Hot! Takeifa

Takeifa

 

 

Je connaissais mal le travail de Jac et les Takeifa. Mais il y’a quelques semaines j’assiste à un de leur concert au Red Bowl. Je suis immédiatement frappée par l’énergie que cette fratrie dégage. Le style est peu conventionnel et la mélodie quelques peu inhabituel pour ce qui se joue ici au Sénégal.

Leur présence scénique est indescriptible. On est là sans savoir à quoi s’attendre, et booom : et une explosion d’émotion. !!


Aujourd’hui, je les retrouve au Just 4 U en fin d’après-midi avant le début de la balance. En effet, les Takeifas se produisent ce soir.  Maah Keita, bassiste et vocale du groupe et son frère jac Keita le laideur de Takeifa s’installent à mes côtés et nous débutons l’interview.

Les Takeifa

Le groupe se compose d’une fratrie de 5 frères et sœurs. Nous avons Jac Keita le laideur, Maah Keita à la basse, Cheikh Tidiane Keita soliste et peintre, Ibrahima Keita batteur, et Fallou Keita rappeur.

Takeifa signifie la famille Keita.

Le groupe existe depuis 2000. Il leur faut 4 ans de préparation, de travail sur eux-mêmes ; pour monter sur scène et présenter cette musique qu’on apprécie aujourd’hui. «  Ça nous a permis de grandir, d’apprendre beaucoup de choses sur le métier et surtout d’apprendre à travailler ensemble. » la fratrie avait un rêve et elle a travaillé dure pour en arriver là où elle est aujourd’hui.

Leur premier album, Diaspora, est sorti en Juillet 2008. Aujourd’hui, il prépare leur 2ieme Album, la sortie étant prévue pour Avril 2012. Le groupe a choisi d’attendre la fin de la période des élections présidentielles et le retour au calme.  Une tournée  aura lieu. Le groupe se produira à l’institut français de Dakar puis dans la sous-région… Tout ceci demande du temps en organisation et préparation. Les Takeifa veulent donner le meilleur d’eux même. « On ne voulait pas sortir l’album sans qu’il y est tous ce qu’il faut dedans. »

Le dernier album sera focalisé sur la Liberté et tous ce qu’elle implique. Un morceau passe déjà sur les ondes : « Get free ». Jac souligne : « on est des jeunes sénégalais et on n’a pas envie de rester Ignorants. On est artiste, on prend donc nos responsabilités. » Les Takeifa ne se voient pas comme une bande de révolutionnaire. Mais ils sont engagés. Je le ressens bien à travers leurs discours et d’autres morceaux tels que « i have a dream » ou «  no stress ».

L’enjeu est la conscientisation de la masse. Jac parle aussi d’immigration et de voyage. D’une liberté de déplacement, d’apprentissage. Les sénégalais ne veulent plus immigrer juste pour immigrer. Ils ont un désir : découvrir le monde qui les entoure et nourrir leurs esprits et travailler. Leur dernier album est un point de vue. C’est leurs façons de voir les choses.


Les Takeifa travaillent beaucoup avec la France mais aussi l’Espagne. Leur manager est espagnol. Ils ont participés à de nombreux concerts. Ils ont partagés des scènes avec de grands noms de la chanson espagnole. Cependant, Jac déplore que ces pays étrangers aient remarqués leur talent avant le Sénégal. Maah Keita me parle plus en détail de la politique culturel. Le groupe aimerait que le ministère de la culture s’ouvre aux autres styles musicaux sénégalais. Et qu’il soutienne vraiment ses artistes. Car comme tout le monde le sait, le développement d’un pays passe par la culture. Malheureusement le constat est affligeant. Il n’y a de business de la music au Sénégal. Peu de producteur, pas de maison de disque. Les festivals sont rares. Et les concerts sont peu lucratifs.

(Et c’est pourquoi, La question d’une politique culturelle efficace se pause ou du moins revient à chaque fois dans mes différents échanges avec les artistes… quel que soit l’art concerné c’est toujours la même galère. Comment les artistes sénégalais font-ils pour s’en sortir? Comment font-ils pour vivre de leur art, de ce travail qu’ils ont choisis. La réussite actuellement c’est de viser l’extérieur. Et je déplore cela, parce qu’encore une fois nos trésors profites à l’extérieur.)

De quoi ont besoins les musiciens aujourd’hui ?

D’espace qui leurs soient propres. De salles de répétitions disponibles à bas prix, de matérielles qualités, de soutiens financiers. Les musiciens sont des ambassadeurs de leurs pays, ils partagent avec le monde la culture de ce pays. Il parait normale que l’état encourage ces artistes.

Jac notifie bien que malgré tout le Sénégal c’est chez lui. Et que le groupe n’est jamais resté plus de 4 mois hors du sol Sénégalais. Ils n’oublient pas d’où ils viennent… « On ne peut pas tous faire la même chose. On voulait faire autre chose que du mbalakh et du hip hop. » Jac ne dénigre pas pour autant le mbalakh ou le hip hop. Il a été rappeur pendant 10 ans. Il respecte et aime beaucoup le rap.

J’apprécie leur music pour cela, ils ont osés se différencier et s’affirmer dans un autre style. C’est un risque, mais un risque gagnant vu le succès de leur dernier album.


Je respecte aussi beaucoup leur travail, car les Takeifa sont autodidactes. Ils ont appris leur art seul, ou du moins ensemble. Maman Keita m’explique qu’ils ont commencés avec des cahiers et des livres sur la musique. Puis Ils ont côtoyés les grands musiciens de ce pays et appris à travers eux. Et plus tard, durant leur voyage, ils ont appris à côtés de musiciens étrangers. Et c’est ce qui fait la richesse de leur music : la diversité. Toutes ces influences se ressentent dans leurs albums.

« En Afrique on joue beaucoup avec l’oreille musicale. Mais on a dû apprendre les bases de la musique, notamment le solfège, car pour apprendre et se comprendre à travers le monde, il faut maitriser le langage universel de la musique. »

La discussion se poursuit et le groupe me parle du milieu de la music sénégalaise. Contrairement à ce que l’on pense, ce n’est pas un milieu aussi fraternel et convivial qu’on peut le croire. L’esprit de la Terranga  n’est pas là. Chacun lutte pour son bout de pain. Jac m’explique que ça a été difficile de se faire une place dans ce milieu. Peu partage réellement. Il déplore cela. Même si on peut comprendre, que la vie d’artiste au Sénégal est difficile. Cependant c’est l’unité, l’union qui permet d’avancer. Les Takeifa partagent souvent leur scène avec d’autres artistes. Il y’a quelques semaines, ils ont invités un slammeur, Minuss, membre du collectif Vendredi Slam. «  C’était incroyable ! » Jac prône l’ouverture.


Pour finir, Maah Keita me parle de la cause albinos. En tant qu’albinos et artiste Maman Keita est une ambassadrice de la cause albinos. Il n’est pas normale qu’aujourd’hui encore ils soient victimes de stigmatisation, voir massacrer les albinos sont normaux, la seul différence est leur manque de mélanine. Il faut arrêter de croire que le sang et les cheveux des albinos aient des effets particuliers ou mystiques. Elle aimerait que les albinos eux-mêmes arrêtent de se stigmatiser. Elle monte une association et je vous invite à la soutenir.

Pour finir, je lui demande ce qu’elle aime le plus au monde. Malgré le faite, que maman Keita ne voit pas bien. Elle me dit en souriant : « la lueur dans les yeux du public lorsqu’on est sur scène. »

Leur message : profiter bien de la vie.

 « Unissons-nous. La galère est partout. Il n’y a pas de différence entre un jeune parisien, un jeune japonais ou un jeune sénégalais. Il faut travailler ensemble pour avancer. »

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *