Bernard Diarra

Qui est tu ?

 

« Ce serait dur de scinder vu que ma personnalité et mon profil artistique sont très étroitement liés » Bernard aka Ben est un jeune Franco Sénégalais ayant passé toute sa vie au Sénégal. Bernard vit aujourd’hui en France pour poursuivre ses études. « L’homme en lui-même, quoique très profondément humaniste, est un ramassis d’expériences accumulées de ça et là. L’artiste quant à lui se passionne pour tout ce qui touche au domaine de l’art dans toute sa diversité et vu sous tous les points de vue. »

 

Comment tu définis tu ?

« Je me définirais comme quelqu’un qui sans cesse remet en question tout ce qui gravite autour de son environnement immédiat. Je m’interroge tout en mêlant subjectivité et regard critique dans ma vie quotidienne. « Bern’Art » quant à lui est beaucoup plus sérieux dans son optique, plus pointilleux dans son travail et surtout se définirait comme celui qui cherche, crée et varie plaisir et émotions diverses tout en étant très désireux de les partager avec son entourage. »

 

Comment as-tu rencontré la Photographie ?

 

« Alors la photo et moi c’est une sacrée vieille histoire… Déjà petit je m’amusais avec les vieilleries de mon père sans trop savoir comment les faire fonctionner mais déjà tout le monde se demandait pourquoi j’avais tout le temps l’œil vissé derrière un objectif ou la tête à l’intérieur d’un caisson pour enceintes acoustiques. Et puis un jour j’ai décidé de m’y mettre sérieusement car je voyais dans la nature des choses qui m’émerveillaient et me laissaient rêveur. Mon père lui aussi très pixelliste dans l’âme s’est payé un appareil reflex et quelques mois après c’est moi qui en exploitais tout le potentiel. C’était entrain de devenir pour moi une porte de sortie, une échappatoire, un moyen d’extérioriser ce que je ressentais. C’est comme ça que je suis devenu photographe. »

Pourquoi la photo?

 

« Honnêtement je l’ignore. Au début rien ne me prédestinait à devenir Photographe, je suis tombé dedans totalement par hasard (bien que parfois le hasard peut emprunter le sillage ou se confondre à la destinée de tout homme). J’ai trouvé à travers l’expression visuelle le moyen qu’il me fallait pour exister artistiquement, montrer au monde ma vision des choses, partager ma philosophie de la vie. Ayant étudié la musique pendant six années au conservatoire national étant plus jeune, je me surprends encore quand je retrouve mes amis au club de jazz et qu’on échange sur des rythmiques et autres sonorités musicales. Ils disent  tous que j’ai un talent révélé et des opportunités réelles dans ce domaine. Hélas la plupart du temps cela finit en désaccords aussi bien musicaux que vocaux quand je leur dis que je n’y ai aucune ambition particulière… (Rires) Ne dit on pas que les voies de l’art sont impénétrables…? »

 

Parle-moi un peu de ton travail…

 

« Concernant mon travail, je suis autodidacte. J’ai appris dans la rue et sur le tas, au bout de longues heures de marche dans la nuit et souvent le froid, m’essayant à plusieurs sortes de paramètres des plus simples aux plus pointus afin d’améliorer la qualité de mes images en fonction des différentes situations auxquelles j’ai été exposé. Ma spécialité c’est la photo de nuit ou encore les de prises en conditions de faible luminosité. Je trouve cela très intéressant parce que la nuit est un moment qui m’inspire particulièrement car elle est mystérieuse et permet de mettre le point sur tout un tas de choses que l’on ne verrait pas forcement en plein jour… De plus j’avouerais que les clichés pris dans la pénombre me semblent beaucoup plus intéressant tant artistiquement que techniquement. »

 

« Je le disais tantôt je suis quelqu’un qui aime bien partager et dans cette optique, j’échange aussi énormément dans mon travail avec de nombreux autres artistes venus d’horizons divers, graffeurs, musiciens, slammeurs… Comme je le disais précédemment je suis un grand passionné d’art et je n’hésite pas à collaborer pour favoriser l’échange et l’interaction. Il faut savoir s’ouvrir à autrui, donner et recevoir en échange car c’est cela en réalité qui valorise les potentialités, le savoir-faire et le savoir-voir de tout un chacun. Rien ne sert de tirer la corde de son coté ; pour moi l’art c’est avant tout un langage universel parlé et compris de tous… »

Je suis complétement d’accord avec toi, et les choses seraient tellement plus simples, si le nombre pouvait voir les choses comme toi.

 

Et que penses-tu de la France ? Être étudiant en France ?

Selon moi, étudier en France est une belle opportunité pour quiconque voudrait poursuivre ses études. La qualité de l’enseignement y est bonne malgré la cherté et le cout de la vie et cela constitue également une bonne expérience qui aide à élargir sa vision des choses et comprendre certaines réalités socio culturelles qui sont vécues ailleurs. Me concernant, cela m’a vraiment permis de m’ouvrir à d’autres sensibilités. Etant très attaché à mon Sénégal natal, j’avoue que la rupture a été brutale mais au bout d’un certain temps on s’y fait. Tout est froid  et gris ici, le climat est froid, les poignées de main sont froides… mêmes couleurs sont  froides. J’ai compris pour la première fois à quel point le climat ambiant pouvait influer sur les images. Des fois je me dis que je prendrais des photos et les traiterais en noir et blanc qu’on n’y verrait presque aucune différence!

Comptes-tu vivres de ton art ou n’est-ce qu’une passion. ?

Je pense que c’est très dur (et je pense les autres photographes professionnels seront d’accord avec moi) de vivre de son art et surtout quand on est photographe. Pour voir son business réellement marcher, il faut  avoir un nom et une renommée certaine dans le milieu. Seul le travail paie. Plus tard j’ai comme ambition moi aussi de monter ma propre boîte et me tailler ma part de ce gâteau qui m’a l’air accessible mais bon, seul Dieu sait ce qu’il en adviendra. Ce dont je suis sûr c’est que je ferai de mon mieux pour exercer une profession qui se rapproche le plus possible du domaine de l’image, cela est devenu bien plus qu’une passion.