Hot! Rex T – African Style

Rex T – African Style

J’ai rencontré Rex T, il y’a quelques années de çà, au Dadjé, un bar situé rue Jules Ferry, qui proposé à cette époque, une programmation éclectique chaque vendredi. Rex avait joué quelques titres et cet artiste m’avait immédiatement marqué, non à cause de sa carrure impressionnante, mais à cause de cette voix hors normes. L’artiste avait durant les quelques minutes de show, joué des morceaux, allant du Hiphop, à la Folk, au Rock et tout çà avec un push et une essence déconcertante. Jamais, nous n’avions eu l’occasion d’échanger. Aujourd’hui, dans le contexte de la sortie de son premier album solo, AfricanStyle, Rex me retrouve à la Boite à Idée, pour une interview Wakh’Art. Enfin… !

 

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RexT – Introduction à la musique.

«  Je me définis comme un quelqu’un de simple. Avant d’être un artiste je suis un mélomane. Ca fait des années que je vis la musique. Mon père lui-même était un mélomane. On avait un tourne-disque à la maison et on écoutait Jimmy Hendrix, Otis Redding, James Brown. J’ai grandi à la Médina. Mon père était président d’un ASC. Chaque samedi, on organisait des soirées dans les maisons, on dansait, on écoutait du son. J’ai grandi avec ça.

Par la suite, j’ai découvert d‘autres choses, Elton John, Céline Dion, Coldplay. J’ai écouté ce genre de musique avant d’adhérer au Rap en 1997. J’écoutais du Rap français, Afro Jazz, NTM, Arsenik. J’aimais les styles de Rap où il y avait du flow et de la technique. Le premier album d’Arsenik « Quelques gouttes suffisent » et celui de Wu Tang m’ont donné envie de faire du rap. A cette époque à P-A (Parcelles Assainies) avec Baryo (du Collectif Alien Zik), on buvait du thé et on écoutait du rap. Un jour on s’est dit, « pourquoi ne pas en faire ? ».   Je prenais le car jusqu’à Médina, pour acheter des cassettes chromés à Dj Mahtar (R.I.P). Il avait les derniers sons, les nouveautés et je lui achetais des instrumentaux. On avait envie de faire du son, donc on se donnait les moyens. On allait aussi voir des concerts et des spectacles. On comparait ce qu’on faisait avec ce qui existait, et on voyait nos faiblesses. En 1998, on a commencé a enregistré au Laser Système, peu de temps après, on a formé Escadron 113 avec Baryo et deux autres gars, qui par la suite sont partis. C’est comme ça que ça a commencé ! »

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RexT – AlienZik

« P-A a toujours été connu comme un secteur rempli de putain d’Mc’s. Il y’avait Underground PA, Soul Souli, KunguFuné et plein d’autres groupe. Quand on parlait de Rap, de flow, de style et de technique c’était un artiste de P-A. On a formé le ZooSquad, un collectif qui réunissait 17 personnes … Escadron 113, Soul Souli, Diabolo, Never Mind, etc. Les années sont passées, certains ont lâché, d’autres ont voyagé. Le collectif s’est réduit. Un jour l’un de nos amis, a investi 2Millions de Fcfa. A ce moment-là, on s’est dit ok, là, il faut qu’on fasse un truc sérieux. En 2003, avec cette somme on a donc monté un studio, qu’on a appelé Alien Zik Studio. Plus tard, on a décidé de reprendre ce nom pour créer Alien Zik. On s’est dit qu’on allait mettre en avant ce groupe, pour ensuite présenter les artistes de façon individuelle. »
Vidéo – On ne nous déshonore pas.

RexT – Artiste Solo

« J’ai toujours eu plein de choses dans la tête, des « vibes » différentes. Au studio, il y avait un planning de travail. Chacun avait son jour. Les mardis c’était Nevermind ; les mercredis Alien Zik, les jeudis c’était Diabolo, vendredi c’était Diksa, les samedis c’était Escadron 113. Quand je commençais à enregistrer les gens quittaient le studio. J’avais trop de « vibes », ce n’était pas évidant de se limiter au rap. Je scratchais, je faisais du rock, de l’acoustique. Il fallait que je fasse un projet un solo, parce que je savais qu’Alien Zik ne se retrouverait pas dans mes délires. Dans mon premier album Africain Style, j’ai développé une partie de ce que je suis. C’est un concept bien définis, je n’ai pas encore exposé mes côtés rock, où folk. Il y’a d’autres choses qui vont sortir après africain style.

J’ai toujours voulu faire quelque chose de différents, apporter un truc nouveau. Mon but était de faire ça bien. On a tant de valeurs, tant de chose de notre culture que l’on peut exploiter. Par contre, il faut faire ces mélanges de façons précises. Je remercie d’ailleurs Diksa et Sidy de 2bedaxéMusik, ainsi que tous les autres producteurs qui ont participé. C’était un défi, et je pense qu’on l’a réussi. On a réussi à apporter une touche africaine et des mélodies à mon rap.

Au Sénégal, quand tu fais quelque chose de créatif, on te dit ici tu es un américain ou un étranger. En sortant Africain Style, j’ai voulu montrer autre chose de faire. Le talent c’est le talent, qu’’il soit africain ou américain. Il suffit de bosser et que ça soit créatif et artistique.

J’ai envie de présenter cet album avec un band, parce que le projet a été fait avec des arrangements et une ouverture musicale. Bien vrai que je sois un rappeur, j’aimerais que ma musique soit ouverte et apprécié par des gens de ma génération. Maintenant, j’espère trouver un band et un groupe de danse. J’aimerais proposer un spectacle Son et Lumière. J’aimerais que le public voie de l’ambiance, les vibes, les couleurs de l’album. J’espère pouvoir bosser et avoir un lieu où l’on puisse répéter avec le band. Je veux présenter ce spectacle ici et ailleurs à un publique qui aime la musique. »

 

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RexT – Le milieu musical au Sénégal.

« La musique ne doit pas être facile. Il faut la travailler, faire des recherches, créer et réinventer. Ici, il y’a 80 % de merde qui passe à la radio. Chaque fois je me chamaille avec les Dj. Ils ne comprennent pas. Quand on met un S’killaz ou un Rex, c’est forcément différent. Et c’est pour cette recherche et cette différence que l’on va nous apprécier. Comment un animateur peut se présenter comme un tel alors qu’il n’y connait rien ? Il ne sait pas de quoi, il parle, il ne connait rien à la musique et malheureusement c’est eux qui contrôlent les médias et donc prennent en otage l’industrie.

Ici on ne favorise pas les gens qui font des bonnes choses. Ce qui te fait avancer c’est que tu sois le frère à quelqu’un. Sinon, s’ils ne peuvent rien te soutirer, ils ne te passeront pas. C’est la même chose pour les concerts où les festivals. Ils passent des artistes qui ont sortis que des maquettes. Ils programment des gens qui leurs couteront pas chère et qui n’ont aucuns talents. Quand tu vas vers les sponsors, si tu n’es pas soutenu par les vieux ont te supprime. Il faudrait qu’ils laissent la place aux nouveaux, aux jeunes talents. Pourquoi sponsoriser quelqu’un qui a déjà beaucoup d’argent et qui ne propose rien. En plus les médias, et les animateurs n’arrangent rien, ils nous prennent pour des cons et nous empêchent de construire. On est plus des enfants, on a des familles, on paye nos factures… ils seraient temps qu’on nous respecte. »

 

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Rex T – ce que j’écoute en ce moment.

Nickelback, Coldplay, Horseshoe Gang, Tech N9ne,T-Rex .

(Rire) « Oui, il faut que j’apprenne mes textes et la musique c’est des « vibes », il faut s’en imprégner et voyager. »

Rex T – dans dix ans.

«  Dans une grande maison de disque, est ce que ce ne serait pas la mienne. Rire. C’est dieu qui décide, mais j’espère que la voie que je suis en train de prendre sera la bonne et qu’elle payera, c’est ce que je souhaite et souhaite aux autres artistes qui sont dans le même cas. Inch’Allah, dina bakh. »

Soundcloud

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