Hot! Matador

Matador

J’ai découvert cet artiste durant la Grand Nuit Du Slam à l’Institut Français. Il faisait partie des artistes invités par le « Collectif Vendredi Slam ». Matador est un artiste qui a plus de 20 ans de carrière derrière lui. Aujourd’hui je le retrouve à Pikine, au complexe culturel Léopold Sédar Senghor ou il fête la sixième année d’existence de son association Africulturban.  Il me fait visiter leurs locaux et m’accorde quelques minutes pour une interview…

Matador est le nom qu’on donne aux hommes dans les courses de taureaux, ces hommes ayant reçu l’alternative, sont chargés de la mise à mort de l’animal. Matador choisit se nom parce que sa bête noir c’est le système. Il s’est donné comme mission de « tuer » ce système. C’est un lourd fardeau qui pèse sur ces épaules.  L’artiste lutte contre toutes les choses négatives qui naissent du système et qui mettent en mal nos frères et sœurs.

«  Il faut qu’il y’est des gens pour lutter contre ce système. »

Babacar Niang de son vrai nom, a toujours été un artiste engagé. Il fait c’est début dans le groupe BMG44. « Tous ensemble pour une meilleure réflexion. » … (44, en mémoire des tirailleurs sénégalais qui ont fait la guerre pour la liberté et qui se sont fait tuer après avoir rendus service.) Matador est un artiste complet. Rappeur mais aussi Slammeur, l’artiste se définit comme un Hiphoppeur.

         Il rentre dans le mouvement en 1984, grâce à sa passion pour la Danse. En effet, il pratiquait alors le Break Dance. Danseur à l’époque, Matador faisait aussi du Graffiti.

« J’ai connu le Hip Hop, avant d’être rappeur. »

L’artiste a grandi et évolué dans cette culture Hip Hop… En 1994 le groupe BMG44 est né. Ils sortent leur premier album «  Jay Hardcor » en 1998, album qui fait partie aujourd’hui des classiques dans le monde du rap sénégalais. En 2004, ils produisent leur deuxième album « Diokh Meu se Five ». S’en suive de nombreuses tournées dans le monde.

A son retour,  Matador retrouve Dakar sous les inondations. Interpellé par la détresse de toutes ces populations, notamment celles de la banlieue, il décide de faire un concert en soutiens aux familles sinistrées. Mais il veut aller plus loin… Il a un projet en tête : Structurer la culture urbaine dakaroise et aider les jeunes artistes de la banlieue à se professionnaliser. L’artiste démarre les procédures administratives et trouve rapidement un locale, avec le soutiens de la Mairie de Pikine.

Avec son équipe, il y’a de ça six ans, Matador monte Africulturban. Cela n’a pas été facile, le chemin a été mener d’embuche. Matador a voulu ouvrir la culture urbaine sénégalaise à l’Afrique d’où le nom du centre Africulturban.

« Parce que j’avais déjà compris que le hip hop commençait à se mélanger avec la culture de la rue.»

En France, le nom culture urbaine apparait. Matador veut faire connaitre cette culture et la développer au Sénégal. Durant ces voyages Matador a travaillé avec la fondation Jack Goethe à Bruxelles. Le constat est évidant, on ne peut dissocier le Hip Hop de la culture Urbaine.

L’équipe propose dès lors des activités d’expressions artistiques aux jeunes de Pikine. L’équipe se professionnalise peu à peu par des formations et des stages… Aujourd’hui cette équipe encadre de nouveaux jeunes artistes en devenir. On ne peut que saluer ce genre d’initiative. Matador montre l’exemple à de nombreux jeunes et artistes. Il a choisi de rentrer et de mettre son talent et son expérience aux services de ces jeunes. «  Au moment où des jeunes prennent les pirogue, d’autres qui se conscientisent. » Les membres de l’association ont voyagés, mais ils sont revenus et on investit ici.

«  La réussite c’est pas d’avoir de l’argent ou d’être beau, la réussite c’est de accompagner ces projets et les mener à terme. »

Africulturban emploient plus de 150 personnes et nourries de nombreuses personnes. La HIP HOP ACADEMY, est un des projets que Matador et son équipe viennent de mener à bien. Aujourd’hui, pour les Six ans d’anniversaire, la structure inaugure la HIP HOP ACADEMY, avec différentes formations liés de près aux métiers découlant de l’industrie du HIP HOP. Formations qui existent depuis plus de 2 ans.

La structure Africulturban organise d’autres évènements culturels. Mais elle fait aussi des missions dans la cité. Nettoiement des rues, embellissements de la ville etc… Matador est inquiet pour l’environnement et il se mobilise pour la préservation de nos lieux de vie. Le Hip Hop au service de la rue.

Ce genre de structure permet également à de nombreux jeunes sans moyens d’apprendre à manipuler des machines hors de portées. La Structure connait actuellement 1 millier de membres.  La majeur partie des artistes ont une profession en dehors de leur passion. Leur métier ont étés mis aux services de la structure pour être monté, rénover et entretenue.

La discussion se poursuit autour ses projets créatifs….

 Matador prépare son 2ième album : Tchoki Faim… Après 7 ans de travail. Il devrait sortir après les élections. Matador est un mc et un slammeur de talent. Il parle de Faim parque que selon lui, l’homme est toujours en quête de quelques choses. Cet album de rap contraindra quelques textes de slam. Matador fait du slam depuis 2000. La Kabal est la premier slammeur qu’il a vu et rencontré.

Le slam, selon Matador est une expression. Pour l’artiste ça dépasse le texte poétique. «  C’est une autre dimension hyper grave. » Il ne suffit pas d’écrire de connaitre son texte et de le dire. Il y’a une dimension qu’il faut atteindre. « En quelques minutes… tu voyages… tu n’es plus rien. C’est ça le slam. » Dépasser un certain état pour rentrer dans de l’expression pure, une transe ou les mots prennent le dessus. L’artiste est dans un certain état d’esprit quand il monte sur scène… c’est une autre personne qui est là devant nous.

« C’est parce que j’aime ce que je fais… Je pleure des fois. J’extériorise ce que j’ai en moi. Je ne saurais dire si je me sens plus rappeur que slammeur. Tout ça c’est moi. »

Le rapport au public est aussi très important pour l’artiste. La voie, la musique jouent avec le public. Chaque spectacle est différent. Chaque public est différent.  « Quand tu as devant toi des gens qui ne comprennent pas ta langue…. Tu es obligé de leur transmettre une émotion. »

Son message de fin :

« Croyez en vous. On peut partir de rien et créer quelques choses. C’est comme ça, qu’on arrivera à développer le pays. Ne pas attendre les autres. Il faut que les gens comprennent que pour changer l’Afrique, il faut que les jeunes prennent leur responsabilité, et leur destin en main. L’heure est grave et le temps file. On doit plus se souciés de nous, jeunes Africains… Il faut que ça change et qu’il y’est une rupture totale. L’Afrique ne doit plus rater les rendez-vous des nations.»

 

 

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