Doline Legrand

Je vais à la rencontre de Doline Legrand, jeune française installée à Dakar, depuis quelques mois. La particularité de Doline : la peinture sur vêtement. Elle me reçoit chez elle, dans une jolie maison aux mamelles. Doline vit en colocation avec Alice qui est styliste, elle possède également une marque de vêtement. A elles deux et avec une autre amie, elles créent « Tiss’Ame».

Doline a monté sa marque ; de peinture sur vêtement ; il y’a 4 ans de ça. « Do» en réalité « Do-ligne » ; la « ligne » est représentée sous forme de ligne, donc elle ne se prononce pas. Elle me montre un peu son travail. Je suis tout de suite surprise par la qualité et l’originalité du travail.  Je découvre vestes, jupes et teeshirt. Tissus unis, matières naturels sont mis en valeur par des visages de femmes africains. Portraits colorés, et d’une grande précision graphique.

L’interview démarre et Doline m’explique un peu son parcours…

Au départ, Doline est peintre. Elle a étudié à la faculté d’art plastique puis au Beaux- Art de Renne. La peinture est venue à elle, comme une évidence. Doline signait ses toiles Do______

Un jour elle décide de faire des teeshirts avec une de ses amies styliste, Aida, une franço-sénégalaise. Ce qui au départ était un «  délire » prend peu à peu un tournant professionnel. C’est le début de sa marque. Elle démarre avec un petit capital (je n’avais pas de capital, c’est en vendant les premières pièces que j’ai pu mettre de l’argent de côté et démarrer, petit à petit) et développe ses créations. Elle expose alors à l’espace Créateur de Chatelet, participe à quelques défilés. Peu à peu elle se diversifie et propose des jupes, des robes, des manteaux et des vestes. « Je dessinais les esquisses des vêtements que je voulais. Puis la styliste modéliste avec laquelle je travaillais, me proposait des vêtements. Ensuite, les couturiers avec lesquelles je bossais me concevaient des séries de vêtements sur lesquelles je peignais. »

En France, elle travaillait en quantité. Mais depuis qu’elle est au Sénégal, elle travaille sur des pièces uniques. (en fait j’ai toujours fait des pièces uniques, c’est la particularité de ma marque, car chaque peinture est différente mais le vêtement « de base » en france est en effet produit en série ce qui est en effet différent au sénégal, où je peux faire coudre pièce par pièce) Comme Doline me le fait comprendre, elle a choisi le Sénégal pour différentes raisons : d’une part ça a boosté sa créativité. Elle peint exclusivement des femmes africaines. Qui plus est, Doline a une approche plus simple. De plus, elle a plus de facilité à trouver ces matières premières, à se diversifier. Le Sénégal était aussi un choix personnel. Doline avait envie de voyager, de découvrir d’autres choses. De sortir de ce climat français ; de ce milieu fermé qu’est le milieu de la mode en France. Elle compte s’installer au Sénégal pour au moins 6 mois, après Doline suivra sa route. Si c’est au Sénégal, elle restera, si c’est ailleurs, elle partira.

« Je ne sais pas où je serais dans deux ans. Je fais les choses petit à petit, je n’aime pas me projeter dans le long terme. Je  prend un peu la vie comme elle vient. »

 

La discussion se poursuit et je lui demande si la différence entre les deux pays ne l’a pas trop déstabilisé. Elle m’explique qu’en France, dans le milieu de la mode, tout est carré. Il y’a des règles qu’on se doit de respecter. Les couturiers respectent le timing qu’on leur donne. A contrario au Sénégal, c’est tous l’inverse. Les choses prennent plus de temps. Cependant Doline en était consciente en arrivant au Sénégal. Elle s’est adaptée au mode de fonctionnement dakarois.

«  Je me sent bien aussi la dedans. J’aime bien mon couturier. Ici, on n’a pas le même rapport affectif. Et on arrive à mettre pas mal de chose en place. »

Doline déplore cependant le manque de matériel chez les couturiers. La production en série est difficile. Pour sa deuxième marque en partenariat avec Alice de « Zenka influence», et une autre amie Tonia « Tiss Ame », cela risque d’être plus difficile. Cette marque propose des accessoires en pagne tissés, tels que des cravates et bien d’autres choses. Cette marque aura besoin d’une production en Série. Les deux créatrices ne savent pas encore comment travailler cela. (je pense qu’il ne faut pas dire cette dernière phrase !lol ! )

 

Pourquoi la femme africaine ?

« Je n’ai pas d’explication… je peins des femmes africaines depuis très jeunes. J’ai toujours eu plein de bouquins sur les ethnies africaines, les bijoux etc. Souvent les gens croient que j’ai vécu en Afrique mais non, c’est comme ça. Je n’ai pas d’explication. »

Doline n’a pas grandi dans un milieu africain. Elle n’était pas prédestinée à peindre ce type de visage. Mais elle aime ça. Elle trouve les femmes africaines très belles. Et on sent bien, une sorte de fascination et d’émotions dans sa peinture. Cela prouve aussi, une grande ouverture d’esprit et une certaine curiosité pour son prochain.

A la base, Doline adore les performances, les expériences un peu loufoques. Doline était plus accès sur le graphisme et les montages. Mais la peinture est venue à elle. Elle crée aussi des objets de décoration. Elle projette (la gamme existe déjà et est vendue en france, je ne l’ai pas encore développée ici )  de crée une gamme d’objet de décoration dans le même style. Doline ne sait pas si les sénégalais seront sensibles à son travail, que ce soit les vêtements ou la décoration. Cependant, elle a envie de tenter l’expérience et d’ouvrir sa clientèle au Sénégal. Car pour l’instant, ses produits sont vendus exclusivement en France.

 

Je vous invite à découvrir son travail.

J’espère pouvoir un jour m’offrir une de ces créations. Je vous invite à faire de même. Encore merci, pour ce moment passés ensemble. Je vous souhaite du courage, et de la ténacité.

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