Hot! Massamba Gueye

Massamba Gueye

J’ai découvert Massamba Gueye, il y’a quelque temps de çà… Je cherchais alors un conteur pour une prestation au cœur de la Boite à Idée, dans le cadre de l’anniversaire des deux ans de Wakh Art.

Minuss (le slameur) nous mis en rapport… Après avoir échangé par téléphone,  j’obtenu un rendez vous. Quelques jours plus tard, Massamba pris le temps de me retrouver à la Gueule Tapée. Après une rapide visite des lieux, j’invitais l’artiste à s’installer dans la pièce principale de la maison, le salon. Nous débutâmes l’interview…

 

 

Massamba Gueye est Professeur de Français de formation. Il a publié à ce jour six livres de contes et théâtres; il est également Chercheur Universitaire au laboratoire des Etudes Africaines. Massamba est aussi Docteur en Lettre, spécialiste de la Littérature Orale à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Le professeur, a fait son doctorat sur la comparaison entre contes traditionnelles et contes modernes.

« En même temps, je suis conteur professionnel. Je joue mes propres contes mais aussi des contes traditionnels. J’anime une émission de radio Contes et Légendes depuis 2000 sur la Radio Sénégalaise International. Je conçois également des émissions de télévision et je suis membre du Conseil d’Administration du nouveau BSDA. J’ai été nommé pour superviser, tous ce qui est Art Dramatique… »

Que de flèches à son arc ! Je suis impressionnée par ce background. Mr Massamba Gueye est devenu un expert des traditions orales…  Massamba a grandit dans un espace rurale, à Korki, dans la région de Louga. Son père était infirmier, chef de poste. C’est à Korki, durant son enfance, que Massamba découvre le théâtre. Parti à Louga pour  son secondaire, Massamba Gueye participe très vite aux « cérémonies nocturnes »… à l’Université, Massamba se dirige vers la littérature orale par frustration.

«  Un jour, on nous a donné un texte sur l’histoire de la société wolof. A la fin du texte, le professeur avait écrit : Pour la suite, contacter La famille de Leyti Guissé… Leyti était le père de ma mère.  Surpris, je me dis, on ne peut pas connaitre le monde, sans connaitre son village. C’est pourquoi, étant donné que je suis un héritier de cette culture orale.. Je dois me spécialiser dans cela, afin qu’elle perdure à travers les générations… »

Poser la question du Conte, c’est se demander, qui sommes-nous ? Massamba Gueye me rappel, que tous  les peuples ont des contes. Le Conte Africain à la différence du Conte Occidental,  a échappé à la tyrannie de l’occident contre la leçon de morale et contre la religion… L’Afrique c’est entêté pour maintenir cet aspect moralisateur… Selon Massamba, il n’aura jamais un seul conte africain, sans morale. Pour, l’artiste, le conte, c’est l’école de la vie.

« Avant on avait un espace social, une architecture de nos maisons ou tous le monde pouvait se retrouver. Aujourd’hui, avec l’urbanisation, c’est la loi du 10*15.  10 ou 15 m2. Alors qu’au village, on a du 300-400 m2. En ville, le seul espace ou tous le monde peut se retrouver c’est le salon. Mais dans les salons de nos jours, le seul qui règne en maitre, c’est la télévision. »

Selon le professeur Gueye, on n’a plus d’espace de transmission. Le Conte a été relayé à Art du spectacle. Alors qu’avant c’était un art sociale. Chacun pouvait contait. Le Conte est le seul art oral démocratique. Aujourd’hui, le conte africain, n’est plus utiliser dans la formation des personnes. Il est utilisé à l’école comme littérature. On ne retrouve plus le Conte, dans sa fonction première.  Heureusement qu’il y’a le Conte Spectacle ajoute Massamba. C’est la seul façon de faire perdurer ce genre littéraire.

Pour l’homme de Lettre, l’occident, dans le passé, a volontairement effacé la conscience collective africaine. Leur idée était d’amener les jeunes dans les écoles, et d’en faire des Noix de Coco. Noir à l’extérieur et blanc à l’intérieur.  Les premiers intellectuels avaient honte de leur culture… Francis Bébé et Birago Diop sont les seuls écrivains reconnus sur le plan international dans le domaine du Conte…

« Les intellectuels ont volontairement écrasé la Culture Africaine. Ils sont ni bon blanc, ni de mauvais noir. Aujourd’hui, le message qu’il faut transmettre, comme disait Senghor, c’est: « nous aimons le monde, pour nous la culture c’est l’universalité. Respectons les contes israéliens, respectons les contes africains. Et tirons d’eux les enseignements. »

Samba fils de voleur et petit fils de menteur ; est le conte qui l’a le plus marqué. Ce conte Peulh lui a été donné il y’a des années de çà par un de ses élèves. Dix jours plus tard, l’élève est décédé. Massamba Gueye a gardé ce conte en mémoire et c’est ce même conte que Massamba présente aujourd’hui durant ses spectacles. On dit que les jeunes africains ne s’intéresse pas à leur culture mais Massamba n’est pas d’accord, et ce conte le lui rappel tous les jours…

«Durant mes spectacles je vois cet élève de quatorze ans qui me dit :  » Transmet tout avant de mourir, parce que je suis ton élève et que je suis mort.. » C’est vraiment un conte qui me touche particulièrement. »

Massamba Gueye était invité par l’institut français à Praia, au Cap Vert ; pour présenter son spectacle dans le cadre des journées de la Francophonie.  Son spectacle est toujours accompagné par des ateliers. Massamba ne veut plus faire de spectacle, sans proposer une formation dans le même temps. Il faut que le métier de conteur perdure.

Le professeur vient de finir les travaux de son nouveau projet. La Maison de l’Oralité et du Patrimoine, située à Keur Massar, la zone de ruralité la plus proche du Centre Ville. A 15 minutes à peine de Dakar. La Maison de l’Oralité et du Patrimoine, est un espace pour les artistes issus des métiers de l’oralité, slameurs, chanteurs, conteurs sont donc les bienvenues. Le professeur a également construit un espace de résidence. La Maison porte le nom de Leyti Guissé en hommage à son grand père. Elle est ouverte à l’oralité moderne et traditionnelle. Massamba Gueye a construit cet espace, grâce à ses cachets d’artiste. Il ne voulait ni subvention étatique, ni subvention étrangère. L’espace sera inauguré au mois de Mai.

 «  Pour moi c’est le lieu ou les artistes doivent se retrouver… C’est un espace de résidence, un espace de réflexion, et une case à palabre… »

Les artistes doivent inquiéter, réveiller et dénoncer… Nous avons l’obligation de poser les bonnes questions.  « Faire avancer l’humanité, dans l’humanité.» Ajoute le Professeur. Dieu a crée le monde par le verbe.  Ce qui nous vient des autres, il faut savoir comment le consommer et comment l’adapter à nos cultures. Il faut apprendre à gérer notre patrimoine. On déjà est perdu économiquement parlant…  On gère notre pays, en fonction de choses qui ne sont pas essentiels. Seule La culture nous aidera à tendre vers un développement durable…

La démocratie existe dans le conte depuis des centaines d’années. Bouki a dit : « Ce que dis, la majorité doit être respectée et le monde doit s’y plier. » La structure de la décision de groupe exister bien avant la démocratie telle que l’occident la propose. Mais personne ne tire de leçons des enseignements…

Nous devons redescendre sur terre et comprendre que si on a la chance d’être français,  c’est une chance, mais il faut transformer cette chance en opportunité en allant à la rencontrer des asiatiques, des indiens, des noirs. « Si on est noir, on doit s’accepter comme tels puis on s’ouvrir aux autres. On ne peut pas fonctionner par effacement. »

Son mot de la fin : « Bon courage !  Il faut être courageux, pour oser l’aventure et dire j’aime la culture. Il faut être courageux pour innover aujourd’hui en Afrique. Je vous souhaite une bonne chance… »

C’est sur ces mots d’encouragements et d’espoirs de changements que cet article prendre fin.

Retrouver Massamba sur Facebook et Youtube

https://www.facebook.com/massambag

http://www.tv5.org/TV5Site/webtv/video-5258-Massamba-Gueye-Senegal.htm

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *