendant deux ans, trois ans. Durant ce moment-là, j’ai appris à jouer. Je reproduisais tous ce que mes parents m’avaient fait écouter plus jeune. J’ai découvert petit à petit qu’une bonne chanson, c’est une guitare voix… j’ai donc commencé à écrire des chansons comme ça et au bout d’un moment je me suis retrouvé avec un album.

 

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J’avais peur, je me suis posé des questions. Est-ce que je tournais le dos au hiphop ? En fait, pour moi la boucle était bouclée. Je crée mes samples, mes chansons. Aujourd’hui, je suis arrivé à un état d’équilibre où je ne me prends plus la tête, à savoir si je rap ou je chante. Je m’en fou, je fais quoi ! Là je suis sur mon troisième album. Ce n’est pas l’album de la maturité comme ils aiment le dire mais c’est l’album mauve. Un jour je me suis faite une réflexion dans une rue de Salvador de Baya au Brésil. «  Il n’y’a pas de vie en rose, elle est aussi douce qu’une vie pleine de bleu, donc pour moi elle est mauve. » Et c’est vraiment l’état d’équilibre où je suis… Je n’ai plus rien à prouver. J’ai fait le deuil de certaines choses. Maintenant je fais sans me poser des questions.

Quand on m’a signé, je savais quel était mon premier album, je ne savais pas quel serait le second mais je savais que le troisième serait africain. Je voulais aller sur la trace des Yorubas. Je suis allé au Brésil, à Cuba et au Nigéria. J’y étais avec un regard occidental, et le Nigéria m’a foutu une gifle. Ils sont tellement plus loin que nous en Europe ! Ils sont tellement dans le futur. Je me suis dit, faut que j’aille dans le futur aussi. A ma manière bien sûre. Ce troisième album, c’est donc un album africain au sens d’être décomplexé. C’est difficile d’en parler parce que je suis à la moitié, il n’est pas encore finit. J’aimerais le sortir en 2016. C’est le premier album que je produis moi-même. Les maisons de disque sont trop lentes et changeantes. Je préfère le produire moi-même avec mes moyens et passer le plat correctement. »

 

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Arrivée à Dakar

Djib : « Féfé, Une phrase, un slogan, comme tu veux… »

Féfé : «  euh, on m’a dit une phrase qui veut tout dire et rien dire, qui n’a rien à voir avec ce qu’on a vécu ici mais que j’aime bien. C’est dans la maison du pendu, il ne faut pas parler de corde ! »

Djib : « Féfé merci beaucoup à bientôt pour un concert à Dakar. »

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