Hot! Mame Diarra Niang

Mame Diarra Niang

 

J’ai découvert Mama Diarra, via une photographie de Victor Omar Diop. Je dois dire que c’est le cliché de Victor qui m’a poussé à m’interroger sur le métier de Mame Diarra. Connaissant le travail de Victor et en découvrant le portrait de la belle, je me disais bien que cette femme devait être une créatrice. C’est quelques semaines plus tard, après avoir fait des recherches plus aboutis, que je contactais la jeune métisse et lui que je lui proposais une interview pour la plateforme culturelle.

 

 

A la question qui es-tu et comment te définis-tu, Mame Diarra Niang me répond :

« Mame Diarra, 31 ans, métisse Franco-Ivoiro-Sénégalaise. Je ne me définis pas  pour l’instant, car je n’évolue que dans des états transitoires, comme une artiste, s’interrogeant sur la plasticité des paysages modernes. Je travaille sur cette problématique du territoire depuis plus de trois ans mais je vis de la photographie de puis six  ou sept ans. »

Par plasticité des paysages modernes, qu’entends-tu?

« Ce sont les nouveaux mobiliers urbains (à l’abandon). Ils sont assez significatifs d’une greffe qui a du mal à prendre comme un corps étranger, d’une nouvelle identité. Une recherche d’être et voir presque d’un abandon de soi … Mes photos se passent beaucoup sur la ligne d’horizon et ce qui  s’y construit. Comme je te le disais, la notion de territoire est assez récurrente dans mon travail, le sable, la brique intervient très souvent dans mon travail. La construction, la déconstruction, la ruine et l’abandon sont a eux tous dans mon discours. »

Et pourquoi utiliser dans cette quête le médium de la photographie?

« Sahel Gris ma dernière exposition était sur le cadre de l’expansion, la fuite vers un model occidental qui à déjà prouvé in situ en « Europe » que l’individualisme ne marchait pas et en même temps montrait un désir de se fixer dans le territoire. La symbolique de la brique faite du sable du territoire est super forte. Moi je suis fascinée par cette plasticité du territoire. Le territoire a une forme plastique dans la sens de la plasticité dans l’art.»

 

http://www.mamediarraniang.com/#!sahel-gris/cbba

 

Intéressant je l’admets et pourquoi avoir décidé de te lancer là dedans?

« Je me suis pas lancée, je suis tout cela… Je crois que je me construits en même temps que ma pensée et ma vision … Je suis en perpétuelle création, dans toutes mes errances, toutes mes itinérances. Je construits déconstruits ma vision mon travail.

Je me radicalise … et puis je me calme. »

Quel avenir voit toi pour ton art? As-tu des projets pour 2014?

« Je pense que je vais encore plus explorer l’installation dans mon travail. L’expérience …

Faire des objets qui n’ont de valeur que l’expérience … J’ai envie de faire ca pour la biennale de Dakar et puis bon faut dire aussi que je fais de la vidéo. Je pense que c’est important de s’interroger dans l’art.

Je ne serais pas dans le In, Je ne voulais pas que l’on présente des œuvres existantes. J’avais plutôt envie de me challenger. Je serai chez Aissa Dione, dans le cadre d’un Off…

Je ne peux pas te dire ce que je filme en ce moment (projet secret en cours).

Mais dès que ca sera près, je pourrais te montrer. Je suis justement rentrée en France pour ça. Retrouver mon équipe de création … philosophe et historien de l’art, pour avancer, c’est très difficile pour moi de rester trop longtemps au Sénégal. »

 

Si je comprends. C’est super… et ou peux ton te retrouver? Et découvrir ton travail?

« Ben justement tout cela est en création, les nouvelles formes (installation performative et video.) Sinon on a pu voir mon travail a l’institut français en octobre pour mon expo  » sahel gris » et en mai dans l’exposition collective, Piéton de Dakar ou pour le parcours pour Ker Thiossane. »

Que penses-tu de la culture au Sénégal? As-tu des coups de cœur pour certaines dynamiques ou certains artistes?

« Je ne sais pas si j’ai un angle suffisamment large pour parler de la culture sénégalaise en général étant beaucoup plus empreinte du bouillonnement culturel européen pour être honnête. Disons que la route va être longue pour parvenir à ce niveau de réflexion, d’analyse que beaucoup d’artistes ont ailleurs…

Je me demande souvent si l’on se pose de bonne question sur la place que l’on doit avoir dans la société et la mission que l’on a de l’interroger en général. Il est difficile et douloureux de trouver sa propre identité artistique, de créer une expression authentique et intègre, excluant la copie d’artistes existant (il est bien connu que tout a déjà été fait depuis très longtemps et la copie exclue la création.) Ce sont des actes, pensées, points de vues et formes créatives d’artistes qui doivent nous inspirer et qui peuvent être réinterroger.

Être artiste c’est être philosophe c’est de constamment poser des questions mais nous ne sommes pas là pour apporter des réponses. Il me semble important de construire sur cette matière d’inspiration apportée par des artistes et d’y apporter un complément, un autre point de vue, tout est une question de point de vue et de la manière dont tu regardes « TON » monde où comment tu restitues ta vision de lui.

A Dakar, sans vouloir tirer sur une ambulance, beaucoup d’artistes dont j’ai pu découvrir le travail ne se challenge pas dans le bon sens et ca je pense que ce n’est pas forcement de leur responsabilité en tout cas pas entièrement. »

 

http://www.mamediarraniang.com/#!thiaroye-obscura/ck0q

 

Ou vois-tu le Sénégal dans 10 ans?

« Nous manquons de galeries d’arts, de centres d’arts, de cours sur l’histoire de l’art, des philosophes en arts, de bons critiques, de bons journalistes culturelles, qui entretiennent la conversation, la correspondance entres tous les acteurs, Oui nous manquons d’échanges et de dialogues ! Il y a toujours eu des supers bonnes initiatives (biennale, parcours …) mais toujours freinées par l’inaccessibilité a l’art presque à son manque de vulgarisation et c’est l’état que l’on doit interroger dans cette faillite.

Nous ne pouvons pas toujours compter sur les particuliers, les structures privées et plus grave encore « l’institut français  » ou autres organismes pour révéler nos artistes sénégalais bien qu’à date ce soit un passage obligé pour pouvoir s’exprimer pleinement et avec les meilleurs moyens . Alors tu vois, je ne sais pas vraiment comment sera le Sénégal dans 10 ans, j’espère juste qu’il écoutera la dynamique qui se met en place, qu’il suivra aussi se courant d’air moderne qui souffle…

J’espère que les artistes seront de plus en plus dans la transgressions des codes, des règles, de l’ordre donné et établi, du conservatisme religieux qui pour moi n’a absolument rien à faire dans l’art si ce n’est si on arrive à le transgresser. J’espère que l’art sera dans la résistance, dans de la critique constructive, dans l’innovation ! J’espère que l’on pourra montrer un morceau de fesses sans que tout le monde cri au scandale, que des artistes de tous lieux, genres, cultures et sexualité pourront venir sans avoir peur d’être censurés ou enfermés!!! Parce qu’au risque de choquer tout le monde certaine conversation ici me donne l’impression d’être a Téhéran ou a Moscow. L’art ne doit pas se planquer derrière des préjugés sinon c’est une forme de propagande.

Donc si le Sénégal relève ces défis, il sera au Top de l’Afrique de l’ouest dans 10 ans , sinon et bien nos artistes seront encore et toujours des artistes de la diaspora .

Je n’y suis pas encore mais je ne me projette pas aussi loin, je me laisse bousculer par la vie , j’aime absolument être surprise par elle et les rencontres… mais c’est ce que je suis aujourd’hui qui m’amènera quelque part il est certain !

 

 

Si tu étais une couleur, laquelle serais-tu? Et pk? Une matière?

« Si j’étais une couleur, ben j’en serai aucune ou la somme de toutes. Je suis déjà une matière comme tous d’ailleurs et je suis de l’eau.

Ah oui c’est vrai je n’ai pas parlé des artistes que j’aimais beaucoup je suis une fan du travail Sérigne Mbaye Camara et de Cheikh Ndiaye j’aime vraiment beaucoup leur peinture respective … j’en manque pleins c’est sure mais on me demande souvent quels sont mes photographes préférés mais je préfère davantage la peintre Sénégalais pour être sincère. »

 

http://www.mamediarraniang.com

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