Hot! Wakh Art rencontre Youssoupha

Youssoupha

J’ai découvert Youssoupha, il y’a quelques mois de çà. La boite à Idée, à l’époque, vibrait journée après journée, sur les titres de Noir Désir, son dernier album. Je nous revois encore, écouter, analyser, morceaux après morceaux, cet album, plein de surprises. Noir Désir, fraîchement sortie, avait cartonné. Les amateurs de Hiphop français s’étaient rués dessus. Tous le monde en parler…

Le Samedi 02 Février, le lyriciste bantou, comme on le surnomme, était en concert à Dakar à la B.D.M (Biscuiterie de Médina).  Superbe concert, je dois dire! Il y avait en première partie, différents artistes de la scène locale. Joe, jeune artiste de la scène hiphop sénégalaise. Vous avez du le voir quelques fois au Balajo, la scène de concert, au Point E. Il y avait également des artistes plus connus, comme Degue Tee, membre de P.B.S. Vers vingt-trois heures, Youssoupha monta sur scène, devant des centaines de personnes, déplacées pour l’évènement. Le concert se déroula dans l’euphorie, les cris et la joie d’être là…

Le lundi suivant, je suis allée à la rencontre de Youssoupha. Arrivée à 14h30 au King Fahd Palace, ancien Méridien Président ou j’avais rendez vous, je descendis de mon taxi un peu tendu…  Je dois avouer, avoir été un peu stressé.  J’essayais de contenir, l’inconditionnel fan, qui résidait en moi. Dans le hall, j’attendais patiemment, une cigarette au bec. L’équipe était là ! Tout le monde, sauf Youssoupha ! Je saluais tous le monde. Après avoir interviewé Zifou, un jeune rappeur  signé chez Bomayé Music. Youssoupha se présenta à moi.  Identique à l’idée que je m’étais faite de lui, Youssoupha me salua poliment et s’excusa de son retard.

Assis à l’écart, nous commençâmes l’interview.

Qui es-tu ? Peux-tu te présenter en quelques mots ?

«  Je m’appel Youssoupha, je suis rappeur.  Je suis né au Congo, à Kinshasa, d’un papa congolais, d’une mère sénégalaise. J’habite en France depuis déjà plusieurs années, j’y suis venu, pour faire mes études. C’est en France que j’ai découvert le rap. C’était d’abord une passion et après mes études c’est devenu mon métier. Aujourd’hui, j’en suis à mon troisième album, Noir Désir, avec la tournée qui va avec, qui m’amène justement dans le volet africain de cette tournée.  Cette tournée m’amène aujourd’hui à Dakar,  ou il y’a  deux jours, nous avons  fait un concert. »

Est-ce que tu peux me donner tes impressions sur la soirée ?

«  Excellente ! Je donne souvent mes impressions sur Twitter, après les concerts. Et la dernière fois, j’ai dis… En faite, j’étais trop dedans pour euh… je ne trouvais pas… Donc je retwettais ce que les gens en disaient… Ils avaient l’air très heureux, mais pour moi, c’était une soirée excellente ! Les gens m’ont surpris.

Quand le publique a su qu’on faisait le Geste Tour Africain, qu’on allait à Abidjan, Cotonou etc, ils m’ont dis, qu’ils voulaient me voir à Dakar. « On veut vraiment que tu viennes à Dakar » Mais à ce point d’enthousiasme, c’était un truc dingue! Une heure et  quart, de show. Ca a été grandiose ! Je suis obligé de revenir…  Ca a été un très très grand moment. Dakar a été pire qu’à la hauteur de sa réputation, de ce qu’ils m’avaient promis. Je me demande même si ca ne va pas être, l’un des meilleurs concerts de la tournée. Faut qu’on en parle avec ‘équipe. C’était vraiment un truc de dingue.

 

Mais c’était le premier.

« C’était le premier, mais ce n’est pas la première fois que je viens au Sénégal, parce que j’y ai de la famille.  C’était le premier concert Youssoupha à Dakar. Donc y’avait cet effet de surprise là. Mais vraiment c’était quelque chose de dingue, qu’il faut que je revienne. J’ai eu du mal à m’en remettre.  C’est vraiment la musique dans ce qu’elle a de plus gagnant gagnant. Le publique avait l’air survolté. Et moi, j’étais comme un fou. »

Tu parlais d’un concert à Gorée, est ce que ca va se faire ?

«  J’aimerais que ca se fasse. J’en ais pas, pour l’instant les moyens logistiques, parce que je ne sais pas vraiment, ce qu’il en ait. Je sais déjà, que techniquement, il s’y passe des concerts. Mais c’est essentiellement des concerts de reggae, no? Et Puis, il y’a toujours eu cette ambiguïté la. Parce que, c’est un lieu historique. Mais je vais essayer de me renseigner. Ca serait énorme. Je vais voir… mais j’y tiens. Mais comment t’es au courant de ca ? »

Rire. C’est la vision qu’on a eu avec Moulaye, un ami artiste. Et bizarrement quelques jours après, tu avais twitté ton envie de faire un concert à Gorée.

« Tant qu’il y’a de la vie, y’a de la l’espoir. J’en rêve ! Il y a des petits désirs personnels. Mais après logistiquement faut que ca soit viable… le but ce n’est pas de faire, mon petit caprice, en me disant, si je ne chante pas à Gorée, je ne chante pas ! Regarde, on a fait le premier concert à Dakar, et ca c’est bien passée. Après, si on s’en donne les moyens, peu être un concert à Gorée. Pour moi, se serait quelque chose de marquant. »

Quand tu dis, « Sénégal Business », aurais tu des projets en cours ?

«  Sénégal business, en faite c’est un délire avec un artiste de mon label. Il s’appelle Sam’s, il est sénégalais, et moi à moitié. Quand on a des connections, pour rigoler, on dit que notre groupe, un peu virtuel c’est Sénégal business.

Je n’ai pas de projet en affaire au Sénégal, par contre j’ai quelques projets en affaire au Congo. J’ai aussi un projet caritatif, en faveur de l’éducation. Mon prochain, projet au Sénégal, ce sera, un projet culturel, c’est ce fameux concert à Gorée. Sinon je reviendrais mais pour voir la famille. »

Comment tu vois ton avenir dans la musique ? Est ce que tu te projettes ? Ou est ce que tu te vois dans les dix prochaines années ?

« Oui j’ai des perspectives… Je sais au moins c’est quoi l‘ambition que j’ai…  J’ai envie d’être un promoteur pour les cultures qui me représentent. La culture Africaine, en tous cas d’Afrique noir, la culture Hiphop et la culture qu’à pu apporter les immigrés en France. Je fais partie des gens qui pensent, qu’il n’y a pas de complexes à avoir à ce niveau là. Je veux porter le truc haut mais avec nos couleurs, tu vois ?

Par exemple, Les disques de mon père, un single de l’album, qui tourne bien en France. C’est une des choses dont je suis le plus fière. Sur Noir Désir, il s’est passé de très belles choses, mais un des grands moments, c’est ce morceau qui passe à la radio française. Parce que c’est un titre rétro de Rumba congolaise, mélangé avec du Hiphop. Cette promotion culturelle là, c’est mon combat !

Après, ca passe aussi par une stratégie de label. Parce que j’ai un label, BomayéMusik avec des artistes, mais aussi part les concerts… Comme je suis un artiste indépendant, il faut que business-ment parlant, je réussisse. Qu’on le veuille ou pas l’argent, reste quand même le nerf de la guerre, si on veut se donner les moyens de promouvoir nos idées, nos initiatives créatifs. C’est réussir un peu tous çà… Mais le but final c’est la promotion culturelle. 

Est ce que tu envisages d’écrire un livre ?

« Pour l’instant l’envie n’est pas là. Je sais juste qu’il y’a beaucoup de choses qui se passent dans ma vie, qui peuvent être intéressantes pour d’autres. Notamment, par rapport à la manière dans on a réalisé les choses sur Noir Désir. Avec un ami journaliste, on veut écrire un livre d’entretient, pour avoir un rapport de ce qu’on fait. Parce qu’on le néglige souvent, mais la trace historique, la trace littéraire c’est important. Y’a toujours des gens a qui ça serre. Je lis des livres de Quincy Jones, ou Docteur Dre… Je ne parle même pas des auteurs et des écrivains… Ça m’a laissé des traces, qui m’ont inspirées dans mon parcours de vie. Ce qu’on a réussis, çà peut inspirer d’autres personnes. »

Quant tu rentres en studio, quel est ton attitude ?

«  Quand, je rentre en studio, j’ai déjà bossé le texte en amont. J’ai une idée un peu fantasque de ce que doit être le son. J’imagine la sensation que ça doit me procurer sur scène et de ce que ça doit procurer au publique. Je fantasme le morceau. Ça va être un morceau pour ça ! J’ai envie que ça donne des émotions, que ça fasse rire, que ça choque, que ça bouscule, que çà fasse pleurer. Peu importe l’émotion, mais que cela ne laisse pas insensible. J’ai envie que çà te fasse bouger la tête ! Voilà. J’essaye de trouver mon objectif. Après des fois, je passe à coter. Dans ce cas là, je ne le mets pas sur le disque. »

Quels ont été les moments les plus marquants de ta carrière ?

« Une réponse un peu carriériste… L’Olympia. Parce que mon papa avait fait l’Olympia, parce qu’il a été le premier artiste, d’Afrique Noir a monté sur scène. J’ai eu la chance de monter, à mon tour sur cette scène, qui est représente quand même institution culturelle en France. C’était un rêve, je l’ai réalisé. Après ça, il a fallu se trouver de nouveaux rêves. Mais ça, j’en étais super content. Et puis c’était le jour ou on m’a remis mon premier Disque d’Or, et ça avait une symbolique forte par rapport à mon label.

Mais voilà, j’ai des moments qui m’ont marqué, comme la naissance de mon petit garçon. Dans le tournant de ma carrière, son arrivé a eu un impacte sur ma manière de travailler, sur mes ambitions. Je pense que j’ai vu les choses plus grandes à partir de ce moment.

Et puis il y’a des rencontres, mon producteur, Filo, qui est plus âgé que moi. Aujourd’hui, j’ai trente trois ans et il me produit depuis que j’en ai dix sept.  On est plus que des frères ! A l’époque même quand il n’y avait pas grands choses, il était là. Lui, il y a toujours cru, même quand je me disais qu’il perdait son temps. Il m’a toujours soutenu.

Y’a un moment que j’attends de vivre… Mon premier concert à Kinshasa. C’est ma ville, l’endroit ou je suis né ou j’ai grandi. C’est un concert que je veux réussir. Y’a une forte demande, mais je veux faire les choses bien. Donc, j’attends…  Même si, j’ai vécu déjà beaucoup de choses, il me reste encore des choses à vivre… »

Pour finir, j’aimerais avoir ton opinion, sur ce qui se passe dans le milieu Hip-hop Français Booba vs Lafouine. Sans rentrée dans de grandes polémiques, j’aimerais savoir ce que t’en penses.

« J’allais utiliser le mots de cours de récréation !  Je suis… je trouve ca… Pathétique, en tous cas, je trouve ca, pas terrible. Qu’on se comprenne bien, je ne suis pas contre l’idée d’avoir une concurrence ou une compétition. Ce n’est pas le pays des bisounours ! On peut avoir des désaccords et des conflits. Je suis pour, que dans ce cas là, on s’envoie des missiles et qu’on en sorte avec de la qualité. Parce que mine de rien, ça à mis une pression… la pression de la qualité, moi j’y crois.

Dans le Hiphop, y’a toujours eu une concurrence. Les battles de dance, les mc’s etc… Mais, dans ce cas, il faut tirer ces arts vers le haut. Je suis un fana de box, donc je ne peux pas dire, que je n’aime pas la confrontation. On combat mais c’est beau, on tire le truc vers le haut. Même si ca se rentre dedans. Et là, je ne trouve pas, que ce qui en ressort soit de qualité. J’ai plutôt l’impression que ca pique vers le bas… »

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